Les Jeunes Travailleurs Ont Raison

Publié le 09 juin 2022 par Hunterjones
J'ai lu un article assez formidable cette semaine.  Posant la question suivante : Et si c'était les jeunes qui avait raison ? et exposant comment les générations Y et Z, qui sembleraient être mes 2 enfants, ce qui fait peu de sens*, affrontent l'actuel marché du travail.

Mais surtout, comme ils le bouleversent. Je dis que l'article est formidable parce que non seulement il présente par plusieurs exemples la vision des visées de travailleurs de ces générations, mais c'est aussi ce dont j'étais témoin depuis plus de 5-6 ans. Et surtout. avant-gardiste à la Bowie, j'ai lu exactement ma vision du travail depuis toujours. 

Ne pas vivre pour travailler, mais travailler pour vivre. Et pas n'importe comment, à n'importe quel prix, et n'importe où. Je suis de la génération X, celle dont le train a frappé le mur saturé d'un marché du travail pas encore complètement éteint. Regardez nos dirigeants! Je ne peux pas en vouloir complètement aux boomers qui nous ont précédé. Nos mères avaient absolument le droit de travailler aussi. Même si parfois c'était au même moment où nous étions assez grands pour le faire aussi. Fallait juste être meilleur et se rendre indispensable.

Suis multimilionnaire, tu peux me laisser au metro en partant ?

J'ai d'ailleurs été assez habile à me rendre indispensable là où je suis passé, en général. À un poste de quêteux près. En effet, avant les enfants, avant même les téléphones cellulaires, je m'étais décroché un poste de "représentant de marque" un peu trop facilement. Je ne me rappelle aucunement de l'entrevue, simplement que dès le lendemain je devais porter veston et tenue propre et me présenter au bureau. Ce que je fis pour une rencontre avec plusieurs autres mâles qui étaient tous aussi ridicules que moi, en plein été, veston et tenue de témoins de vendeurs de vendeurs de foi. On serait vendeurs, en effet, ittinérant. De porte en porte. Sur la Rive-Sud de Montréal.  J'ai très vite compris que j'étais dans la gadoue. On nous as amené "un rapide millionnaire à faire ce que l'on fait", en allant le chercher...à la station de métro...L'orchestre sonnait vite faux. J'allais passer la journée avec deux "plus expérimentés" à tenter de vendre des cartes de restaurant Chi-Chi's de porte en porte, à Ste-Julie, de 10 heures le matin à 19 heures 30 le soir. Leur disant très vite, que je leur donnait une journée, que je vendrais toutes mes cartes et que je ne voudrais plus jamais faire cela, ever. Nous n'avions pas 25 ans. Mon diplôme en cinéma, ne m'avait pas préparé à ça. J'ai pas vendu toutes mes cartes, il m'en restait une. Et c'est justement en fin de soirée que je sonnais quelque part, qu'une dame au regard si triste, là où je pensais qu'il n'y aurait personne tellement c'était sombre, m'a ouvert. Je n'ai pas été en mesure de lui dire autre chose que "désolé de vous avoir dérangée, je me suis trompé d'endroit". Je mesurais, en un seul regard l'intrusion que je venais créer dans l'intimité de gens chez eux, sans savoir tout ce que ces gens trainaient comme bagages, comme journées, comme peines, en eux. J'étais tellement maringouin. C'est là que je suis allé voir les deux autres pour leur dire, "O.K. fuck it! Pour moi c'est fini". Ce qu'ils avaient refusé d'entendre. J'étais leur otage, mon auto était au bureau, à Montréal (un local de marde pour des millionnaires). Celui qui avait calqué son style sur un douchebag de la série télé des années 80 Beverly Hills 9202546011, m'avait alors pris sous son aile et m'avait dit qu'on irait à la prochaine maison, ensemble, pour me montrer comment vendre sa dernière carte. 

Arrivé devant la porte, il a sonné, nous étions deux devant l'homme tendu qu'on dérangeait visiblement et qui tenait à ce qu'on s'explique assez rapidement, d'un seul regard, fusillant. 

"Bonjour, qui pensez -vous que nous sommes?" a été la terrible approche de Steve Sanders à mes côtés. 

Le gars a répondu du tact-au-tact en roulant ses "r" : "Vous m'avez l'air de deux osties de pedlers, qu'est-ce que vous voulez me vendre ?".

J'ai éclaté de rire au ton et au mot "pedler". Ça a incommodé Steve Sanders qui a dit, pontifical:

"On ne vend rien, monsieur, on propose..." sur quoi il avait fermé la porte avec aplomb et nous étions retourné, manu militari à la voiture. Sanders, vaincu et rouge de honte, et moi presque libre. C'est du moins ce que je croyais. Revenu je leur avait dit qu'ils ne me reverraient plus jamais, que c'était pas du tout pour moi. Propos que quelques lavés du cerveau allaient répéter sur toutes sortes de ton, pour me narguer, je présumes, ou pour tenter de faire un peu de cynisme en m'imitant (si mal). On m'avait encerclé pour m'intimider, on me bloquait la porte de sortie. On prétendait que j'avais vendu toutes mes cartes (not) que j'étais déjà, si bon. C'était du vrai refus de non consentement comme trop de Femmes le subissent encore.  On a tenté de me convaincre de rester de toutes les manières possibles. Quand je me suis levé pour partir on m'a proposé de m'asseoir dans la chaise "du boss", ce que j'ai fait pour les faire taire. Ils ont dit que ça m'allait bien. Qu'il fallait boire le kool-aid. J'avais finalement fui vers 21h30-22h. Eux me criant qu'ils ne me lâcheraient pas. Moi qui leur riait au nez. 

J'étais arrêté à une cabine téléphonique (pré-téléphone portatif, je vous dis) pour appeler la belle (la même aujourd'hui) qui avait des raisons de s'inquiéter de ma si longue absence sans nouvelles depuis si tôt le matin. Le lendemain matin, on m'appelait chez moi et cette fois c'est moi qui menaçait.

"Si vous entrez encore en contact avec moi, je vous dénonce aux autorités légales, christ de compagnie à numéro!" Ils n'ont plus jamais appelé. 

Pas n'importe quoi, n'importe comment le travail. Je ne représentait que la solicitation. 

Je me suis largement égaré pour vous dire que toute ma jeune vie de cinquantenaire et 129 jours, j'ai aussi cherché des emplois qui me permettrait de vivre, et non l'inverse, mais surtout, des conditions

Que j'ai présentement. Ce qui rend difficile l'idée de changer d'emploi. Parce que oui, je travaille fort et ce n'est pas tellement payant (l'histoire des X, non ?) mais je suis maitre de mon temps. J'arrive quand je veux, quitte quand je veux, écoute de la musique toute la journée si je veux, prends les vacances que je veux, quand je veux. "Parce qu'il est trop tard, c'est déjà booké!" fallait demander nos vacances avant mai. Mettez-moi dehors si vous voulez, me suis rendu indispensable. Vous verrez comment s'effondre votre jeu de cartes sans moi.

Certains diront arrogance. Je répondrai, une seule calisse de vie à vivre. Je vais la vivre pleinement. 

À ma guise. Avec ferme emprise sur l'emploi de mon temps.

Le seul emploi qui compte pour moi. 

L'article que je vous propose de lire parle d'exactement ce qu'on vit, au boulot. Ghosting inclus. Et ils/elles ne restent pas quand l'abus se pointe.

Rien de plus normal. 

*On dit que ceux et celles né(e)s dans les années 90 seraient Y (notre fils est né en 1999) et ceux nés passés 2001 seraient Z (notre fille, 2003), pas possible que 4 ans de différence fasse ainsi 2 générations. Et ceux et celles né(e)s en 2000 ? Dans le néant ? Ce sont eux les millénariaux ?