Le Retour à l’Arbre
Texte et image, même s’ils sont sur le même support, ne sont pas toujours liés. Le texte alors n’est pas là pour aider à la lecture de l’image. C’est le cas par exemple d’un ensemble de dessins réalisés par Bernard Wah accompagnant, ou accompagnés par, un texte du poète Georges Castera. La particularité ici est que images et textes sont contenus dans un livre publié sous le titre « Le Retour à l’Arbre ». C’était en 1974, à New York, où vivaient les deux amis, tous deux poètes et dessinateurs.
Le Retour à L’Arbre est un long poème de Georges Castera. Le texte est en français et se charge d’émotion et de sentiments à travers un travail sur le langage, les rythmes et les sonorités. Dans la plupart des pages du livre, des fragments du poème occupent l’espace laissé libre par les dessins de Bernard Wah. Le texte est ainsi un élément graphique qui apporte un effet différent au dessin.
Retour à l’arbre 1
" data-image-title="Retour à l’arbre 1" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"2.2","credit":"","camera":"iPhone SE (1st generation)","caption":"","created_timestamp":"1654008475","copyright":"","focal_length":"4.15","iso":"40","shutter_speed":"0.0083333333333333","title":"","orientation":"1","latitude":"46.855255555556","longitude":"-71.196166666667"}" width="576" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=225" data-permalink="https://aica-sc.net/2022/06/08/la-relation-ecriture-et-image-en-haiti/retour-a-larbre-1/" alt="" height="768" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=768 768w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=576 576w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=1152 1152w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=112 112w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=225 225w" class="wp-image-23176" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-1.jpg?w=750" />Retour à l’arbre 1Les dessins de Bernard Wah (1939-1981) et le texte de Georges Castera (1936-2020) parlent de l’exil. Cependant, même si, sur diverses pages, des jeux d’écriture ont pu donner aux textes des allures d’images, celles-ci ne pouvaient être que très différentes des discours sur l’exil que les deux hommes ont vécu différemment.
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Retour à l’arbre
" data-orig-size="1331,1674" sizes="(max-width: 814px) 100vw, 814px" data-image-title="REour à l’arbre 2" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"2.2","credit":"","camera":"iPhone SE (1st generation)","caption":"","created_timestamp":"1654008407","copyright":"","focal_length":"4.15","iso":"40","shutter_speed":"0.0083333333333333","title":"","orientation":"1","latitude":"46.855255555556","longitude":"-71.196166666667"}" data-id="23175" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg?w=239" data-permalink="https://aica-sc.net/2022/06/08/la-relation-ecriture-et-image-en-haiti/reour-a-larbre-2/" alt="" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg?w=814 814w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg?w=119 119w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg?w=239 239w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg?w=768 768w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg 1331w" class="wp-image-23175" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/reour-a-larbre-2.jpg?w=750" />Retour à l’arbreRetour à l’arbre 3
" data-orig-size="1894,1252" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" data-image-title="retour à l’arbre 3" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"2.2","credit":"","camera":"iPhone SE (1st generation)","caption":"","created_timestamp":"1654008319","copyright":"","focal_length":"4.15","iso":"32","shutter_speed":"0.0083333333333333","title":"","orientation":"1","latitude":"46.855269444444","longitude":"-71.196297222222"}" data-id="23177" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg?w=300" data-permalink="https://aica-sc.net/2022/06/08/la-relation-ecriture-et-image-en-haiti/retour-a-larbre-3/" alt="" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg?w=1024 1024w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg?w=150 150w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg?w=300 300w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg?w=768 768w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg 1894w" class="wp-image-23177" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/retour-a-larbre-3.jpg?w=750" />Retour à l’arbre 3Alors qu’on a parlé d’une séparation brusque dans le cas de Wah. Chez Castera il s’agit d’avantage d’un éloignement prolongé de la terre natale. N’aurait-il pas véritablement ressenti l’exil quand il est arrivé à New York dans les années 1970, s’introduisant dans un milieu haïtien d’intellectuels hostiles à la dictature. C’est là qu’il a trouvé une ébullition intellectuelle qui lui a apporté des ouvertures. Il s’est initié par exemple au jazz, au théâtre. En 1979, Bernard Wah est rentré en Haïti juste le temps de présenter ses récentes créations, parmi lesquelles il y avait son fameux triptyque, très controversé, où dominent trois couleurs qu’il associait : le jaune à la lumière du soleil, le bleu au ciel de son pays et le rouge au sang de ses frères. Georges Castera quant à lui n’est revenu au pays qu’en 1986, tout de suite après le départ de Jean Claude Duvalier.
Sans titre triptyque
" data-orig-size="3846,1248" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" data-image-title="Triptuqe sans titre" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"0","credit":"","camera":"","caption":"","created_timestamp":"0","copyright":"","focal_length":"0","iso":"0","shutter_speed":"0","title":"","orientation":"0"}" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=300" data-permalink="https://aica-sc.net/2022/06/08/la-relation-ecriture-et-image-en-haiti/triptuqe-sans-titre/" alt="" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=1024 1024w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=2046 2046w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=150 150w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=300 300w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=768 768w" class="wp-image-23179" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/triptuqe-sans-titre.jpg?w=750" />Sans titre triptyqueLe style des dessins est l’aboutissement des recherches formelles de Bernard Wah. Ayant assuré lui-même la mise en page du livre, il a fait des choix audacieux dans le rapport entre l’image et le support, question de laisser de l’espace aux textes de son ami Georges Castera. L’emploi de l’encre noir renforce les contrastes de pleins et de vides. Les formes, souvent étirées, s’entremêlent. Les lignes courbes dominent. Dans ce projet, contrairement à ce qu’on voit souvent dans l’œuvre de Bernard Wah, le cercle ne définit pas la composition. Il n’est ici qu’un élément de l’image : une roue.
La roue, cette invention de l’homme de la préhistoire, est mise en vedette dans la conception de machines industrielles géantes et «puissantes. Bernard Wah a vu comment les machines ont influencé l’architecture d’une ville comme New York, devenue le parfait modèle du nouveau paysage urbain américain. La production en masse et la nouvelle culture énergétique qui a alors pris naissance semblait une menace à la créativité de l’artiste qu’il était. Ce sentiment, il l‘a exprimé dans cette peinture de grande dimension offerte au Musée d’Art Haïtien. On y voit tout ce qui fait son être, ses origines asiatiques entre autres, se dissoudre dans une atmosphère couleur sang dominant un assemblage de machines industrielles au premier plan.
Sans titre
" data-orig-size="360,357" sizes="(max-width: 360px) 100vw, 360px" data-image-title="Wahx" data-orig-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/wahx.jpg" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"0","credit":"","camera":"","caption":"","created_timestamp":"0","copyright":"","focal_length":"0","iso":"0","shutter_speed":"0","title":"","orientation":"0"}" data-medium-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/wahx.jpg?w=300" data-permalink="https://aica-sc.net/2022/06/08/la-relation-ecriture-et-image-en-haiti/wahx/" alt="" srcset="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/wahx.jpg 360w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/wahx.jpg?w=150 150w, https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/wahx.jpg?w=300 300w" class="wp-image-23181" data-large-file="https://aicasc.files.wordpress.com/2022/06/wahx.jpg?w=360" />Sans titreDans ce que l’on peut appeler un « livre illustré », Bernard Wah transcrit à l’encre tous ce qui l’habite: sa présence non souhaitée dans cette mégapole, ses inquiétudes, sa peur même de la mort. La séparation violente avec sa terre natale lui aurait alors apporté l’éveil qu’est la création artistique, ce refuge d’où il a pu libérer sa libido, se défouler. La page blanche est ainsi devenue un lieu de rencontre du passé, du présent, de l’avenir, un lieu où s’entassent l’un sur l’autre des moments de désespoir et des signes d’espoir, comme celui d’un retour probable. On peut comprendre que Bernard Wah ait ainsi voulu associer à son projet ce texte qui comporte dans son titre le mot ARBRE qu’il a considéré comme étant un des rares symbole qui ne renvoie pas à la modernité.
Gérald Alexis