Il y a une semaine, je suis tombée sur Twitter sur un texte de Ingrid Tischer (@IngridTischer), intitulé « Why I won’t be organizing in-person fundraisers for the foreseeable future », qui reflète exactement ma pensée au sujet de la tenue d’événements en personne dans les circonstances actuelles. Il est écrit du point de vue des événements-bénéfice, mais ça s’applique à tous les événements en personne.
Ingrid m’a donné la permission de traduire son super texte, le voici :
Pourquoi je n’organiserai pas d’événement-bénéfice en personne dans un avenir prévisible
Des raisons, j’en ai plusieurs. Mais ces directives toujours en vigueur de la CDC pour les personnes vulnérables sont ce qui compte pour tout organisme qui dit que l’inclusion est une valeur importante à ses yeux.
Parce que mai est le mois de la santé mentale, quel meilleur moment pour moi, une directrice au développement d’un organisme sans but lucratif et vulnérable, de gérer la poussée de ma dépression avec la saison des événements-bénéfice, alors que les deux battent leur plein, comme la vague de COVID la plus récente? Pourquoi pas, me demandez-vous?
Parce que je ne veux pas organiser un événement-bénéfice auquel je ne pourrais pas assister.
Parce que je choisis la réalité scientifique plutôt que la pensée magique à propos d’un virus mortel qui pourrait me faire disparaître.
Parce que mon jugement professionnel, basé sur 30 ans dans ce domaine, est qu’un événement en personne où les gens ont besoin d’être sur leurs gardes à propos d’une maladie très contagieuse et mortelle ne me semble ni festif ni une option faisable méritant une longue discussion.
Parce que « caveat donator » (laisser le donateur sur ses gardes) est un standard irresponsable pour un organisme sans but lucratif.
Parce que le choix que tu fais en tant qu’individu d’aller à un rassemblement en personne est différent du choix d’un organisme de tenir un événement-bénéfice en personne pendant une pandémie qui, eh oui, continue. Ce n’est pas de la justice envers les vulnérables. Ce n’est pas de la solidarité.
Parce que je suis une handicapée qui veut continuer à faire partie de la résistance et que résister est vraiment difficile si je n’existe plus.
Parce que tu seras peut-être correct si tu testes positif pour la COVID après avoir enlevé ton masque quelques minutes alors que tu grignotais à un événement-bénéfice, mais les personnes vulnérables avec lesquelles tu vas inévitablement interagir par la suite ne le seront peut-être pas. C’est pareil pour les proches vulnérables des participants.
Parce que ce que tu vois comme un risque négligeable pour une poignée de gens demeure un risque terrifiant pour le groupe de personnes dont je fais partie, pour qui on n’a même pas d’information détaillée sur les décès et maladies sévères. Même avec les vaccins et les traitements maintenant disponibles, ça ne veut pas dire que tout le monde y a accès. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore des gens qui ne peuvent pas être vaccinés ou qui ne sont pas éligibles aux traitements existants.
Parce que, pour paraphraser ce que j’ai dit en tant que conseillère aux tests pour le VIH/SIDA dans les années 90, on devrait tous exercer la réduction des méfaits et de l’événementiel plus sécuritaire.
Parce que la réduction des méfaits + tes besoins de santé mentale = prioriser les rassemblements en personne qui t’amènent le plus de bonheur avec le moins de risque. Je chéris tous les événements-bénéfice sur lesquels j’ai travaillé, mais je suis pas mal certaine que tu as des options plus significatives pour des rassemblements qui répondraient à tes besoins de santé mentale.
Parce qu’un engagement envers l’équité raciale inclus de se centrer sur les personnes qui risquent d’être ces « cas rares », vu le taux de handicap et de maladie chronique dans les communautés racisées. Sans compter les pauvres, les plus vieux et les personnes de poids supérieur.
Parce que choisir de tenir un événement-bénéfice en personne encourage le message implicite que la pandémie est finie et que les choses sont de retour à la « normale », que tu le veuilles ou non.
Parce que les organisateurs d’événements-bénéfice font un serment sacré qui commence avec : « Tout d’abord, ne pas faire de tort à tes participants ».
Parce que les événements-bénéfice en mode hybride finissent par créer deux niveaux, où les personnes qui ne sont pas vulnérables peuvent se parler, passer du temps ensemble et socialiser, et un événement inférieur où les personnes vulnérables regardent passivement sur leur écran des trucs dont ils ne peuvent pas faire partie.
Parce que si regarder passivement des trucs sur un écran est suffisant pour moi, ça devrait être suffisant pour tout le monde.
Parce que, oui, je suis à l’aise avec le fait que des personnes qui ne sont pas vulnérables perdent leur impression de soulagement que tout est de retour à la normale, parce que leur impression positive erronée va maintenir les personnes vulnérables en danger encore plus longtemps.
Parce que ton soulagement de retourner à la « normale » est mon deuil de devoir retourner en marge, où participer à des événements-bénéfice en personne est épuisant, stressant et coûteux, et je m’inquiète que cette facilité qui a été le seul mérite des 2 dernières années va fondre inexorablement.
Parce que j’ai accommodé la préférence des autres pour les événements-bénéfice en personne toute ma vie professionnelle, et que j’ai eu juste 2 ans à ne pas devoir faire des choses comme les maths-pipi dans mon travail.
Parce que ça m’a déprimé d’être en opposition à des gens avec différents types de handicap qui ne peuvent pas accéder aux événements-bénéfice virtuels plutôt qu’être en solidarité avec le fait qu’on peut utiliser ce qu’on a appris pour voir ces événements différemment.
Parce que les personnes vulnérables sont dans toutes les populations de donateurs et que volontairement planifier un événement-bénéfice où des gens comme nous ne peuvent pas être présents entre en conflit avec l’idée de « pas de financement pour nous sans nous ».
Parce que les événements-bénéfice sont censés montrer nos valeurs, comme l’accès équitable et l’inclusion, pas entrer en conflit avec celles-ci en excluant toute une classe de gens.
Parce qu’un événement-bénéfice en personne n’est pas nécessaire à moins que ta mission et tes services soient inséparables d’un rassemblement sécuritaire à l’extérieur, comme les programmes de sport sans contact.
Parce que s’il y a un engagement organisationnel à un principe comme #PersonneNestJetable, alors le financement ne peut pas détruire ça, sinon l’organisme perd de la crédibilité et de la confiance.
Parce que ça compte si les personnes vulnérables ne sont pas à l’événement-bénéfice avec toi.
Parce que je serais une hypocrite de la taille de l’égo d’un républicain si j’organisais ou que j’étais associée avec un événement-bénéfice en personne avant que la pandémie soit sous contrôle, après avoir pris à partie des organismes pour leur manque d’accès et d’inclusion.
Parce que je suis une tueuse de zombies quand on parle de l’insistance capacitiste résistante que le « vrai » renforcement des communautés ne peut seulement se produire qu’en face à face.
Parce que tenir fermement à « mieux vaut prévenir que guérir » est ce qu’est mon leadership d’handicapée présentement.
Parce que, en termes de financement, ta promesse de solidarité envers les personnes vulnérables n’est pas un engagement que tu peux ignorer.
Parce que je ne peux pas croire que je dois vraiment expliquer ceci, mais planifier un événement-bénéfice en sachant que ce n’est pas vraiment sécuritaire n’est pas la bonne sorte de « planification de catastrophes ».
Parce qu’être toujours en vie après les deux dernières années est un privilège et que je ne vais pas en abuser en créant un risque potentiel de superpropagation pour d’autres personnes, même si elles ne voient pas le danger.
Texte original paru en mai 2022 sur disabilityvisibilityproject.com