Certes, le bon vieux compte joint reste parfaitement légitime pour la plupart des situations classiques et il n'est pas question de le remplacer, bien qu'il mérite certainement d'être modernisé. En revanche, il existe aujourd'hui de nombreuses circonstances dans lesquelles il ne convient pas. Ce sont celles-ci qu'Ivella, comme d'autres startups avant elle, veut cibler, en développant des produits correspondant précisément aux besoins de la vie à deux contemporaine… dans toute sa diversité.
Dans cette perspective, le premier d'entre eux s'adresse principalement aux personnes qui se trouvent au début d'une relation stable, ce moment où elles commencent à partager un logement et quelques dépenses, tout en ne se sentant pas encore suffisamment en confiance pour mettre en commun leur budget, même partiellement. L'approche retenue dans ce cas consiste à fournir deux comptes distincts, laissant à chacun son indépendance, accompagnés d'une carte réservée aux achats mutualisés.
En pratique, les co-détenteurs disposent d'une application mobile avec laquelle ils peuvent piloter à la fois leur argent personnel et celui consacré au ménage. Sur ce dernier volet, il faudra d'abord mettre en place une répartition par défaut des opérations : chaque transaction exécutée sera affectée en conséquence sur les comptes individuels, par exemple en proportion des revenus, et les demandes d'autorisation sont également divisées en temps réel, avec ce même facteur, pour contrôle des soldes disponibles.
Pour ajouter de la flexibilité à sa plate-forme, Ivella permet en outre d'ajuster a posteriori les quotes-parts, affichées de manière très visible dans la présentation de l'historique. Chaque dépense peut de la sorte être réaffectée après coup, instantanément, sous la seule réserve de provisions satisfaisantes à cet instant. Par ailleurs, une fonction de transfert immédiat facilite les échanges directs entre les deux partenaires, entre autres pour tous les règlements sortant du cadre de distribution standard.
Le système n'est malheureusement pas exempt de limitations. La plus gênante sera probablement l'absence de prise en charge des paiements de factures, par virement ou prélèvement, notamment pour les services du domicile (loyer, électricité, accès internet, loisirs…). Incidemment, il s'agit d'une des orientations majeures d'une autre jeune pousse, Zeta, au positionnement similaire. Faute de moyen de définir des règles, le contrôle sur le compte commun pourrait aussi devenir une source de frictions, voire de conflits.
Il serait malvenu de s'attarder sur ces détails, alors que la solution d'Ivella n'est qu'une première version, qui devrait être rapidement complétée et enrichie… puis, peut-être, rejointe par d'autres, capables de répondre à des usages différents. Car, l'enseignement à retirer de cette initiative est l'importance de réaliser que les comportements des consommateurs (et des entreprises, d'ailleurs) changent, parfois radicalement, et que ceux qui n'offrent que des produits d'une autre époque risquent l'obsolescence.