Le 31 mai de l'an dernier, prétendument, l'éditeur Michel Brûlé, trouvait la mort, en vélo, loin des regards, au Brésil. Prétendument.
Peu y ont tout de suite cru. Moi le premier. Je n'y crois encore qu'à 30%. Il aurait descendu une côte dangereuse, aurait été intimidé par une voiture ou un croisement de voitures, sa tête aurait frappé une affiche de la route, et il serait tombé dans un ravin. On disait qu'il s'était cassé le cou. On a eu le temps d'appeler son frère, qui est venu sur les lieux et il serait mort dans ses bras. Aucune photo, sinon toujours la même du vélo, crochi.
Brûlé portait tristement son nom.
Brûlé avait bousculé le monde de l'édition en prenant des risques que les autres maisons ne voulaient pas prendre. Investir dans le livre jeunesse, entre autre. Tout le marché existant est né de lui et de ses succès dans le genre. Mais quand Perro & Desjardins ont choisi de changer de maison d'édition, le loup noir intérieur de Brûlé a commencé à tant se nourrir qu'il l'a pourri par en dedans.
Si vous connaissez l'histoire de Jean Eleuthère Du Pont, il y a plusieurs parallèles à faire. Puisque que naturellement, les Femmes ne l'approchaient pas, il s'achetaient des massages et du tourisme sexuel. Ou il agressait impulsivement.
Il avait souvent parlé de se refaire une vie ailleurs, sous un autre nom, en Russie, entre autre, et il avait changé son nom sur Facebook. Il avait abusé de la vulnérabilité d'artistes, qui eux aussi peuvent prétendre avoir le complexe de Dieu. Créer de toute pièces, c'est jouer à Dieu. Mais il voulait être le Dieu le plus déifié. J'ai écouté un balado de l'auteure India Desjardins, qui a été propulsée par Brûlé qui a cru en elle, mais India a aussi largement souffert de ses impulsions. Le Manifeste des Intouchables, de Brûlé, avec le recul, a peut-être été écrit de deux-trois jets maniaco-dépressifs.
Vers la fin de sa vie, coincé par sa malsaine vision de l'entreprise du désir des corps féminins, il faisait comme plusieurs qui ont travaillé/voulu travailler avec lui : Il essayait de sauver sa peau. Michel autant que ses ouailles.
Vous connaissez l'histoire de le grenouille et du chaudron? Celle-ci saute dans l'eau tiède du chaudron sur le rond qui chauffe et ne sortira pas même si l'eau sera de plus en plus chaude, et la fera exploser. Ça a été la vie de Michel Brûlé, non médicamenté.
Brûlé s'est probablement suicidé.
J'y crois à 30%. Malgré les 6 épisodes du balado d'India.
Il a justement à la fois vécu le titre du livre, mais a aussi copié la mort de Camus, dans un bête accident véhiculier.
En scénarisation, la boucle est parfaite.
Il peut maintenant penser à la chirurgie faciale.