Ô geste de l’hiver,
d’une froideur appliquée.
L’hiver a quelque chose
d’une tendre médecine.
Puisque la maladie
lui tend les mains, confiante,
du fond de sa souffrance
et de l’obscurité.
Cher hiver, soigne-moi,
mon front sera marqué
du baiser curatif
de ton anneau glacé.
La tentation grandit
de me fier aux mensonges.
Dévisager les chiens
et enlacer les arbres.
Pardonner, comme par jeu,
d’un élan, dans un virage,
finir de pardonner
pour pardonner à d’autres.
Copier ce jour d’hiver
et son ovale vide,
Être à jamais en lui,
comme une simple nuance.
Et cesser d’exister,
faire naître au-delà du mur
non mon ombre mais la clarté
que je ne cacherai plus.
***
Bella Akhmadoulina (1937-2010) – Histoire de pluie et autres poèmes (Buchet-Chastel, 2009) – Traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs.