" L'objectif, c'est que Jean-Luc Mélenchon va de nouveau dire qu'il n'a pas pu l'emporter comme il l'a fait le soir du premier tour et que donc, il faut regarder vers l'élection présidentielle de 2027. Alors que le programme de la NUPES est le problème principal. " (François Hollande le 1er juin 2022 sur BFM-TV).
Ah, François Hollande, quel malheur que d'être un ancien Président de la République et de vouloir encore peser dans le débat politique. Son grade lui ouvre tous les médias, et c'est heureux, mais pour dire quoi ? Il reste enfermé à jamais dans l'échec de son quinquennat, même pas capable de tenter de se faire réélire. À ce titre, il est complètement différent de tous ses prédécesseurs et successeur de la Cinquième République. Alors, que vaut sa parole politique ? Rien, mais personne ne le lui dit, par politesse.
Il n'est même pas candidat aux élections législatives, comme il en avait esquissé l'envie. En fait, il avait l'envie de reprendre du service, un peu comme Valéry Giscard d'Estaing qui, après 1981, a refait toute une carrière politique sans arriver néanmoins à reconquérir l'Élysée ou à officier à Matignon comme il l'aurait rêvé (renouveler le mythe de Raymond Poincaré), mais aussi en reprenant la présidence de l'UDF, ce qu'avait fait aussi en 2015 son prédécesseur direct Nicolas Sarkozy redevenu président de l'UMP puis de LR. François Hollande, il rêvait de redevenir premier secrétaire du PS, le sauveur d'un PS aujourd'hui transformé de friches industrielles, ce navire en ruine qui a échoué en dehors de Paris. Mais même cette coquille vide lui a échappé, se donnant à Frère Méluche.
Sa réponse à sa non-candidature en 2017, c'est de dire qu'il ne voulait pas la désunion de la gauche. Terrible aveu car sa candidature aurait donc divisé : lui, le Président de la République en exercice, il aurait divisé son camp ! Quel manque d'esprit politique. Au final, en 2017, il a lâché son parti tant aimé, qu'il a tant chéri et tant dirigé, le parti socialiste, en déliquescence (nommée Benoît Hamon puis Anne Hidalgo), laissant le terrain libre à Jean-Luc Mélenchon qui l'a occupé prestement, en 2017 et plus encore, idéologiquement en 2022. On n'ose même pas connaître les sentiments qui agitent l'ancien locataire de l'Élysée lorsqu'il pense à Olivier Faure !
Ce matin du mercredi 1 er juin 2022 sur BFM-TV et RMC, François Hollande était l'invité d'Apolline de Malherbe et est revenu sur l'accord du PS avec FI : selon lui, le programme de la NUPES n'est pas applicable, il a chiffré son coût à plus de 300 milliards d'euros. Pour lui, ce n'est pas sérieux et c'est un leurre. Jean-Luc Mélenchon n'a aucune intention de gouverner. Il sait qu'il ne gagnera pas les élections législatives, qu'il ne voulait pas de majorité (sinon, il n'aurait pas placé dans 350 circonscriptions un candidat FI pour représenter la NUPES). Il voudrait juste se préparer pour encore 2027, préempter l'espace à gauche.
François Hollande soutient donc les candidats socialistes dissidents qui se présentent et qui refusent le programme de la NUPES. En particulier, dans sa circonscription. Mais perspicace, la journaliste lui a demandé ce qu'il ferait s'il n'y avait pas de candidat socialiste dissident, qui aurait-il soutenu, le candidat NUPES ou le candidat LREM ? Et sans très clairement le dire, François Hollande a admis qu'il voterait pour le candidat de la NUPES, afin qu'il y ait une opposition, alors qu'il venait de dire que son programme était catastrophique : " Quand on est de gauche, on vote à gauche. Il y a quand même l'union qui doit être forcément choyée [ou soignée ?]. ".
Je ne comprends pas très bien le message, d'autant que la NUPES voudrait détricoter ce qu'il avait lui-même fait durant son quinquennat ( loi Travail, CICE, etc.) alors que tous ses amis ont fait le choix de soutenir clairement Emmanuel Macron qui lui-même était son conseiller économique, secrétaire général adjoint de l'Élysée puis Ministre de l'Économie et des Finances : son Premier Ministre Manuel Valls, ses ministres Jean-Yves Le Drian, Marisol Touraine, ses amis Bertrand Delanoë, Jean-Pierre Chevènement, tous ont fait le choix du macronisme face au populisme mélenchonien. Seule, pour des raisons d'obscurs mais vains calculs, Ségolène Royal a fait le choix inverse.
Heureusement, son expérience élyséenne lui permettait de se hisser hors des eaux troubles de la mare politicienne pour s'élever sur des sujets internationaux, et en particulier sur la guerre en Ukraine. BFM-TV arbore depuis lundi 30 mai 2022 un petit bandeau noir en signe de deuil, car leur journaliste Frédéric Leclerc-Imhoff (32 ans) a été tué à la suite d'un bombardement près de Lysichansk, alors qu'il était dans un convoi humanitaire. Les Russes ont réagi cyniquement en l'accusant d'avoir été un mercenaire.
François Hollande s'est donc permis de faire la leçon au Président Emmanuel Macron en le pressant d'aller à Kiev. Emmanuel Macron, qui a rappelé encore la vieille à Cherbourg qu'il s'y rendrait seulement si c'était utile. L'ancien Président considère que la France y est attendue et que le temps presse. En fait, si les Ukrainiens souhaitent recevoir Emmanuel Macron avant le 30 juin 2022, ce n'est pas seulement pour recevoir la France mais aussi l'Union Européenne dont la France préside le Conseil. Cependant, en période électorale, Emmanuel Macron n'a pas voulu s'y rendre pendant la campagne présidentielle et à quelques jours des élections législatives, on pourrait encore reprocher ce qui apparaîtrait comme un électoralisme.
Le plus intéressant était évidemment son analyse de la situation en Ukraine et en Russie. Selon lui, Vladimir Poutine a testé les démocraties occidentales avant d'envahir la Crimée. Il a insisté sur les mensonges de Vladimir Poutine, tant sur ce journaliste tué et les populations civiles ukrainiennes tuées que sur les crimes commis en Syrie. En effet, il avait alerté la "communauté internationale" sur la ligne rouge franchie par Bachar Al-Assad en employant du gaz contre ses opposants en septembre 2013. Il voulait donc une intervention internationale mais le Président américain Barack Obama avait refusé de s'impliquer, et finalement, on a laissé faire.
Ainsi, Vladimir Poutine a compris que les États-Unis ne lèveraient pas le petit doigt s'il annexait la Crimée, ce qu'il a fait dès mars 2014. Pour François Hollande, le lien de causalité est évident : " Il faut arrêter les dictateurs au moment où ils craignent pour leur propre pérennité. En l'occurrence, là, en 2013, Vladimir Poutine était en position de faiblesse. Bachar Al-Assad pouvait tomber. Le fait qu'il y ait eu des armes chimiques était la preuve de cette faiblesse. Eh bien, la non-réaction, je voulais, au nom de la France, frapper la Syrie, pas la Syrie en tant que nation ou la population syrienne, mais le régime syrien, le fait que Barack Obama s'y soit opposé, ait préféré finalement admettre qu'une ligne rouge pouvait être franchie. La conséquence, cela a été, un an plus tard, l'intervention de Vladimir Poutine en Ukraine, en 2014. ".
Et d'expliquer cette causalité : " Vladimir Poutine ne connaît que le rapport de force. Donc, il a interprété cette non-réaction comme une faiblesse, ce qui est d'ailleurs vrai, et à partir de là, cela lui permettait de violer le droit international. ". Il a ainsi prôné l'Europe de la défense, mais en complément de l'OTAN : " Pour être respecté, pour avoir une parole politique forte, il faut avoir des moyens militaires. ".
Actuellement, François Hollande s'ennuie. Emmanuel Macron devrait donc lui trouver du boulot... Pourquoi pas émissaire de paix en Ukraine ?
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (01 er juin 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
François Hollande : si j'étais Président...
Julie Gayet.
Ségolène Royal.
Élysée 2022 (26) : François Hollande candidat ?
François Hollande veut américaniser les institutions françaises.
Législatives 2022 (4) : sous la NUPES de Mélenchon.
Pour Jean-Louis Bourlanges, c'est la capitulation et la bérézina !
Olivier Faure.
Législatives 2022 (2) : la mort du parti socialiste ?
Législatives 2022 (1) : le pari écolo-gauchiste de Julien Bayou.
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Le congrès du PS à Épinay-sur-Seine du 11 au 13 juin 1971.
Le congrès du PS à Metz du 6 au 8 avril 1979.
Le congrès du PS à Rennes du 15 au 18 mars 1990.
Le congrès du PS à Reims du 14 au 16 novembre 2008.
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Le technotable de Dunkerque.
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