J’ai découvert les textes d’Albane Gellé dans les publications d’Inventaire/Invention. C’était Un bruit de verre en elle et Quelques. Et puis il y en eut d’autres. Chez d’autres éditeurs. Il y en avait déjà eu que je ne connaissais pas et que cette publication de Castor Astral me permet de découvrir. Le ton d’Albane Gellé est très vite reconnaissable : des mots simples, quotidiens, assemblés d’une manière singulière qui leur donne une sorte de respiration, ou plutôt de regard, ou plutôt de chemin. S’il fallait leur associer un adverbe, ce serait « avec ». Car tout est lié chez elle, les proches, les enfants, les pronoms personnels, les chevaux, la nature, le fleuve, les arbres, les cabanes à lapins… Son nom à peine prononcé est accompagné de nombreux autres noms de poètes : elle vit dans la poésie, elle vit près de Saumur, elle vit dans la forêt, on peut la rencontrer parfois ailleurs, car elle voyage comme l’eau, entre chez vous comme l’air, simplement, sur des poèmes souvent courts qu’on peut glisser dans sa poche ou suivre comme les nuages.
les oiseaux bien sûr savent.
habitent les saisons, soulèvent leurs grandes peurs.
les oiseaux sont passerelles, entre visible
et invisible, n’ignorent pas la matière,
éprouvent les vibrations.
les oiseaux touchent les arbres et
les oiseaux touchent les vents,
résistants, presque transparents.
les oiseaux disparaissent,
petits savants sans prétention,
envers et contre les forces sombres.
agiles atomes de lumière,
supportant sans se plaindre la grande pesanteur.
les oiseaux savent que vivre est malgré tout possible
avec le chant.
D'autres ouvrages d'Albane Gellé dans ce blog :
Si je suis de ce monde (éd. Cheyne)
Où que j'aille - Albane Gellé et Anne Leloup (éd. Esperluette)
L'au-delà de nos âges (éd. Cheyne)
Dans l'anthologie Pas d'ici pas d'ailleurs (éd. Voix d'encre)