Les éditions britanniques Stanley/Barker publient Belleville, le nouvel ouvrage du photographe Thomas Boivin, qui nous présente la ville à l’état organique, désordonnée. Ces images sont délibérément dépourvues des marqueurs habituels de la ville planifiée par Hausmann mais elles n’en sont pas moins belles, parfois romantiques. Belleville est issue de l’expérience vécue de Thomas Boivin, photographiant des lieux et des personnes proches de chez lui, fixant les limites du projet au quartier qu’il pouvait parcourir lentement en une journée. Belleville reflète le passage du temps, des saisons, le mouvement de l’œil du sol à l’arbre, d’une clôture à un visage. Boivin reste dans les espaces ouverts, en documentant les limites – clôtures, trottoirs, vitrines à rideaux à travers lesquelles nous ne pouvons pas voir. Il capture des moments privés dans des espaces publics, ses sujets savent qu’il est là et sont complices et confortables même s’il reste toujours une distance. Les images collectées dansent sur une ligne fine, suffisamment proche pour émouvoir, tout en évitant l’intrusion. Ses sujets sont clairement au courant de la présence du photographe. Prises ensemble comme série, ces oeuvres soulignent l’échange entre le sujet et l’artiste et la profondeur de ce geste simple: témoigner de l’existence d’une personne en demandant de faire son portrait. Le projet tient légèrement à distance la nostalgie et la mélancolie profonde de Paris. Au contraire, en enracinant sa pratique dans son propre quartier, les images de Thomas Boivin expriment plutôt une curiosité pour son environnement immédiat, un désir d’une forme d’intimité dans l’espace public et, surtout, un souci des autres. Le photographe explique: “J’ai commencé à photographier ses rues et ses habitants dès que je me suis installé là-bas, et j’ai continué à le faire pendant des années. Je trouvais que photographier les gens, avant tout, avait du sens. Bien que les photographies ne dépeignent guère la ville, je trouve qu’elles transmettent la sensation que j’ai eue en marchant dans les rues de Belleville : Un mélange de beauté et de décrépitude, de moments de joie et de tristesse, la sensation chaleureuse de la lumière et la sensation douce amère que l’on peut éprouver en marchant toute la journée, à la recherche des yeux d’un étranger…” Le livre de 100 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley/Barker.