REVEIL (Georges CHENNEVIERE 1884-1927)

Par Elisabeth Leroy

Je n'ai pas ouvert les yeux,

Et je sens que le jour point.

Mon corps reste dans le lit,

Mais mon âme est déjà loin.

Elle goûte parmi l'aube

Un bonheur aérien,

Et revient de temps en temps

Me rappeler que j'existe.

La fenêtre est grande ouverte

Avec le store baissé.

Je suis baigné du même air

Que les feuilles et les nids...

On dirait que les oiseaux

Chantent tous dans le même arbre,

Et j'entends le bruit d'épingles

De leurs pattes sur les toits.

On n'a pas encor marché

Sur le sable des jardins,

Et toutes les rues sans hommes

Sont pareilles à des routes.

On arrose la chaussée ;

Mes draps me semblent plus frais.

Je sens l'odeur du savon

Qui est près de la cuvette.

Le fleuve s'est rajeuni

D'une eau qui a traversé

Les campagnes et la nuit.

Remorqueur, tu peux chanter.

Le canal n'a plus de rides :

Marinier, tu peux partir.

L'aube est pleine de voyages

Qui ne devraient pas finir...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Chennevi%C3%A8re

Je n'ai pas ouvert les yeux,

Et je sens que le jour point.

Mon corps reste dans le lit,

Mais mon âme est déjà loin.

Elle goûte parmi l'aube

Un bonheur aérien,

Et revient de temps en temps

Me rappeler que j'existe.

La fenêtre est grande ouverte

Avec le store baissé.

Je suis baigné du même air

Que les feuilles et les nids...

On dirait que les oiseaux

Chantent tous dans le même arbre,

Et j'entends le bruit d'épingles

De leurs pattes sur les toits.

On n'a pas encor marché

Sur le sable des jardins,

Et toutes les rues sans hommes

Sont pareilles à des routes.

On arrose la chaussée ;

Mes draps me semblent plus frais.

Je sens l'odeur du savon

Qui est près de la cuvette.

Le fleuve s'est rajeuni

D'une eau qui a traversé

Les campagnes et la nuit.

Remorqueur, tu peux chanter.

Le canal n'a plus de rides :

Marinier, tu peux partir.

L'aube est pleine de voyages

Qui ne devraient pas finir...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Chennevi%C3%A8re