Il y a des mots, parfois des mots compliqués, des mots qui arrivent dans le discours dans une autre langue que celle du discours. Parfois, cela est justifié. Parfois cela m’agace. Je n’en comprends pas l’enjeu. Care, par exemple, pour soin, comment en justifier l’usage ? Mais Verstohlen pour furtivement, c’est intéressant puisque stohlen signifie voler. La charte, donc, que proposent Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio s’appuie sur ce qui ne peut être volé, qu’il faut défendre.
Et ce qui ne peut être volé, qu’il faut défendre, c’est la perspective, la vue. C’est aussi le silence (je me souviens d’un « jardin du silence » dans la Ville d’Évry). C’est encore le soin, le climat de soin, où il est écrit que « ce n’est pas le capital qui est garant de la propriété. C’est le soin qui l’est. Les propriétaires sont ceux qui prennent soin ». C’est le soin aux morts, et pas seulement des humains, et d’où dérive une réflexion à propos de « demeurer, habiter ». Et il s’agit d’« être furtifs pour éviter d’être emprisonnés ou simplement empêchés et toujours volés ». Cela nous mène à la notion d’homéostasie qui relie l’ensemble du vivant « hors des systèmes fermés », « l’enjeu étant de quitter le champ de la survie pour découvrir celui de la vie bonne ». Il est aussi question d’enquêter, mais non pour aboutir à une conclusion élaborée préalablement mais bien en s’appuyant « sur le vulnérable » pour « l’utiliser comme vecteur de connaissance et comme levier capacitaire ». Le compagnonnage, dans la charte, produit des « gestes premiers qui sont ceux de la transmission, du partage et du soin ». Enfin, on lit dans ce texte que « nous bâtissons toujours pour d’autres peuples, d’autres temps, d’autres espaces, d’autres espèces ». Et les auteurs nous invitent à réaliser une fresque avant d’investir un lieu, « à savoir une frise chronologique, historique et une cartographie de l’espace (…) pour entreprendre un récit autrement qu’avec des mots ».