Dans les 3 premiers mois de 1959, sont lancés coup sur coup les albums suivants:
Sonny Side Up de Sonny Sitt, Sonny Rollins & Dizzy Gillespie.
Dizzie réunit deux "Sonny" saxophonistes afin de les lier aux frères Bryant, Ray au piano et Tommy, à la basse, ainsi qu'à Charlie Peesip à la batterie, et on créé ensemble des feux d'artifices sonores. Gillespie fait exprès pour gonfler les ego de Rollins & Sitt afin de les faire compétitionner entre eux sur les morceaux. La chanson The Eternal Triangle en fait formidablement foi. Les titans du sax tenor s'en donnent à coeur joie et tirent le meilleur d'eux-mêmes.
Cet album de l'excellent batteur qui se dit meilleur avec des musiciens plus jeunes, est effectivement la meilleure musique qu'il produira de sa carrière. Au moins trois morceaux, dont la pièce titre deviennent des immortelles standards. Bobby Timmons, au piano, est somptueux et Benny Golson, au sax tenor, a de la classe. Blakey est parfois militaire, toujours fameusement rythmique (naturellement), et tout à fait hard bop. Cet album est un incontournable du jazz. Charlie Watts, des Rolling Stones, en était grand fan.
Parlant des Rolling Stones, le musicien préféré de Brian Jones, au point qu'il nommera tous ses fils (de plusieurs mariage, Julian, Adderley et son quintet, lancent un album enregistré...à Chicago, oui, comment l'avez vous deviné ? Cette excitante session est particulièrement intérressante quand on réalise qu'il s'agit du Miles Davis Sextet, moins Miles Davis. Ils se connaissent et savent s'écouter, prenant peu de prises à enregistrer leurs morceaux tellement ils savent anticiper où s'en va l'autre. Une édition plus tardive présentera Adderley & Coltrane, quand ce dernier sera plus connu.
Dans les mois printaniers sont lancés:
Everybody Digs Bill Evans du Bill Evans Trio
L'album du jeune pianiste présente une pochette où sont offerts les bons mots de Cannonball Adderley, Miles Davis, Ahmad Jamal et George Shearing. À peu près au même moment, Evans brille avec Miles, Adderley et Coltrane. Son trio est composé de lui-même au piano, Philly Joe Jones à la batterie et Sam Jones à la basse (aucun lien dans le sang, sinon la rythmique dans le sang). Evans attire définitivement l'attention avec cet effort, un de ses premiers, en tant que leader.
Le troisième album du pianiste de Chicago avec son band les établit comme fournisseurs de nouvelles harmonies jazz complexes, alors que jusqu'à maintenant, on jouait principalement des standards. La dextérité, la précision, les tonalités sont recherchées, et le côté avant-garde donne un élément de fraicheur fort appréciable.
Même avec des efforts comme celui-ci, Gillespie reste parmi les grands du métier. Il fait figure de "vieux renouvelé" avec des effluves de musique latine, aidé du piano agile de Junior Mance. Les solos de trompette sont bien aiguisés et Sam Jones est encore au poste, à la basse. C'est très rythmé, comme le titre promettait de l'excitation, et la flute et la guitare y trouvent aussi leurs places afin de s'esquiver en solo par moments. Pas négligeable du tout dans la carrière de Dizzy.
5 By 5 de Thelonious Monk
5 morceaux de Monk, joués en quintet. Ce sera la toute première fois que Monk, pianiste a, dans son band, à la fois trompette (Thad Jones) et sax (tenor-Charlie Rouse). Sam Jones est increvable à la basse et Art Taylor est aux percussions. Rouse ne le quittera presque plus de toues les années 60 qui arrivent. Dès l'ouverture, un duel complexe semble s'établir entre Monk et Rouse. La trompette y est habilement amenée, dans les arrangements, et on y joue des vieux morceaux de Monk, réarrangés et quelques nouveaux, pas piqués des vers.
Un album multi millionnaire dans les ventes qui a été enregistré principalement modalement par le sorcier Miles et son équipée. John Coltrane, Bill Evans, (Julian)Cannonball Adderley, Paul Chambers, Jimmy Cobb et Wynton Kelly, difficile de trouver meilleur band dans l'histoire du jazz. Ils avaient tous été avisés des lignes directrice du maitre Davis, mais avaient le mandat d'ensuite improviser au meilleur de leur flair, en studio. Le résultat est extraordinaire. À la fois ambiant, relax, suave, presque film trame sonore de film noir, l'album est vite devenu un classique et est souvent cité parmi les 3 meilleurs de tous les temps. Dans le monde du jazz.
Construit très serré, contagieusement joyeux et hard bop, cet album marque le sommet de la collaboration entre le pianiste Silver et son trompettiste Blue Mitchell, son sax Junior Cook, son bassiste Gene Taylor et son batteur Louis Hayes. C'est aussi un des meilleurs rassemblements de morceaux originaux sur une même galette. Parfois ballades, parfois gospels, parfois très rythmées, les compositions sont riches et variées. Exotique, presque funky par moments, incontournable d'Horace et ses amis.
Et à l'automne:
Pour savoir si on aime le talent de cet immense contrebassiste, cet album est un excellent point de départ. Il est accessible, brillamment sculpté, extrêmement focus et discipliné, on y fait un hommage à Lester Young, décédé peu de temps avant la fin de la session enregistrée avec John Handy, Booker Ervin et Shafi Hadi au sax, Jimmy Keeper et Willie Dennis aux trompettes, Horace Parlan au piano et Dannie Richmond à la batterie. Trois morceaux deviennent d'instantanés classiques. On y fait des clins d'oeil au Duke et à Jerry Roll Morton. Des paroles de clown de vaudeville, qui étaient surtout des onomatopées, ont été censurées par les producteurs de l'époque mais ont pu être récupéré dans les versions subséquentes.
The Shape of Jazz To Come d'Ornette Coleman
Time Out de Dave Brubeck
Count Basie, qui apparait sur 8 albums en 1959, rafle le Grammy de la meilleure performance jazz.
Ella Fitzgerald, qui apparait apparait sur 4 albums, en 1959, gagne le Grammy de l'interprête jazz de l'année.
Ce week-end, avec le beau-père dans les pattes qui m'obligeaient à de mortellement ennuyeuses taches de bricolages sur le terrain et à la maison. m'a vu libéré de cette prison, quand il est parti, dimanche, et j'ai eu le réflexe de me faire trois listes de lecture de musique jazz sur mon téléphone.
Après avoir fait des listes, sur les trois dernières années de Frank Sinatra, Miles Davis, John Coltrane, Charlie Mingus, Sonny Rollins, Billie Holiday, Thelonious Monk, Nina Simone, et bâti, ici et là une liste simplement "jazz" de morceaux glanés un peu partout (au Condotel, souvent), je me suis fait un trio de listes de lecture de jazz (de caucasiens, sans le réfléchir) de Dave Brubeck (59 minutes), Stan Getz (2h26) et Bill Evans Trio (1h32).