Il y a peut-être un puits et peut-être un château,
Ou peut-être simplement la route qui continue.
Je ne le sais pas ni ne pose la question.
Et quand je suis sur la route avant le tournant
Je ne regarde que la route avant le tournant,
Parce que je ne peux voir que la route avant le tournant.
Cela ne me servirait à rien de regarder au-delà,
Vers ce que je ne vois pas.
Préoccupons-nous seulement de l’endroit où nous sommes.
Il y a assez de beauté à être ici et non quelque part ailleurs.
S’il y a quelque chose au-delà du tournant de la route,
Que d’autres s’interrogent sur ce qu’il y a au-delà du tournant de la route,
C’est bien là ce qu’est la route pour eux.
Si nous devons arriver là-bas, nous le saurons quand nous y arriverons.
Pour l’instant tout ce que nous savons c’est que nous n’y sommes pas.
Ici, il n’y a que la route avant le tournant et avant le tournant
Il y a la route sans aucun tournant.
*
Para além da curva da estrada
Talvez haja um poço, e talvez um castelo,
E talvez apenas a continuação da estrada.
Não sei nem pergunto.
Enquanto vou na estrada antes da curva
Só olho para a estrada antes da curva,
Porque não posso ver senão a estrada antes da curva.
De nada me serviria estar olhando para outro lado
E para aquilo que não vejo.
Importemo-nos apenas com o lugar onde estamos.
Há beleza bastante em estar aqui e não noutra parte qualquer.
Se há alguém para além da curva da estrada,
Esses que se preocupem com o que há para além da curva da estrada.
Essa é que é a estrada para eles.
Se nós tivermos que chegar lá, quando lá chegarmos saberemos.
Por ora só sabemos que lá não estamos.
Aqui há só a estrada antes da curva, e antes da curva
Há a estrada sem curva nenhuma.
***
Fernando Pessoa (1888-1935) – Poèmes jamais assemblés d’Alberto Caeiro (Unes, 2020) – Ttraduit du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade et Fabienne Vallin.