LES CRIMES DU FUTUR Un film à éviter pour moi, Pascal a moins détesté que moi, le dernier film de Cronenberg, les crimes du futur ; je déteste tles films de cet acabit, quand je reste extérieure et vois toutes les ficelles, les références cinématographiques la fin le côté « mode » esthétique et le jeu insignifiant de Léa Seydoux avec larmes en plus…..bien sûr à côté Viggo Mortensen….dans son costume à la DREYER Pasolini…..les efforts effets spéciaux avec la gageure de rendre erotiques les ouvertures des corps avec le moins de sang possible et appeler cela l’ouverture sur la beauté intérieure… mais attention il n’y a aucun humour !!! Cela m’a fait la même impression que le soit disante beauté d’une démonstration scientifique au tableau…. Et les baladeurs qui se retrouvent devant ce film pour voir ressentir, les extérieurs à l’œuvre, on s’en fout c’est un film que pour cinéphiles… bien loin de la science fiction…. Oui j’ai préféré Titane……Et c’est tout le contraire d’Elephant Man
CRITIQUES Télérama EN COMPÉTITION — Un couple d’artistes s’explore les entrailles lors de performances en public… Ce film de science-fiction horrifique, en compétition à Cannes et sur les écrans le 25 mai, divise la rédaction. Visionnaire ou désincarné ? La beauté, David Cronenberg a toujours tourné autour. Beauté atroce, scandaleuse, cela va sans dire. À travers les spécimens monstrueux qu’il a sculptés, de sa mouche humaine géante (La Mouche) à ses amants de chair et d’acier accros à l’accident de voiture (Crash), ce maître inégalé de la science-fiction horrifique marie divinement depuis maintenant une cinquantaine d’années l’esthétique et le jeu métaphysique. Que ses héros, dans son nouveau film conçu comme une sorte d’anthologie, soient un couple d’artistes du body art est en soi un aboutissement logique. Car le corps dans tous ses états, c’est l’autre grande affaire du cinéaste canadien. Qui reprend ici au pied de la lettre le concept volontiers vaporeux de « beauté intérieure », en allant crûment chercher le sublime dans les entrailles.Chirurgienne de formation, la blonde Caprice (Léa Seydoux) collabore étroitement avec son compagnon, l’artiste d’avant-garde Saul Tenser (Viggo Mortensen). Télécommandant le bistouri avec la dextérité d’une calligraphe, elle lui ouvre le corps lors de performances organisées devant un public fervent. Leur but est d’extraire les nouveaux organes qui se sont mystérieusement développés à l’intérieur de Saul. Des organes que le couple a pris soin, bien avant l’intervention, d’orner de tatouages ! Ces créateurs vivent dans un monde obscur et désert, qui semble avoir été dévasté par la guerre ou une catastrophe liée au dérèglement climatique. Un univers où le corps humain, en train de muter, pour le pire mais aussi, qui sait, pour le meilleur, est soumis à une surveillance accrue. Le contexte est si trouble qu’on a du mal à distinguer un camp du Bien. Deux bureaucrates travaillant pour le Registre national des organes (sic) s’intéressent de très près au couple. Par ailleurs, une brigade des mœurs enquête tandis qu’une organisation clandestine organise un étrange trafic…
Les Crimes du futur, en compétition au Festival de Cannes, oscille entre polar et science-fiction, mais à des années-lumière du blockbuster rutilant, saturé d’écrans vidéo. On ne voit quasiment pas la lumière du jour et la plupart des scènes se déroulent dans des intérieurs vides ou désaffectés, où traînent de vieux objets et de la paperasse. C’est avec le minimum de moyens et d’effets spéciaux, dans un esprit de série B bricolée proche de ses débuts, que Cronenberg livre une leçon de cinéma captivante. En témoignant d’un imaginaire plastique délirant, à travers des innovations technologiques qui sont des personnages en soi, entre l’organique et l’animal. Citons cet « orchibed » dans lequel Saul Tenser se love pour se ressourcer : un lit en coquille de noix molle (ou en carapace d’insecte ?) suspendu au plafond par des sortes de pattes. Ou bien ce « breakfaster », fauteuil mouvant qui semble fait d’os en cire !Ces accessoires fantasques sont des extensions du corps de Saul. Lequel, entre difficulté à déglutir et paralysie du bras, manifeste peu à peu les signes d’un mal qui se confond avec ses créations. C’est la belle idée transgressive et cathartique du film : faire de la maladie un moyen d’avancer et de s’élever. À deux. Puisque Saul forme avec sa femme un couple soudé, qui fait tout ensemble, rendant caduque la distinction muse/pygmalion. Tout de noir vêtu avec capuche, tel un moine médiéval, lui reste le plus souvent tapi dans l’ombre, tandis qu’elle est associée à la lumière. Caprice est à la fois garde-malade, ange gardien, metteuse en scène, partenaire. De travail comme de sexe, Cronenberg revisitant les fameuses noces d’Eros et de Thanatos, en utilisant la chirurgie et une étrange machine à autopsier comme tremplins vers l’orgasme. À ce titre, le film ne manque pas d’ironie — voir la scène où la bureaucrate ardente (Kristen Stewart) tente d’embrasser Saul, qui se recule, s’excusant « de ne pas être très doué en vieux sexe ».Le film marque néanmoins par son sens envoûtant de la cérémonie crépusculaire, où se mêlent le sacré et le sacrilège. Entre infanticide, détournement de cadavre, scarifications et cicatrices baroques, Les Crimes du futur est violent mais d’une violence calme, conceptuelle. Le cinéaste continue de faire réfléchir sur des oppositions — peau/profondeur, forme/fond, progrès/déclin. Il a surtout la suprême audace de dépasser la noirceur extrême pour faire luire malgré tout sa foi dans l’homme et son aptitude à se réinventer — y compris en l’imaginant capable de digérer des déchets toxiques. C’est à travers ce type de visions que Cronenberg est un génie hérétique. − Jacques Morice
CONTRE Frédéric Strauss Passionné par les mutations de l’être humain, David Cronenberg semble pourtant aveugle à celle qui le menace lui-même et dénature son talent… Venu du cinéma de genre, qui joue avec nos peurs et nous prend aux tripes, le réalisateur canadien s’est mué en un artiste conceptuel et cérébral. Si elle peut susciter l’intérêt, cette évolution débouche d’abord, pour le spectateur, sur une véritable épreuve. C’est frappant avec Les Crimes du futur, où l’imagination semble s’enflammer à nouveau (sans doute parce que le scénario a été écrit il y a vingt ans), puis, très vite, se glace et se fige, gagnée par le détachement, la sécheresse.Cette fiction dont le corps est le centre ne prend jamais chair. Les plans défilent comme les tableaux d’une exposition, la caméra aussi stoïque qu’un clou planté dans le mur. Et quel est ce futur inconsistant où des créateurs performeurs évoluent dans des décors sommaires ? On ne sait s’il faut blâmer le manque de moyens pour cet univers mal bricolé. Les personnages y sont posés comme des objets, des sculptures que contemple un Cronenberg hors du monde, replié sur ses pensées, en plein soliloque. Celui dont on aimait la radicalité provocatrice, héritée de la culture pop, est devenu un penseur à l’humeur sombre et aux visées obscures. Qui ne règne plus ici que sur un cinéma terriblement dévitalisé. − Frédéric Strauss