Lire c'est ce que je fais en tout temps en tant que traducteur. Ce n'est même plus travailler c'est simplement une extension de "voir".
Lire c'est s'insérer dans un monde qui n'est pas le sien. C'est affronter des propositions parfois contraires, c'est explorer des univers mentaux, c'est s'ouvrir les sens, c'est accepter de respirer sur le rythme d'un(e) autre.
HEY NOSTRADAMUS! de DOUGLAS COUPLAND.
Au nombre d'écrivains sur terre, je m'étais donné comme règle de ne jamais placer deux fois le même auteur dans cette case de chronique mensuelle. Je déroge. Le livre s'est imposé tout seul cette semaine.
Je suis grand amateur de cet auteur canadien.
4 narrateurs nous accompagnent dans ce livre. La première a été tuée dans une tuerie scolaire, à Vancouver. Les trois autres nous parlent de l'après tuerie. Immanquable tatou moral indécrottable de nos peines intérieures. Mais Coupland n'est pas que touchant, il est aussi extrêmement drôle. Ce livre n'est pas que tragédie. Il explore et répertorie plusieurs formes de tragédies, et critique les multiples manières de composer avec le deuil, de sa parfumer de la saveur d'un drame, de plaquer les effluves d'une tragédie sur les autres. À la toute fin, on y trouve une étrange sorte de paix et une rédemption.
Le fait que la tuerie s'impose dans une classe de jeunes étudiant le religion n'est pas innocent non plus. Coupland a été largement affecté par la religion dans sa vie. Nous le sommes tous encore. Pas toujours avantageusement. La religion tue davantage qu'elle n'aide. Deux balles viennent de m'effleurer les oreilles en disant ceci. Je ne me trompe donc pas.
D'ailleurs, dans le type documentaire, et afin de me faire pardonner de vous parler une seconde fois de cet auteur que j'aime beaucoup, je vous suggère aussi Columbine, de Dave Cullen, dans le type docu-réalité.
À tous les pro-armes à feu, qui, dans vos vies doit mourir de la violence gratuite d'une fusillade, pouvant survenir en tout temps, aux États-Unis, pour que vous ayez envie d'effleurer le sujet du contrôle des armes à feu ?
C'est prêcher dans le désert, je sais. Mais peut-être qu'un jour, surement longtemps après mon passage sur terre, on parlera tristement de notre époque et de ces gens comme d'une époque ratée.
Où les choix n'auront, trop longtemps, dramatiquement, pas été les bons.
Y a un endroit plus bas, où trouver un hockey est très difficile, mais 300 fusils vous sautent aux yeux.
Je suis content d'être du Québec d'Amérique.