Le président argentin à son arrivée à Berlin, au début du mois de mai
Photo Service de presse de la présidence argentine
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La récente tournée du président Alberto Fernández en Europe, en Espagne, puis en Allemagne et pour finir en France, il y a une dizaine de jours, a porté ses fruits. Le chef d’État argentin vient d’être invité par le chancelier allemand, Olaf Scholz, à participer à la prochaine réunion du G7, le 27 juin, en Bavière, puisque c’est Scholz qui assume en ce moment la présidence tournante de cette instance informelle.
On y parlera de fourniture d’énergie et de boycott de la Russie ainsi sans doute que de fourniture de blé et de tournesol.
Ce qui tombe très bien et explique d’autant mieux cette soudaine tournée européenne : l’Argentine produit du pétrole depuis le début du XXe siècle et c’est un champion agricole, avec une importante production de blé et de tournesol, sur laquelle pèse pour le moment un embargo à titre conservatoire afin d’alimenter d’abord le marché intérieur avant que les gros propriétaires exportateurs puissent faire la fête aux billets verts. Tout cela devrait donc se discuter entre gens responsables et on verra peut-être par la suite l’Argentine lever quelque peu les restrictions qui agacent tant le patronat agraire du pays !
Bien entendu, en ce jour de fête
nationale, seul Página/12
se fait l’écho de cette réussite diplomatique. La droite est
muette devant ce qu’elle ne peut pas critiquer. Le G7, c’est en
effet tout ce qu’elle prétend prendre pour modèle ! C’est
assez gênant que celui qui l’obtienne enfin soit un président de
gauche, de surcroît contesté au sein même de sa majorité (pour
des raisons qui s’apparentent surtout à un sectarisme de derrière
les fagots).
Dans les jardins de l'Elysée, le 13 mai dernier
Photo Service de presse de la présidence argentine
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L’Argentine ne sera toutefois pas le seul pays invité : participeront aussi le Sénégal, l’Inde, l’Indonésie et l’Afrique du Sud. Sans doute un effort, forcé par les circonstances (1) mais néanmoins louable, des puissances « occidentales » pour mieux intégrer à « l’ordre du monde » démocratique des pays d’autant plus tentés par le discours officiel russe qu’ils se sentent tenus par nous pour rien.
Jusqu’à présent, l’Argentine avait pu intégrer le G20 dès sa création. Elle caresse maintenant l’ambition d’être admise parmi les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ce qui n’est pas vraiment du goût de la droite.
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller plus loin :
(1) De toute façon, hélas, ce genre de revirement diplomatique ne se fait jamais si le pays n’y est pas contraint de l’extérieur. Un effet secondaire de la politique de Poutine, opposé aux objectifs poursuivis par le dictateur.