Un patient sur 8 hospitalisé avec le COVID-19 reçoit un diagnostic de myocardite ou d’inflammation cardiaque, selon cette recherche de cliniciens de l’Université de Glasgow menée sur les effets cliniques à long terme du COVID-19. Les données, à paraître dans la revue Nature Medicine, apportent un nouvel éclairage sur les effets à plus long terme de l’infection au COVID-19 et vont permettre d’optimiser les approches de traitement.
L’étude a également examiné pourquoi certains patients développent une forme longue, après une hospitalisation. Jusqu’à présent, on faisait l’hypothèse que les problèmes de santé sous-jacents préexistants ou comorbidités pouvaient être liés à la gravité des effets à long terme du COVID. Cette nouvelle étude suggère que c’est la gravité de l’infection au COVID-19 elle-même qui est le facteur de risque le plus important de COVID long.
Des complications concentrées chez un petit nombre de patients
L’étude CISCO-19 (Cardiac Imaging in SARS Coronavirus disease-19) a suivi pendant un an, « en temps réel », 159 patients après leur hospitalisation pour COVID-19 et a documenté l’ensemble de leurs problèmes de santé. Les chercheurs ont comparé leur état de santé à ceux d’un groupe témoin d’individus d’âge, de sexe et ayant des antécédents médicaux similaires. Les évaluations comprenaient des tests sanguins, l’imagerie cérébrale de plusieurs organes, dont le cœur, les reins et les poumons, ainsi que la prise en compte de la perception des patients sur leur propre santé. Les résultats cliniques, dont la survie, la réadmission à l’hôpital et l’orientation vers des services de santé externes ont également été pris en compte dans l’analyse.
L’hospitalisation pour COVID-19, marqueur d’une forme relativement sévère de la maladie, se confirme comme associée un certain nombre de problèmes de santé à long terme :
- 1 patient sur 8 hospitalisés avec COVID-19 souffre d’inflammation cardiaque ;
- l’inflammation dans tout le corps et les dommages aux autres organes tels que les reins sont également des effets courants ;
- ces différentes complications s’avèrent concentrées chez un petit nombre de patients, ce qui suggère que la gravité globale de la maladie COVID-19 était leur principal moteur ;
- la capacité d’exercice et la qualité de vie liée à la santé sont nettement altérées juste après la sortie de l’hôpital et restent très réduites 1 à 2 mois après la sortie chez tous les patients, cependant ces 2 caractéristiques sont particulièrement dégradées chez les patients souffrant d’inflammation cardiaque ;
- sur une période de suivi de 450 jours après la sortie de l’hôpital, 1 patient sur 7 est décédé ou a été réadmis à l’hôpital,
- 2 patients sur 3 ont eu besoin de soins ambulatoires.
- Les patients eux-mêmes signalent que le fait d’avoir été hospitalisé avec le COVID-19 est associé non seulement à une moins bonne qualité de vie liée à la santé mais aussi à l’anxiété et à la dépression.
L’auteur principal, le Dr Colin Berry, professeur de cardiologie et d’imagerie à l’Université de Glasgow, commente ces données : « le COVID-19 est bien une maladie multi-système et des lésions cardiaques, pulmonaires et rénales sont généralement constatées après l’hospitalisation initiale par les scanners et tests sanguins. Ces résultats apportent à notre compréhension actuelle des syndromes post-COVID-19, nommés « COVID long » avec des données objectives des complications de la maladie ».
Gravité ne rime pas toujours avec comorbidités : la conclusion la plus importante de l’étude est que c’est la gravité de l’infection COVID-et non la condition de santé sous-jacentes du patient qui fait les résultats de santé, après la maladie. Ainsi, des patients auparavant en bonne santé, sans aucun problème de santé sous-jacent, peuvent eux-aussi développer des complications graves, notamment une myocardite, après l’hospitalisation.
COVID long et sexe féminin : l’étude révèle également que ces formes longues affectent plus souvent les femmes. Le sexe féminin est ainsi plus étroitement associé à la myocardite. D’autres facteurs sont également confirmés comme plus fortement associés à ces complications cardiaques, dont notamment le surpoids ou l’obésité, l’hypertension artérielle et le prédiabète ou le diabète.
L’étude est toujours en cours avec l’objectif d’identifier les conséquences à plus long terme encore des COVIDs sévères.
Sources: University of Glasgow Communications and Public Affairs Office Communique 23 May, 2022 et Nature Medicine 23 May, 2022 Multisystem, cardio-renal investigation of post-covid illness (In Press)
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Équipe de rédaction SantélogMai 25, 2022Équipe de rédaction Santélog