Guerre complexe en Géorgie

Publié le 11 août 2008 par Posuto

par RV

La Géorgie est un pays de taille modeste, l’équivalent d’environ deux régions françaises, et peuplé de 4,5 millions d’habitants. Il s’étale en longueur de la Mer Noire à la Mer Caspienne. Le relief y est varié mais essentiellement montagneux puisque la Géorgie appartient à l’ensemble du Caucase, qui, n’en déplaise aux Frenchies, est bien le toit de l’Europe en dépassant les 5000 m.

Depuis Staline, la Géorgie (qui était sa région natale) est composée de plusieurs sous régions aux dénominations administratives variées. 3 d’entre elles ont des velléités séparatistes : l’Adjarie au Sud-Ouest, fortement attirée par la Turquie, l’Abkhazie au Nord-ouest, très russophone et russophile, et enfin l’Ossétie du Sud (au Nord de la Géorgie, au Sud de la Russie).


Sources : Wikipedia + CIA World Factbook

Cette dernière jouissait jusqu’en 1991 d’un statut d’autonomie que le gouvernement de Géorgie, récemment séparé de l’URSS, lui supprima en 1991.

Depuis, la tension est très forte entre les Sud-Ossètes et la Géorgie. Le conflit déclenché il y a quelques jours est logique : la Russie considère qu’elle a un droit/devoir de protection vis-à-vis de l’Ossétie du Sud, considérée comme la soeur de l’Ossétie du Nord qui elle, appartient à la Russie.

De plus, Medvedev-Poutine saisissent l’occasion de s’affirmer comme la seule alternative à l’OTAN, puisque la Géorgie en fait partie aujourd’hui. Objectivement, il joue sur du velours puisque l’agression première est venue de l’armée géorgienne. Aujourd’hui 11 août, les combats continuent, la capitale géorgienne a subi des bombardements et les USA menacent la Russie si elle poursuit sa contre-offensive.

Il semble selon les bilans officiels en cours que l’Ossétie soit incomparablement plus touchée par cette guerre que la Géorgie. On dénombrerait ainsi 30000 réfugiés ossètes, 2000 morts, contre une centaine de décès en Géorgie.

On ne peut faire de manichéisme dans ce conflit. La Géorgie a certes un gouvernement démocratique mais elle a géré sa crise ossète avec brutalité. La Russie a certes un gouvernement très autoritaire mais elle n’a que répondu à une agression. En même temps, elle a franchi les frontières de la Géorgie pour cela.

L’écheveau est bien difficile à démêler. Et il rappelle tristement la Yougoslavie des années 1990, un mélange de conflit type guerre froide superposé à des tensions nationalistes, sans oublier les intérêts économiques jamais bien loin dans ce type de crise : en l’occurrence, la Géorgie est traversée par de nombreux gazoducs et oléoducs, et les provinces séparatistes, Ossétie et Abkhazie, sont considérées comme des zones de trafic intenses où le pouvoir réel est détenu par des mafieux, des anciens du KGB et des affairistes de toutes eaux.

Reste qu’ici comme en Tchétchénie, les populations civiles payent le prix de la géopolitique, et un prix très élevé, comme en témoignent les images de guerre qu’on peut consulter sur Internet ou voir à la télévision.

A l’heure du chloroforme olympique, le monde s’intéresse-t-il à ce conflit ? Pourquoi est-ce la France, certes Présidente de l’UE en ce moment, qui sert de coupe-feu, plutôt que l’ONU ? Car après tout, ni la Géorgie ni la Russie ne font partie de l’UE, mais en revanche, elles ont bien un siège à l’ONU. M. Ban Ki-moon, abrégez vos vacances.

RV