Pour continuer la série des interviews rock'n glam, je suis cette fois allée titiller Kriss (chant) et Aurel (batterie) qui officient tous deux au sein du groupe
Digital Coma.
Kriss c'est la fille, Aurel c'est le mec. On s'est dit que pour une fois ce serait marrant d'avoir l'avis et le point de vue d'un mââââle. Let's see.
Comment s'est passée ton intégration au sein du groupe ?
Kriss : Avec Digital Coma, on se connaissait déjà, on avait fait des scènes ensemble (notamment au Trabendo), à
l’époque de mon ancien groupe. J’ai quitté mon groupe en juin 2007 et leur chanteuse est partie en octobre. Au cours d’une petite soirée chez moi, où j’avais invité Pierre-Antoine, le guitariste de
DC (c’était mon voisin), il m’a proposé de venir faire un essai en répète avec le groupe.
Ça a tout de suite collé musicalement et surtout humainement : le même état d’esprit, sans prise de tête, la même passion sans concession et surtout un humour tout pourri qui est le lien entre nos
différentes personnalités !
Aurel : Effectivement, j’avais déjà vu Kriss sur scène et je dois dire que j’avais flashé sur sa voix et son jeu de scène. Alors quand la place a
été libérée par Maryline, on n’a pas eu vraiment à chercher. C’était tout vu pour moi et le guitariste, et les autres ont été super enthousiastes dès les premières répètes.
En fait, son intégration s’est passée comme une lettre à la poste.
En tant que fille penses-tu avoir plus de preuves à faire qu'un autre, est-il plus difficile d'imposer ou de faire accepter tes
idées ?
Kriss : Je pense que ça dépend vraiment des personnes avec qui tu joues.
Dans mon ancien groupe (que des mecs également) je pense que leur principale motivation pour recruter une fille était l’image, mais ils ne l'avaient pas exprimé clairement. Du coup, ça a été
difficile pour moi, car j’étais en décalage avec ce qu’ils voulaient, je sentais beaucoup de pression et j’avais du mal à me lâcher. Résultat : une créativité bridée, un manque de confiance, et
surtout beaucoup de tensions dans le groupe (qui existaient déjà avant mon arrivée), principale cause de mon départ.
Dans Digital Coma, c’est très différent. Les membres du groupe sont plus psychologues. Leur motivation pour choisir une chanteuse est beaucoup plus profonde : la musicalité, la douceur et en même
temps la force que peut dégager une femme, la sensualité, une subtilité et un mystère… je ne dis pas qu’un mec ne peut pas dégager ça, mais je crois qu’il y a chez les membres de Digital Coma une
sensibilité féminine plutôt rare.
Aurel : Ah ! heeeeuuuu, bein justement Kriss, j’voulais t’en parler, en fait on t’a prise pour l’image avant
tout, chuis désolé d’apprendre que t’avais pas compris ce critère de recrutement.
Pour être sérieux, oui je pense effectivement que les gens ont tous une part de l’autre sexe plus ou moins développée et qu’ils assument plus ou moins bien.
Et je pense avoir un côté féminin assez développé que j’assume totalement.
Et c’est naturellement que le besoin d’avoir une fille au chant s’est fait ressentir.
En fait je n’aime pas vraiment le côté viril que dégage un chanteur de rock. Une femme au chant réussit mieux à faire passer des émotions et des nuances à travers la sensualité de sa voix et celle
qu’elle dégage.
Donc pour répondre plus précisément à la question, peut-être qu’une fille a plus de preuves à faire qu’un homme au chant, (comme pour tout dans nos sociétés bien plus machistes qu’on ne veut bien
le croire), mais Kriss n’a eu je pense aucune difficulté à ce niveau là dans Digital Coma, étant donné notre état d’esprit.
Es-tu plus tôt leader, suiveuse, effacée... ?
Kriss :
D’une manière générale, dans un groupe, je ne pense pas qu’on puisse me qualifier d’effacée. Je suis quelqu’un d’assez extraverti, j’aime parler, rire, concourir de nullité dans les blagues…
Personne n’est vraiment « leader » dans Digital Coma, en tout cas, pas moi. Je n’en ai pas la prétention, surtout que je suis arrivée assez récemment et que Digital Coma avait déjà une existence de
10 ans !
On a un fonctionnement assez collégial, ce qui importe, c’est qu’on kiffe tout ce qu’on joue.
Après, sur scène, c’est encore autre chose, bien sûr, en tant que chanteuse, je prends la position de leader du groupe, c’est comme ça… mais encore une fois, ça n’empêche pas de mettre en valeur
les musiciens. Je pense que chacun est là pour souligner le talent des autres, et pour le public, c’est tellement plus agréable, en concert, de voir un groupe plein de cohésion et de complicité
qu’une somme de musiciens chacun dans son coin essayant de briller plus que les autres… l’énergie rendue est complètement différente.
Aurel :
En fait Kriss ne veut pas se l’avouer mais c’est bien la leader du groupe, ça s’est fait naturellement étant donné qu’on aime bien être dominés par les femmes !
Quels sont les avantages et les inconvénients d'être la seule fille dans un groupe de mec ?
Kriss : Ben l’avantage, c’est clair : j’ai 4 beaux mecs pour moi toute seule !
Les inconvénients, c’est qu’ils boivent de la bière et font des blagues vulgaires de gros métalleux que mes oreilles délicates ont du mal à supporter…
Ah oui et aussi : je suis la seule à pas pouvoir me mettre torse-nu quand il fait trop chaud dans le studio…
Aurel : Ah bon ? moi je croyais que t’avais jamais chaud !
Pourrais-tu faire de la musique avec une ou des autres filles ?
Kriss : Ça c’est piège comme question !!
Je crois que j’aurais probablement du mal à accepter l’arrivée d’une fille dans le groupe, je pense que je sortirais les griffes. J’aime bien ma spécificité, et puis ça me fait triper d’être la
seule fille ! En plus, c’est bien connu, dès que tu fais bosser des filles ensemble, c’est la merde. Y a pas plus chipies que les filles entre elles !
Le seule cas où je serais capable de jouer avec une autre fille c'est si c’était une copine, une fille que je connais déjà et avec qui je sais que c’est détendu… .
Aurel : Ben oui ! c’est idiot comme question ! Ah non mais je peux pas répondre à celle là, oooohhh lala c’est compliqué hein !
C'est quoi être rock'n roll pour vous ?
Kriss : C’est avant tout un style de vie ! Etre rock’n’roll, c’est être libre (dans le sens de la définition de Sartre : « Etre libre, ce n’est pas
faire ce qu’on veut mais vouloir ce qu’on fait ») et passionné. Ne jamais s’endormir, toujours réfléchir, faire des rencontres insolites, partager, aimer…. Vivre…
En tout cas pour moi, tout ce qui n’est qu’image n’est pas rock’n’roll.
Etre rock’n’roll c’est être authentique.
Aurel : Pour moi ça veux rien dire, c’est un concept comme tant d’autres qui incite les gens à se classer selon des critères
restreints. Quelles sont vos icônes rock ?
Kriss : Mike Patton, parce qu’il n’a peur de rien. Il a tout osé.
Marianne Faithful, pour sa beauté purement rock. Je me comprends !
Robert Plant pour sa longévité musicale (c’est un des seuls à ne pas ressembler à un vieux rockeur sur le retour quand il fait des concerts aujourd’hui).
Aurel : Mike Patton pour sa modestie. Marianne Faithful même si elle n’est pas très belle. Robert Plant même s’il est un peu ringard aujourd’hui
!
Ton style vestimentaire ?
Kriss : Je suis pas très « fashion », je me moque éperdument de la mode. J’aime un peu de tout, j’ai un style plutôt décontracté, j’aime être à
l’aise dans mes fringues. J’ai un style très légèrement métal (futes larges, petits débardeurs tout simples, sweat de groupes de musique, beaucoup de noir), mais j’adore aussi les fringues un peu
népalaises (jupes et tuniques…)
Aurel : En fait elle est un peu post ado ! C’est ce qui fait son charme ! (Les fringues népalaises, c’est ça ouais !)