Dans les steppes de Mongolie – Bis Lundi 11 août
Dépaysement. Dépaysement. J’ai l’impression que j’ai quitté la France depuis des mois. Pas d’électricité, pas de télé, pas de radio, pas de journaux, un accès Internet des plus réduit… Et l’air de la steppe fait perdre la notion du temps. La preuve : j’ai daté mon post d’hier Lundi 11, alors que Lundi c’est aujourd’hui…
Rien à signaler dans la nuit de Samedi à Dimanche à part que Michèle (la retraitée du CNRS), toujours la tête en l’air surtout en dormant, est tombée de son lit. Grand émoi, mais plus de peur que de mal.
Sinon un Dimanche comme on en voudrait beaucoup. Un mouton, une chèvre, une marmotte, une perche (le poisson)…
Le matin un pauvre mouton est arrivé au campement. Il a été proprement occis par un mongol. On lui tranche l’aorte, puis on serre l’aorte tranchée avec la main. Le cœur continue de battre, mais le sang ne circule plus. Et le mouton rejoint le paradis des moutons mongols en une minute sans souffrir. Enfin c’est Pierre Henri qui le dit (Pierre Henri est l’archéologue qui a fait depuis 20 ans des tas de recherches avec Yves Coppens dans le pays. Donc, le mouton il connaît).
Tout est bon dans le mouton mongol. Recueil du sang pour le boudin, et les femmes de notre famille hôte ont nettoyé les abats. Les hommes ont découpé le mouton à même le sol, sur une peau de chèvre. En photo le mouton en morceau dans la yourte de notre famille d’accueil.
Il y avait eu la veille une grosse discussion pour savoir s’il fallait un ou deux gigots, ou s’il fallait couper en tranche l’autre… On a décidé 2 gigots.
Stéphane, pendant les préparatifs, a fabriqué un âtre de fortune avec des pierres. Eric, risque à avoir des problèmes de vertèbres, a coupé du bois. Et nos femmes sont allés chercher dans la steppe environnante du thym sauvage, et ont paré les gigots avec force aux et sel. Moi j’ai regardé.
J’oubliais, le mouton à peine parti pour les joies éternelles, Jean Pierre, 3 Mongols et 2 fusils qui tiennent de l’arquebuse, à la rigueur du Lebel, sont partis à cheval pour la chasse à la marmotte. Là-haut sur les crêtes. Ils sont rentrés nuit tombant (Madame Jean Pierre commençait à s’inquiéter). Avec une marmotte.
Mais revenons à nos moutons. Cela a été suprêmement délicieux. Stéphane a fait griller les gigots de main de maître. J’ai toujours pensé qu’il aurait plus d’avenir dans la cuisine haut de gamme que dans les télécoms. Et nos charmantes cuisinières nous ont fait… des frites… Hé oui, en pleine steppe ! Il faut dire que les premières fournées n’étaient pas très cuites. Mais on leur a demandé de les repasser à la friture. Gigot + frites + pinard sucré : un vrai régal pascal.
Inutile de dire que l’après-midi, on l’a passé à buller. D’aucuns ont pris leur matelas de 5 cm d’épaisseur et se sont retirés sous les mélèzes. D’autres (Stéphane, Camilla) ont préféré faire de l’escalade (j’ai toujours pensé que Stéphane aurait fait un bon guide montagne, plutôt que des télécoms)…
Et moi j’ai bullé dans ma yourte. Sieste, puis glandouille…
Et puis vers les 5 heures, la chèvre déjà en morceaux est arrivée au camp. Et là, préparation à la façon mongole. D’abord il faut faire chauffer des pierres. Puis dans un grand bidon de lait, mettre un peu d’eau avec des oignons. Et une première couche de viande. Ensuite on y ajoute une couche de pierres bouillantes. Ce qui naturellement dégage beaucoup de vapeur. Puis une autre couche de chevrette… Et ainsi de suite. On termine avec les légumes. Et on met le tout sur le feu.
Et on attend un certain temps.
On a pas vu la suite des opérations because, Stéphane, Camilla et moi, nous sommes allés faire le « coup du soir » au lac. Je dois dire que nous ne sommes pas très doué pour la pêche à la cuillère (j’ai conseillé à Stéphane de rester dans les télécoms).
D’abord le rouleau de fil de pêche s’est barré en roulant vers le lac sur le sol en pente. Le problème c’est que je tenais le bout du fil. Il a fallu courir après la bobine et rembobiner. Opération fastidieuse. Puis après moultes recherches pour trouver le frein sur le moulinet, Stéphane a envoyé au fond le moulinet avec la cuillère, en voulant lancer la dite cuillère… Bref, cela n’a pas été terrible. Camilla, fine mouche, histoire de ne pas rentrer au camp bredouille, a négocié avec un jeune pêcheur une belle perche (on ne sait pas trop si la perche a été achetée ou donnée).
En rentrant au camp, Jean Pierre était revenu avec une prise : un belle petite marmotte (qui a en fait été abattue par un Mongol). Et après nous avoir raconté son épopée et ses 2 heures de guet couché à plat ventre sous un soleil de plomb, nos amis Mongols ont apprêté la bête. Là aussi avec des cailloux (voir photo) , et un chalumeau… (si, si un chalumeau…)
Les cailloux chauffés ont été introduit dans le corps de la bête par l’arrière, pour faire cuire la viande d’en dedans. Puis avec le chalumeau, ils ont brûlé la peau pour en retirer le poil jusqu’à la racine. Et Big Boudha est venu nous apporter fièrement la bête sous la grande yourte on nous étions en train d’écluser quelque alcool fort histoire de se réchauffer… Il l’a découpé… Et chacun d’en goûter un petit morceau.
Je ne pense pas que j’en ferais mon ordinaire, ni d’ailleurs de la chevrette cuite aux cailloux. Un peur dur la viande…
Voilà pour la journée d’hier.
Ce matin on lève le camp pour partir vers le Sud. En passant par la ville de Tstserleg pour refaire quelques provisions au marché. Et visiter le musée.
Voilà. A demain peut-être pour de nouvelles aventures…