Ce ne sont pas les plus forts qui sont récompensés…

Publié le 10 août 2008 par Jcgbb

Chacun sait que toute victoire se remporte sur place, dans l’instant où elle se joue, et pas déjà à l’entraînement, avant la lutte et le combat. En plus du courage qu’il faut chaque jour pour faire les exercices, répéter les mêmes gestes et s’acharner dans l’effort, l’athlète doit posséder l’intelligence du moment, l’acuité de l’opportunité, peut-être même le courage de gagner. Il faut aussi savoir l’emporter.

Savoir saisir l’instant, déployer sa force au bon moment, sans faillir ni dans la concentration, ni dans la volonté, c’est ce qu’Aristote aurait pu nommer, dans ce cas aussi, l’art du kairos, la capacité à saisir l’occasion, qui réclame à la fois pertinence du jugement, vivacité des réactions et fierté du tempérament.

Aussi, quand on vit du bonheur d’une activité, intellectuelle ou physique, l’endurance ne compte pas seule. Il ne suffit pas de s’exercer, il faut encore s’illustrer, passer à l’acte, et du confort de la répétition au feu du moment continuer à briller lorsqu’il faut improviser et appliquer ses compétences à des situations nouvelles.

Est-ce pour cette raison que le même Aristote disait qu’aux Jeux Olympiques ce ne sont pas les plus beaux et les plus forts qui sont couronnés, mais ceux qui combattent effectivement ? C’est aussi qu’il ne suffit pas d’être ce que l’on est pour être heureux, et que de même qu’on gagne en luttant, on est heureux en agissant

Il rappelait que malgré la contrainte de l’effort l’activité est la vraie promesse du bonheur, et que c’est mettre les choses à l’envers que d’en rêver comme d’un état. Possessions et qualités rendent rarement heureux, car de fait on les possède en continu sans en jouir constamment. Tandis qu’on n’exerce pas d’activité sans la vivre. Il y a mille choses dont on pourrait être fier, mais on ne remarque pas ce que l’on est. Seuls les actes sont pleinement vécus.