Non il ne sera pas ici question du pigeon comme certains marketeux s'amuse à appeler leurs cibles.
Il sera ici question du vrai pigeon, celui tout gris avec des ailes.
J'aime assez penser à ces choses insignifiantes dont tout le monde se fout et j'ai une fascination totale pour les inventions les plus simples et les plus utiles, c'est une des raisons pour lesquelles je suis fan des Chroniques du Dérisoire de Bruno Léandri.
Hier soir lors d'une de mes scéances métaphysiques et alcoolisées au bord d'une fenêtre d'un premier étage parisien, j'ai été émerveillé par l'ingéniosité déployée par je ne sais qui pour empécher ces braves pigeons de se poser sur les bords de fenêtres et d'ainsi souiller le presque intérieur d'honnètes gens.
En plus des petits pics en feraille qu'on trouve un peu partout (au dessus des panneaux publicitaires, des cabines téléphoniques, au niveau de tous les premiers étages parisiens, au dessus des stores de terasses des bars...) mon humble hôte était équipé d'un fil de fer trés fin, maintenu par 2 ressorts accrochés au mur histoire d'être sûr que l'ensemble ne soit pas stable et qu'une de ces satanées bestioles ne s'y pose.
Ce qui m'amuse toujours lorsque je tombe sur ce genre truc tellement répandu et dont tout le monde se contrefout, c'est qu'un jour, des types assez intelligents (au moins des ingénieurs) se sont réunis autour d'une table pour parler trés sérieusement, que dis je, pour réfléchir autour du thème "comment empécher les pigeons de se poser sur tout ce qui pourrait constituer pour eux un endroit confortable et empêcher qu'ils en profitent pour en faire un lieu d'aisance".
Imaginez une convocation avec un bel ordre du jour, une belle salle de réunion, un paperboard avec pleins de feutres de couleurs, des études scientifiques et économiques sur le coût pour l'honnête citoyen.
Comme c'est un problème publique, il devait y avoir des représentants de l'état (un écolo vous croyez ?), rapidement, vu l'ampleur du marché, un marketingeux a du se pencher sur le sujet, puis un financier, et enfin un industriel pour produire ça à grande échelle.
Ca fait tout de même du monde, qui pendant plusieurs heures, plusieurs scéances, a débattu sur cette problématique urbaine majeure, dont tout le monde se balance comme de sa première couche. Il a fallu faire des prototypes, des analyses de résultats, des réunions de syndics (on touche à l'immobilier, tout de même), bref ce sujet somme toute ridicule a occupé l'esprit de centaines de gens pendant des semaines, des mois pour arriver au résultat que l'on connait aujourd'hui : tout ce qui se trouve entre 2 et 6 mètres de sol sur la capitale est protégé des déjections pigeonnières, merci messieurs, mesdames.
Et tout ça dans l'indifférence la plus totale !
Enfin, et parce qu'il faut bien que je retombe sur mes pattes, j'ai mené quelques recherches, et bien je suis tombé de haut en découvrant qu'une industrie anti pigeon existe et qu'elle est bien implantée sur le web, la preuve :
Anti pigeon sur Google.
8 annonceurs en liens sponsorisés (à votre avis, le CPC moyen ?)
Mieux, sur Anti-pigeon.com, vous découvrirez qu'il existe plusieurs types de pics (avec mêmes des schémas explicatifs), et qu'un vrai marketingeux c'est penché sur le sujet avec des noms de produits éloquents : Ecopic, Depigeonal, Bird-Out...
Le pire, c'est que c'est un marché colossal, international, presque illimité, qui doit être régi par des normes pas possibles (c'est un marché public, je pense), où en plus du matériel, vous avez une grosse part de service (installation, maintenance, voire mise à jour...), c'est juste énorme, et là encore... tout le monde s'en fout.
Voilà, c'est tout pour ce soir, je pense que je vais ouvrir une nouvelle rubrique sur ce blog, je vais l'appeler "On devrait s'en fouttre".