Edouard Ferlet & Violaine Cochard fêtent 10 ans de duo au Bal Blomet

Publié le 22 mai 2022 par Assurbanipal

Paris, Ile de France, France

Vendredi 20 mai 2022, 20h

Violaine Cochard: clavecin

Edouard Ferlet: piano

Pascal Schumacher: vibraphone

Sylvain Rifflet: clarinette, saxophone ténor

Jean-Philippe Viret: contrebasse

Valérie Gabail: chant

Lectrices baroques, lecteurs jazz, ce blog vous a déjà chanté les louanges d'un duo unique masculin-féminin, piano-clavecin entre Edouard Ferlet & Violaine Cochard, avec 2 albums " Plucked/Unplucked " (2015) & " Plucked'n dance " (2018), un concert à Paris au Sunside en 2015, un concert à Paris au Café de la Danse en 2016 & un concert à Paris au Bal Blomet en 2020.

Voici que ce duo est de retour sur scène à Paris, au Bal Blomet pour fêter ses 10 ans d'existence en public et avec des invités. A l'origine, le duo est né d'une idée d'Arielle Bulteau pour son émission " Un mardi idéal " sur France Musique.

Elle commence seule au clavecin. Quand il commence seul au piano, je reconnais un air de JS Bach. Qu'ils jouent ensuite en duo. Une musique aussi sensuelle que spirituelle.

Je reconnais l'air au clavecin mais ce n'est plus du Bach. Moins énergique que le précédent mais toujours beau. Après une pièce pour clavecin de JS Bach, c'était " La danse des sauvages " extraite des " Indes galantes " opéra de Jean-Philippe Rameau, oeuvre elle-même inspirée d'une danse des Indiens de Louisiane que l'auteur a vu à la Comédie italienne de Paris en 1725. Comme quoi, les liens musicaux entre Europe et Amérique sont bien antérieurs au Jazz.

Sylvain Rifflet est le premier invité, à la clarinette. Pour jouer une danse d'un compositeur italien anonyme du XVIII° siècle. Effectivement, c'est bien dansant. La clarinette de Sylvain Rifflet se mêle parfaitement au duo. Je vois bien la danse paysanne après une journée de travail. Impro puis retour au thème pour l'envolée finale.

Pascal Schumacher monte sur scène. Pour jouer " Les danses de travers " d' Erik Satie transformées en " La danse de profil ". En effet, pianiste et claveciniste présentent leur profil au public, pas forcément leur meilleur alors que le vibraphoniste joue de face, comme tout percussionniste. C'est bien du Satie. Lent, calme, presque statique. Le vibraphone ajoute sa couleur métallique au duo. Un petit air pur et simple qui entre dans ma tête et ne me lâche plus. Très élégant. C'est bien Esoterik Satie.

Retour au duo. Edouard tape dans les cordes du piano et le fait vibrer. Il arrive à le faire sonner comme un didgeridoo, une guitare basse. Violaine produit des sons électriques de son clavecin. Ca tourne à la musique répétitive et envoûtante. D'où cela vient-il? De Bela Bartok. 2 pièces pour violon transformées en " Bartok and Roll ".

Le duo devient sextet avec Jean-Philippe Viret, Pascal Schumacher, Sylvain Rifflet au sax ténor et Valérie Gabail. Pour interpréter une composition d'Edouard Ferlet dont le titre m'échappe. Valérie Gabail est une chanteuse lyrique. Cela s'entend. Une chanson d'amour en français. Le son de la contrebasse à l'archet et celui du sax ténor s'unissent. La chanteuse s'efface. Contrebasse en pizzicato, sax ténor. Ca sonne plus Jazz. Beauté neuve par l'instrumentation mais d'un classicisme épuré. Sylvain Rifflet joue en disciple de Stan Getz mais pas en imitateur.

Un morceau que j'adore. Le tango magnétique d'Edouard Ferlet. Morceau final de l'album " Plucked unplucked ". Cf extrait audio au dessus de cet article. Joué en quartet avec contrebasse et vibraphone. Dialogue de percussions entre le piano frappé dans les cordes et les lamelles du vibraphone. Jean-Philippe Viret tape aussi ses cordes. Le clavecin ajoute des nappes de sons. Sublime vous dis-je.

Trio piano, clavecin, contrebasse. Viret vient du classique et cela s'entend dans son jeu. Il passe de l'archet aux mains nues et la musique devient une sorte de ballade entre Jazz et romantisme. Ca pulse tout en restant rêveur. Après " Magnetic tango ", c'était une autre composition d'Edouard Ferlet.

" Miss Magdalena " inspirée par l'épouse de JS Bach qui n'aurait pas seulement copié la musique de son mari mais l'aurait aussi composée, pour certaines oeuvres. Il existe de savantes études musicologiques sur le sujet. Je vous les laisses les lire, lectrices baroques, lecteurs jazz. Retour de la chanteuse. Solo de clavecin pour commencer. Chant baroque. Honneur aux Dames vu le sujet. Duo piano & clavecin. Tout en douceur. Il vient apporter une vague à l'âme supplémentaire. Dans le final, je reconnais ce fameux Prélude de Bach , que chantait Maurane, au clavecin.

Une nouvelle composition pas jouée, pas répétée, nous prévient Edouard Ferlet. La preuve. Violaine Cochard lui montre les partitions pour bien s'entendre ce qu'ils vont jouer. Duo entre piano romantique et clavecin baroque. Passionné

" Utopia ". Retour sur scène de Jean-Philippe Viret & Pascal Schumacher. Edouard s'amuse à frotter une corde dans les cordes du piano. JP Viret prolonge le son à l'archet & Pascal Schumacher au vibraphone. C'est le mystère de l'Utopie. Ne pas confondre avec l'album de la pianiste et compositrice Leila Olivesi. Tiens, le clavecin sonne comme une guitare. Ca sonne espagnol. Premier solo de contrebasse grave, majestueux, légèrement souligné par les 3 autres musiciens.

Retour au duo pour le final. " Aparté " d'après JS Bach. Cf vidéo sous cet article. Tiré de l'album " Plucked unplucked ". Un morceau que j'aime beaucoup aussi. Où l'aigre du clavecin fournit le contrepoint parfait à la gravité du piano. Démarrage en douceur puis le clavecin joue une sarabande folle mais maîtrisée. Ensuite, le duo file à toute allure, synchronisé. Les 2 moteurs sont allumés. La fusée décolle. Arrêt net pour marquer une pause avant de repartir de plus belle. " Les bons mûrissent. Les mauvais pourrissent " (Victor Hugo). Edouard Ferlet & Violaine Cochard sont dans les bons.

RAPPEL

Un lamento de Claudio Monteverdi en sextet. Sax ténor. Paroles en anglais. Pour du Monteverdi, c'est louche voire suspect. Ca sonne bien tout de même.

Piano, clavecin, sax ténor, vibraphone pour le 2e rappel.