Pour les amateurs de « scandales », les responsables politiques américains assurent le spectacle. A peine sommes-nous repus des détails croustillants des escapades tarifées de l’ex-gouverneur de New York Eliot Spitzer, que l’ex-candidat démocrate à la présidentielle John Edwards nous offre le scandale sexuel de l’été : son aventure extra-maritale avec une vidéaste, Rielle Hunter, 42 ans, alors que son épouse Elizabeth se bat contre le cancer. Il dément être le père de l’enfant que Hunter a mis au monde en février. Mais le cirque médiatique est enclenché. Les détails biographiques sur l’amante émergent. On apprend qu’elle a été la compagne de l’écrivain Jay McInerney et a servi de modèle pour le personnage principal de son roman « Story of my life », l’histoire d’Alison Poole, une jeune femme de 20 ans « sexuellement vorace » et amatrice de cocaïne, menant de front plusieurs relations sexuelles.
Ancien colistier du candidat démocrate à la présidentielle de 2004, John Kerry, John Edwards est le dernier d’une longue liste de responsables politiques cloués au pilori par la société américaine pour leur infidélité conjugale. La plupart sont venus faire acte de pénitence en public, leurs épouses humiliées à leurs côtés. Le plus pénible à regarder fut sans doute l’épouse d’Eliot Spitzer se tenant stoïque, le visage couleur cendre, derrière son mari faisant face à la presse. Edwards a retenu la leçon et n’avait pas sa femme Elizabeth à ses côtés pour l’entretien-confession avec la chaîne de télévision ABC news. Edwards s’est dit « honteux » de son comportement, Spitzer a évoqué ses « carences personnelles ». Avant eux, l’ex-parlementaire Mark Foley s’est dit “profondément désolé”, le sénateur David Vitter a regretté « un péché très grave » et a présenté ses « plus sincères excuses à tous ceux qu’il a déçus »...
En France, ce genre de questions est traité avec plus de légèreté. La Première Dame de France, Carla Bruni, dans un entretien au Figaro Madame l’an dernier avant de rencontrer son époux, avait déclaré qu’elle était monogame « de temps en temps ». « Je préfère la polygamie et la polyandrie », avait-elle ajouté. La presse américaine n’en revenait pas d’une telle audace.
En attendant le prochain scandale aux Etats-Unis, voici la liste des plus récents pécheurs :
+ Eliot Spitzer, 49 ans. Ex-gouverneur démocrate de New York. Le 10 mars 2008, le New York Times révèle qu’il est client d’un réseau de prostitution, Emperors Club VIP, faisant l’objet d’une enquête judiciaire. Il reconnaît avoir rencontré pendant plus de deux heures une prostituée payée 1000 dollars de l’heure, Ashley Alexandra Dupré, dans un hôtel de Washington. Spitzer a eu au moins sept ou huit rencontres avec des prostituées à travers cette agence au cours des six mois précédents, dépensant plus de 15.000 dollars. Le 17 mars 2008, il démissionne.
+ Larry Craig, 63 ans. Sénateur républicain de l’Idaho. Le 27 août 2007, le journal de Washington, Roll Call, révèle que Craig a été arrêté dans les toilettes de l’aéroport de Minneapolis-St. Paul le 11 juin 2007 pour avoir tenté de s’attirer les faveurs d’un homme dans la cabine jouxtant la sienne. Pas de chance pour Craig, il s’agissait d’un policier opérant dans le cadre de plaintes sur des activités sexuelles dans les toilettes. Il refuse de s’excuser : « Je ne suis pas gay et je ne l’ai jamais été… Je n’ai rien fait de mal ». Il d’abord annoncé qu’il démissionnait puis est revenu sur sa décision. Mais il ne se représente pas aux élections en novembre 2008.
+ Mark Foley, 53 ans. Ancien parlementaire républicain de Floride. Le 28 septembre 2006 par ABC News révèle qu’il est accusé d’avoir envoyé des emails sexuellement explicites à des adolescents travaillant comme stagiaires au Congrès. Il démissionne du Congrès le 29 septembre 2006.
+ David Vitter, 47 ans. Sénateur républicain de Louisiane. Ce conservateur anti-avortement et pro-armes à feu est identifié en juillet 2007 comme un des clients du réseau de prostitution dirigé par “DC Madam”, alias Deborah Jeane Palfrey, à Washington. En 2000, son épouse Wendy Vitter commentant le scandale Monica Lewinsky concernant le président d’alors Bill Clinton, avait dit : « Je suis beaucoup plus Lorena Bobbitt que Hillary (Clinton). S’il (Vitter) fait quelque chose comme cela, j’emporte avec moi une chose et ce n’est pas une pension alimentaire, faites-moi confiance », en référence au célèbre faits divers où Lorena Bobitt avait sectionné le pénis de son mari. Quelques années plus tard, Wendy Vitter n’a pas mis sa menace à exécution.
+ Kwame Kilpatrick, 38 ans, maire de Detroit (Michigan). Il est actuellement poursuivi par la justice pour parjure et obstruction à la justice. En janvier 2008, le Detroit Free Press a révélé l’existence de plus de 14.000 messages échangés entre Kilpatrick et son chef de cabinet Christine Beatty entre septembre-octobre 2002 et avril-mai 2003. Les deux, mariés à l’époque, avaient une relation ensemble. Les messages décrivaient leur utilisation de l’argent public pour s’organiser des escapades en amoureux. Le 18 mars 2008, le conseil municipal de la ville de Detroit lui a demandé de démissionner mais il refusé.
+ Jim McGreevey, 51 ans. Ancien gouverneur du New Jersey. Il a démissionné le 15 novembre 2004. Il a annoncé publiquement, en même temps que sa démission, son homosexualité et une relation avec un Israélien qu’il avait nommé conseiller à la sécurité, malgré son absence de qualifications en la matière. Cet Israélien le menaçait de poursuites pour harcèlement sexuel. McGreevey s’est séparé de son épouse après cette annonce.