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Le sel empoisonne la population française

Publié le 10 août 2008 par Terredefemme
Écrit par Terre de Femme    10-08-2008
En bref:Le sel empoisonne la population française
Consommer trop de sel est responsable d’une élévation de la pression artérielle chez l’homme et de l’augmentation du risque d’accidents cardio-vasculaires.
Aujourd’hui, dans les pays industrialisés, on ingère quotidiennement de 10 à 12 g de chlorure de sodium alors que l’on ne devrait pas dépasser 6 à 7 g.
L’excès de sel est responsable de plusieurs dizaines de milliers de décès par maladies cardio-vasculaires chaque année dans notre pays.
On impose à la population une surconsommation en sel. C’est tout simplement un empoisonnement collectif ! Non seulement les autorités françaises ne légifèrent pas pour réduire la consommation moyenne en chlorure de sodium mais nous sommes l’un des seuls pays européens où l’étiquetage des produits, notamment sur la teneur en sel, n’est pas obligatoire et lorsqu’il l’est, il est exprimée en sodium, soit une très faible partie du chlorure de sodium.
Pierre Meneton est chercheur à l'INSERM au sein de l'U367 " Physiologie et Pathologie Expérimentale Vasculaire"
En février 2001, Pierre Meneton (INSERM, Paris) s'insurgeait contre l'avis lénifiant émis sur le sel quelques semaines plus tôt par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Pour le chercheur, l’excès de sel dans l’alimentation est chaque année à l’origine de plusieurs dizaines de milliers de décès par hypertension et maladies cardio-vasculaires. Au banc des accusés : les autorités sanitaires et les industriels de l’industrie agroalimentaire. Voici ses déclarations à l'époque, point de départ d'une remise en question de la question du sel en France.

Le sel empoisonne la population française LJS.com : L’excès de sel dans l’alimentation met-il réellement notre santé en danger ?


Pierre Meneton : Oui. Un siècle d’études médicales et scientifiques le démontre : consommer trop de sel est responsable d’une élévation de la pression artérielle chez l’homme et de l’augmentation du risque d’accidents cardio-vasculaires. Les recommandations américaines, canadiennes, suisses, scandinaves, australiennes....et même celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconisent de réduire la consommation de sel.

Aujourd’hui, dans les pays industrialisés, on ingère quotidiennement de 10 à 12 g de chlorure de sodium alors que l’on ne devrait pas dépasser 6 à 7 g.

Le tabac, le surpoids et l’alimentation jouent un rôle dans le développement des maladies cardio-vasculaires.
Les études épidémiologiques concordent : l’excès de sel est responsable de plusieurs dizaines de milliers de décès par maladies cardio-vasculaires chaque année dans notre pays. Il n’y a plus de doute possible sur les effets néfastes de l’excès de sel à haute dose, mais l’Afssa et le Ministère de la Santé persistent envers et contre tout.

Que faut-il faire : bannir la salière ?


P.M. : Non, se restreindre ne suffirait pas. 80% du chlorure de sodium que nous absorbons chaque jour est déjà contenu dans les plats préparés comme les soupes, les sodas, le pain ….. Mais il est possible de consommer moins : de nombreux pays européens ont déjà limité leur consommation. Par exemple, les pays scandinaves, en partenariat avec l’industrie agroalimentaire, ont réussi à réduire de 10 à 40% les teneurs en sel des aliments.

LJS.com : Vous accusez les pouvoirs publics de rester inactifs !Le sel empoisonne la population française


P.M : Exactement. On impose à la population une surconsommation en sel. C’est tout simplement un empoisonnement collectif ! Non seulement les autorités françaises ne légifèrent pas pour réduire la consommation moyenne en chlorure de sodium mais nous sommes l’un des seuls pays européens où l’étiquetage des produits, notamment sur la teneur en sel, n’est pas obligatoire et lorsqu’il l’est, il est exprimée en sodium, soit une très faible partie du chlorure de sodium. Ne serait-ce que pour que les hypertendus puissent surveiller leur régime, il faut faire plus. En Grande-Bretagne, sur chaque produit est inscrite la quantité de sel et sa part dans les apports journaliers conseillés.

LJS.com : Pourquoi cette inertie générale en France ?


P.M : La résistance des pouvoirs publics français peut s’expliquer par les enjeux économiques colossaux. Si l’on réduisait la consommation en sel des français de 30%, comme cela serait souhaitable pour leur santé, on réduirait la consommation de boissons (eaux, sodas...) de 350 mL par personne, soit la contenance d’une canette !
Enjeux économiques énormes mais aussi problèmes techniques, car dans l’industrie agro-alimentaire, le sel est bien utile et les quantités pré-incorporées astronomiques ! En effet, il rehausse le goût à moindre coût et masque ainsi la pauvre qualité des produits et permet d’alourdir la viande en retenant l’eau.

LJS.com : Mais alors quelle crédibilité accorder aux normes officielles ?


P.M : Bien peu ! C’est inadmissible : le chapitre sur les apports en chlorure de sodium dans les Nouveaux apports nutritionnels conseillés de l’Afssa, a été rédigé par un expert proche des industriels du sel ! L’opinion de ce groupe de pseudo-experts ne reflète en rien la réalité et les données scientifiques. Le débat doit être porté sur la place publique car il concerne la santé de chacun. Les ANC 2000 français vont à contre-courant de la majorité des études et des recommandations de nos voisins. Une minorité de scientifiques (les experts de l’Agence) s’expriment et font croire à un débat. C’est catastrophique et il faudra bien un jour ou l’autre aborder les problèmes dL’Afssa persiste à croire « dans son avis provisoire » que la consommation quotidienne des Français est de 7,9g ! Ce chiffre provient de l’étude Inca*. Le fait qu’entre 1995 et 2000, les Français ont consommé 60% de plat préparés en plus a été passé sous silence. Leur consommation en sel a donc considérablement augmenté dans les dix dernières années. Le rôle, la compétence et l’indépendance des experts de l’Afssa et du Ministère de la santé sont à revoir.

Le sel empoisonne la population française LJS.com : Votre message résumé en 3 lignes ?


P.M : Un message fort pour que les gens réduisent leur consommation de sel d’au moins 50%, un étiquetage systématique pour que l’on puisse s’y retrouver et une réelle information sur les danger de la surconsommation de sel.
En mars 2001, après les analyses de Que Choisir révélant les trop grandes quantités de sel dans de nombreux produits alimentaires (QC n°380), l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) formait un groupe de travail associant pouvoirs publics, industriels, médecins, auquel l'UFC-Que Choisir a participé.
Début 2002, lors d'un colloque international au ministère de la Santé, ce groupe de travail a émis une série de recommandations visant, d'une part, à réduire progressivement le sel dans la boulangerie ainsi que dans les secteurs qui le tolèrent et, d'autre part, à informer le consommateur.
À la fois sur les dangers de l'excès de sel et sur les quantités de sel présentes dans les aliments.
Un an après, le 10 mars 2003, l'Afssa faisait le point. Martin Hirsch, son directeur, a planté le décor en disant que la démarche volontariste de réduction du sel «ne faisait pas l'unanimité. [...] Pour certains scientifiques et professionnels, il n'était pas, encore aujourd'hui, légitime de diminuer les quantités de sel.»
Le sel empoisonne la population française
Si, en effet, certains professionnels se sont lancés dans une démarche de sensibilisation des producteurs (boulangerie) et de réduction des différences importantes pour un même type de produit (fromages), d'autres traînent des pieds.
Ainsi, l'Ania (Association nationale des industries alimentaires), «s'interroge sur la pertinence de la réduction de la consommation moyenne de la population.» Cette position défensive de l'industrie est pourtant bien dépassée. Dans un document récent de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) présenté lors de cette journée par Pierre Méneton, chercheur à l'Inserm, la question est en effet de savoir quelle est la stratégie de réduction globale la plus rentable : volontariste ou réglementaire ? La première entraîne une diminution de 15% en quelques années, la seconde de 30%.
Mais cette dernière étant plus difficile à mettre en oeuvre, l'OMS préconise une combinaison des deux. Si l'on ajoute que, pour le moment, rien n'est fait côté étiquetage, on voit qu'en France, il reste encore beaucoup de sel sur la planche.
Source: La Nutrition.fr
Autres liens: Overodose de sel , Le sel en France : 25 000 morts à cause du sel par an !


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