Dans la magazine Challenges de cette semaine figure un dossier intéressant sur certains français qui ont pris le risque de s’expatrier aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Irlande, au Canada, en Chine, au Maroc et en Australie. A l’heure où l’on essaie de réfléchir aux différentes solutions en terme de formations, d’aides à l’emploi, de discriminations positives, cet article fait ressortir un point que j’ai déjà maintes fois relevé ces dernières années.
Le souci majeur en France est le manque d’intérêt que l’on porte à la personne, aussi bien dans l’éducation nationale que dans le monde de l’entreprise. Lorsque j’avais présenté, il y a 10 ans, des dossiers pour intégrer des MBA dans les universités américaines majeures, on m’a clairement fait comprendre que mon expérience de vie sociale (gestion d’association d’élève, d’évènements caritatifs, sportifs, de voyages,…) aurait un poids au minimum aussi important que le prestige de mon école de commerce. La personnalité est mise en avant, bien avant les notes. Je ne connais pas d’équivalents dans aucune école française. En quoi votre personnalité va-t-elle enrichir notre université ? N’est-ce pas la principale question que tout établissement, confiant dans son enseignement, devrait se poser ?
Dans le monde de l’entreprise, notamment dans celui de la Finance, si vous ne sortez pas d’une des 4 grandes écoles de commerce, vos CV ne seront même pas lus dans les big 5 (Deloitte, KMPG, Ernest & Young, Mac Kensey, Price Waterhouse). Certes, ces entreprises recherchent plutôt de bons soldats, mais cette attitude est tout de même une tendance lourde en France. Quel est votre diplôme avant de demander qui êtes vous ?
Entre un CV au profil parfait et sans surprise et un autre avec un jeune, parti faire un tour du monde ou un grand voyage avant de se lancer dans la vie active, preuve d’une grande maturité, de curiosité, de découverte de cultures, de débrouillardise, l’école ne sera plus le point clé. Ce manque d’ouverture d’esprit en France, de prise en compte de la richesse des expériences d’une personne, nous privent de nombreux talents qui partent à l’étranger, non pas par choix, mais par frustration, par claustrophobie de notre système.
“Avec ma licence d’Histoire et mon école de journalisme, je serais sans doute encore stagiaire si j’étais resté en France”. A Dublin, son profil a plu, on lui a donné sa chance et 3 mois après il est en charge de clients dans le marketing et la publicité. Je connais de nombreux cas comme celui là, et si j’ai changé de métier en passant de golfeur professionnel à cadre chez Inspirational Stores, c’est en partie parce que les managers ont recruté selon les personnalités de chacun. Les profils sont très variés, la dynamique est d’autant plus importante.
Mon propos n’est pas de dévaloriser les diplômes des grandes écoles, mais de ne pas en faire un critère unique d’évaluation des possibilités d’une personne. Ouvrons le spectre beaucoup plus large à tout ce que fait une personne de sa vie, et des perspectives bien plus larges vont apparaître, pour le plus grand bien de tout le monde, de l’entreprise comme du salarié.