Sonia Delzongle est journaliste et peintre. Elle a publié l'an passé un petit roman chez l'éditeur Jacques André, La journée d'un sniper.
Sacha, un jeune homme serbe, vit en plein coeur d'une ville qui subit les assauts d'un affrontement avec les Croates. Au milieu des gravats, des cadavres et des ruines, il se fraie un chemin, pointant toute menace de son sniper dont il se sert impunément. Sous une
Alors que Sacha la croyait décédée, ayant même assisté à son enterrement, sa mère réapparaît dans la cuisine de la maison familiale, dont les bruits d'enfants ont été remplacés par ceux des missiles. Cela n'empêche pas la mère de Sacha de surgir et de préparer, comme si de rien n'était, le plat préféré de son dernier fils encore vivant : des beignets de poivrons rouges dont l'odeur qui se propage dans les ruines de la maison familiale rappelle à Sacha les temps d'avant-guerre, lorsque tout tenait sur pied et que l'avenir était envisageable.
Est-il possible de reconstruire quelque chose, un semblant de vie sur les ruines fumantes d'un passé détruit ? A-t-on encore l'envie de vivre lorsque mourir semble si facile, indolore ? A-t-on la force de se maintenir en vie et d'attendre, dans le fracas des bombardements, en espérant un cesser-le-feu ?
C'est d'un style très sec et presque tranchant que Sonia Delzongle retranscrit la violence de son sujet, avec quelques phrases remarquables, de fatales sentences, offrant un roman marquant dont la fulgurance, qui malheureusement précipite un happy end quelque peu décevant, fait penser à celle d'un balle qui sifflerait à nos oreilles.