J’ai découvert l’écriture de Clara Dupond-Monod avec ses romans historiques. J’ai un peu tardé à ouvrir celui-ci, que je savais plus intime. Clara Dupond-Monod nous y raconte en effet l’impact que peut avoir dans une famille, et surtout dans une fratrie, l’arrivée d’un enfant « différent ». Elle a choisi pour ce faire un biais intéressant, qui permet de faire un pas de côté, car ce sont les pierres qui entourent la maison qui parlent et nous content les événements. J’ai retrouvé alors la poésie de Clara Dupond-Monod, intacte, ce qui m’a aidé je crois à poursuivre ma lecture… Au sein de cette fratrie qui accueille donc un nouvel arrivant, l’aîné choisi la relation fusionnelle avec l’enfant, pour toujours à l’état de nourrisson, qu’il faut porter, aider à manger, dont il faut tenir la nuque. Sa dévotion à l’enfant va finir par le couper des autres, émotionnellement. La cadette, elle, est dans la colère, le rejet, presque le déni. Elle tente de vivre une vie normale, si tant est que cela existe, jusqu’à ce qu’elle se rende compte un beau jour qu’elle a également son rôle à jouer dans cette famille. Son souhait est tout à coup que chaque membre soit heureux et elle va dorénavant y consacrer une énergie folle. Et puis, il y a le dernier, qui ne connaîtra pas l’enfant handicapé, qui viendra après, lui aussi porteur d’un rôle et d’une charge, celle d’être vivant et en bonne santé… Indubitablement, ce livre ne laisse pas indifférent, surtout que l’on sait depuis les interviews accordés par Clara Dupont-Monod que s’y logent des faits réellement vécus par l’autrice. Et il est tellement intéressant de lire un récit où est exploré le lieu de la fratrie, un lieu pas assez exploité en littérature à mon goût, alors qu’il est tellement important et fondateur psychologiquement pour les êtres humains et sociaux que nous sommes. Pour autant, il donne de très beaux témoignages, qui m’émeuvent profondément à chaque fois. J’ai envie de citer L’autre fille de Annie Ernaux et Trois mois et un jour de Karine Reysset, mais aussi ce film, Carré 35 de Eric Caravaca. Tout cela parle de frères et de soeurs, de secrets, de recherche de vérité, de ce qui a été dit ou caché, de ce qui résonne en soi, et de la façon dont on a su, ou cru finalement, s’adapter.
Editions Stock – 25 août 2021
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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