- George Dandin je ne sais pas si j’ai aimé hier Frère Sœur d’Arnaud Desplechin pourquoi demander à une actrice de cinéma de jouer une actrice de théâtre ? Cela fait deux films que Marion Cotillard relève ce défi ou plutôt ne le relève pas, pour moi… c’est comme si les producteurs réalisateurs français manquaient d’imagination à ce point… pour s’abriter derrière les cotations en bourse des acteurs …. Bon je vais pouvoir me laver de cette frustration en retournant avec des amis voir George Dandin a l’Athénée cet après-midi.
Nathalie Savary une actrice de théâtre s’entre autres
Cannes : avec “Frère et sœur” d’Arnaud Desplechin, la haine est un plat qui se mange avec délice
abonnés2 minutes à lire
Samuel Douhaire
Publié le 20/05/22
Marion Cotillard dans « Frère et sœur », d’Arnaud Desplechin.
Photo Shanna Besson/Why Not Productions
COMPÉTITION — Alice hait son frère, qui le lui rend bien. La famille, encore et toujours, creuset des sentiments les plus extrêmes. Une chronique intense et lumineuse, présentée à Cannes le 20 mai et en salles le même jour.
« Je crois que je te hais. » Alice (Marion Cotillard) a dit ces mots terribles à son frère, Louis (Melvil Poupaud), d’une voix douce, presque sereine, comme une évidence. Année après année, la croyance est devenue certitude — partagée. Le frère et la sœur ont fini, selon l’expression consacrée, par couper les ponts, et l’on ne saura jamais vraiment pourquoi — selon Louis, d’ailleurs, il ne serait « pas très moral » de répondre à cette question. Ils ne se sont pas adressé la parole depuis plus de vingt ans, et sont persuadés que cela durera toujours : quand, dans la scène secouante qui ouvre le nouveau film d’Arnaud Desplechin, en compétition à Cannes, Alice est venue tout de même — mais sur l’insistance de son conjoint… — présenter ses condoléances à son cadet, traumatisé par le décès brutal de son jeune fils, Louis ne l’a-t-il pas chassée sans ménagement ? Mais quand leurs parents, victimes d’un effroyable accident de voiture sont transportés dans un état grave à l’hôpital, les deux antagonistes vont être amenés ou, plutôt, contraints à se revoir…
La détestation — réciproque— d’une sœur aînée pour son frère était, déjà, au cœur de deux films majeurs d’Arnaud Desplechin. DansRois et reine (2004), Elizabeth (Noémie Lvovsky) faisait interner d’office Ismaël (Mathieu Amalric) dans un hôpital psychiatrique. DansUn conte de Noël(2008), une autre Elizabeth (Anne Consigny), mais peut-être était-ce la même, avait banni Henri (Mathieu Amalric, encore lui) parce qu’il incarnait à ses yeux le Mal, susceptible de pervertir la famille et, plus particulièrement, son fils. Les deux longs métrages tiraient leur puissance de leur récit tout en digressions, de leur mélange incessant de tragique et de burlesque, comme si chaque douleur devait être compensée par une soudaine explosion de gaieté. Par comparaison,Frère et sœur pourra paraître moins audacieux dans son récit, plus monocorde, sinon plus terne : comme si la volonté du cinéaste de sortir ses personnages de la haine, l’avait obligé à réfréner son humour.
Cannes 2022 : la sélection officielle définitive du Festival6 minutes à lireEn toute logique, le montage heurté qui venait briser, tout en renforçant leur potentiel dramatique ou comique, les amples plans-séquences de Rois et reine a laissé place à une mise en scène plus fluide, plus « classique ». Mais la violence des sentiments, elle, demeure. Lorsque Alice aperçoit la silhouette de Louis au fond d’un couloir, son corps ne peut supporter l’émotion, et elle s’évanouit comme les héroïnes les plus romanesques de François Truffaut. Marion Cotillard, qui retrouve Desplechin cinq ans après Les Fantômes d’Ismaël, est une nouvelle fois formidable d’intensité, qu’elle incarne le désespoir le plus profond devant la perspective de la perte ou, face à un pharmacien qui s’est montré un peu trop prévenant, la colère la plus explosive. Melvil Poupaud, lui, parvient à éviter les pièges d’un rôle casse-cou, car tout en démesure, en étant aussi convaincant dans l’agressivité que dans la douceur.
C’est le chemin, douloureux mais plein d’espoir, vers une possible réconciliation que chronique ce beau film marqué par les deuils. Avec une gravité sans pathos — sinon dans un double épilogue un peu maladroit — mais, aussi, par moments, une fantaisie bienvenue. Comme cette rencontre impromptue dans une allée de supermarché, dont la trivialité inattendue contraste joliment avec l’atmosphère volontiers métaphysique, voire mythologique, du récit. Ou comme cette brève irruption du fantastique. Louis, par « oukase » de sa chère sœur, est interdit de séjour à l’hôpital ? Desplechin fait alors voler le frère indigne dans le ciel de Roubaix pour lui faire rejoindre clandestinement, la nuit tombée, le chevet de sa mère. Et quand ils retrouvent l’appartement familial et ses souvenirs, les deux ennemis redeviennent, le temps d’une nuit, des enfants qui n’auraient jamais dû cesser de jouer.
À voir
rFrère et sœur, d’Arnaud Desplechin (France, 1h50). Scénario : A. Desplechin, Julie Peyr. Avec : Marion Cotillard, Melvil Poupaud, Golshifteh Farahnai, Patrick Timsit. En salles.