Philippe Brun au micro
Que retenir de l’intervention de Philippe Brun ? Sans notes, appuyé sur ses fortes convictions, il n’en est plus à sa première campagne et maîtrise de mieux en mieux son sujet. Le débat télévisé sur France 3 région qui avait lieu quelques jours avant la réunion de vendredi soir, a d’ailleurs confirmé sa capacité d’analyse, sa connaissance des dossiers et sa pugnacité. En l’écoutant, on sort de la banalité et du rabâchage. Son choix est guidé par l’écoute et « le terrain » car pour lui le député doit être un homme du crû, ce qui renforcerait son ancrage local et régional après des municipales et des départementales infructueuses. Je pense aussi à Axelle Lemaire qui, venue soutenir Philippe Brun pendant la campagne des municipales de 2020, lui avait prédit un avenir à la Mendès France. Excusez du peu !
N’ayant que peu de goût pour la polémique stérile, Philippe Brun écarte donc d’un revers de main la litanie des autres candidats au siège législatif de la 4e circonscription de l’Eure. Philippe Brun et Lisa Moreau se présentent comme les principaux concurrents de la candidate RN, un parti dangereux qui a viré en tête dans l’Eure au soir du second tour d’avril dernier. Philippe Brun n’aspire pas à la députation pour satisfaire un quelconque ego ou prendre une revanche sur un sort funeste. Il égrène une à une les difficultés du temps : d’abord les problèmes sociaux et sociétaux. Les difficultés à boucler les fins de mois, à se soigner, à toucher la juste rétribution de son travail ou de ses efforts, dominent la scène politique. L’accord avec les autres partis de gauche ne s’est pas fait sur la politique internationale ou européenne. On sait que les positions de Jean-Luc Mélenchon sur l’OTAN (il prône le non alignement), sur les relations avec Poutine et la Russie, sur les traités européens, ne cadrent pas toutes avec les engagements passés du PS et donc des candidats qui en émanent. Ce domaine dit « réservé » du président de la République conduit les membres de la NUPES des cinq cantons de la 4e à axer prioritairement leurs propositions sur la retraite à 60 ans, le SMIC à 1500 euros, le blocage des prix des matières premières et des produits de première nécessité, la révision de la politique sanitaire ou la planification écologique de plus en plus indispensable pour protéger la planète et les biodiversité. Je sais bien que ce programme peut sembler utopique mais même dans l’opposition, un élu peut proposer des lois sources d’inspiration éventuelle pour des gouvernants décidés à changer.
Lisa Moreau suppléante
Un candidat de gauche doit également privilégier le système éducatif garant de l’égalité des chances et de la formation tout au long de la vie. La laïcité enfin est un marqueur idéologique. Je sais que des contradictions au sein de la NUPES ont pu freiner l’enthousiasme des vieilles troupes très attachées à la liberté de conscience et à la neutralité de l’Etat. Est-ce rédhibitoire quand on veut gouverner en équipe ? Comme les élections législatives ne peuvent être lues comme un copier coller de l’élection présidentielle, il y a fort à parier que Jean-Luc Mélenchon ne deviendra pas le premier ministre d’Emmanuel Macron. Tout de même, après le résultat catastrophique d’Anne Hidalgo et celui des autres formations, on attend de la gauche plus qu’un sursaut. Philippe et Lisa ont trois semaines pour convaincre. Ce sera court mais dense.