Les éditions Bruno Doucey publient une anthologie de poèmes de femmes afghanes. Elle a été établie et traduite par Leili Anvar et Atiq Rahimi en a écrit la préface. Rassemblant des textes d’au moins cinquante femmes, elle est constituée de cinq parties ; dans ce blog j’en publierai un poème de chaque partie.
Aujourd’hui, extrait de la deuxième partie, « Étendue grise de la douleur », voici un poème de Khâleda Niyâzi (Lahib).
Khâleda Niyâzi (Lahib)
Ville tumulte
Ville de feu, ville de fumée, ville dénudée
Ville aux habitants séparés, si éloignés
Ville muette, ville vertige, ville hébétée
Ville d’errance et de délires, ville forcenée
Ville des lanternes échouées sur la poussière
Ville ténèbres, ville terreur, ville pillée
Ville aux prières à l’envers, désorientées
Ville aux lucarnes fermées, aveugle et aveuglée
Ville des « moi » tous comme moi sombres et bannis
Ville à mille lieues du soleil, abandonnée
Ville dont le coeur bat au pouls de l’agonie
Ville remplie de tombeaux aussi loin que va le regard
Ville de Ghazni ou de Ghour, cité de Balkh
Bamyan, Kaboul ou Hérat, villes de ruines.