The Perfect Place, un superbe court-métrage noir et blanc de 25 minutes réalisé par Derrick Scocchera qui demanda à Mike Patton de signer la bande originale. Sachez que visionner le court-métrage avant d'écouter la B.O. n'est pas indispensable, bien que très cohérent en illustrations visuelles, le travail de Mike Patton peut se suffire à lui-même pour apprécier l'esthétique qu'il en ressort. Ceci dit, sachez que le CD est vendu avec le DVD du court-métrage... un beau package à un prix raisonnable. L'intérêt de cette chronique, bien qu'étant une B.O., est de mettre en lumière l'univers extrêmement riche d'un des plus originaux compositeur américain de notre époque. Cette livraison sonore à l'avantage de condenser en un seul ouvrage une bonne partie des multiples facettes de l'artiste. Il serait bien trop long de présenter le chanteur, compositeur, musicien multi instrumentiste et acteur ayant collaboré avec de nombreux artistes (sa griffe est présente sur plus d'une quarantaine d'albums), patron de l'excellent label Ipecac, sévi dans les groupes Mr. Bungle, Faith No More, Fantômas et Tomahawk (j'en oublie peut-être). Retenons de Mike Patton, sa déconstruction du métal, son expérimentation avant gardiste de l'univers sonore qui l'entoure. En prenant du recul sur l'œuvre de Patton sur 1/4 de siècle, on réalise l'influence qu'il opère sur ses contemporains et le génie incontestable du personnage, ayant toujours une longueur d'avance sur son époque. A Perfect Place illustre bien la polyvalence de Patton, en se pliant aux contraintes de l'image, l'américain nous présente une palette sonore allant du groupe de rock en passant par le big band, les musiques percussives, le jazz des années 30, bien sûr l'expérimentation sonore et l'arrangement clin d'œil à Ennio Morricone, Anton Karas (The Harry Lime, Le Troisième Homme...), Lalo Schifrin (L'Inspecteur Harry, Mannix, Mission impossible, ...). L'érudition du personnage le rend maître de la manipulation de références, sachant placer les émotions à sa convenance et ici en totale communion avec l'image. L'expérimentation reste audible pour des oreilles non averties, les respirations mélodiques et les différents thèmes musicaux structurent l'ensemble pour ne pas trop développer un univers foutraque. L'équilibre bruits / mélodies est remarquable, permettant de présenter une diversité de thématiques en restant homogène. Mike Patton dévoile avec A Perfect Place une partie de son talent, manipulateur de sons et de bruits ingénieux, il se met ici au service de l'image avec brio. Ce n'est pas exactement sa première performance dédiée à ce format puisque notre bonhomme a déjà réalisé lui-même un court métrage en 1993 (Video Macumba), et réalisé un exercice particulier en doublant les cris des vampires dans Je Suis Une Légende de Francis Lawrence en 2007. Ce personnage est un créateur pluridisciplinaire de génie. Comme Derrick Scocchera, certains artistes d'univers différents ont compris la valeur de cet homme et ont su exploiter ses talents de manière cohérente. Les productions de Mike Patton, qu'elles soient musicales ou sur d'autres supports ont une patte expérimentale hors du commun... rares sont les génies décelables de leur vivant, ici nous en avons un, il faudra le suivre dans ses projets à venir pour au moins le 1/4 de siècle suivant.
A Perfect Place trailer