L'effondrement du système bancaire de 2008 a laissé des traces dans les mémoires. Dans un article du Guardian daté d'hier, George Monbiot nous rappele que les symptômes de concentration qui ont mené à la faillite bancaire à l'époque, sont aujourd'hui à l'oeuvre dans le domaine de l'alimentation. En effet l'ensemble de la chaîne de distribution alimentaire mondiale est très fragile, car basée sur des quasi monopoles de production, stockage, transport et mise en rayon. Par exemple, ce sont 4 multinationales seulement, les fameuses ABCD (Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill and Louis Dreyfus), qui contrôlent 90% du commerce global de grains, selon une étude de l'ONG Oxfam.
La guerre en Ukraine, l'un des principaux producteurs de blé avec l'Inde et la Chine, soulève de nombreuses et légitimes inquiétudes, de nombreux pays africains ont en effet remplacé leur alimentation à base de cultures vivrières par une alimentation à base farines de blé importé. Matteo Tiratelli, auteur chez Novaramedia, nous prévient dans un article du 19 mai que même les alertes alarmistes du PNU - Programme Alimentaire Mondial, organe de l'ONU - sont basées sur des raisonnements biaisés par la prédominance du système spéculatif mondial. Il nous rapelle que comme dans le cas de nombreuses famines historiques, ce n'est pas la quantité de nourriture qui pose problème mais bien sa répartition inégalitaire.
Il y a assez de grain pour toute la planète !
Le risque élevé de pénurie alimentaire dans de nombreux pays symbolise aujourd'hui selon Matteo Tiratelli la frontière entre socialisme international et barbarie. La nationalisme (L'Inde vient d'interdire les exportations de blé) et la spéculation sont les cibles d'un système qui peut évoluer vers plus de partage au niveau global : malgré le réchauffement climatique, la désertification galopant e et l'appauvrissement des sols, la production mondiale de céréales reste stable (source : FAO), tandis que les régions soumises au stress alimentaire se multiplient. Mais un système dominé par l'agro industrie et les multinationales est à la merci de la moindre micro perturbation, explique George Monbiot.
Solutions partout : l'agroécologie
Face aux nombreux défis que l’agriculture doit aujourd’hui relever, la transition agroécologique est une solution plébiscitée par l’ensemble de la société civile et notamment par la majorité des organisations paysannes et agricoles. Elle est aussi de plus en plus présente dans les débats scientifiques, agricoles et politiques internationaux.
Comme le clamait récemment Marc Dufumier, agronome à la retraite de AgroParisTech dont les jeunes diplômes ont récemment fait le buzz, les solutions existent et sont connues. Il est maintenant grand temps d'en parler et passer à l'action, répète-t-il avec force arguments dans cette interview BastaMag réalisée par Nolwenn Weiler:
« Si le gouvernement le voulait, on pourrait commencer la transition agricole la semaine prochaine »
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