Comment aller chercher la croissance avec les dents quand on est édenté ?

août 10th, 2008 Posted in France, Sarkozisme et bling bling

Les statistiques semestrielles sur la balance commerciale française viennent d’être rendues publiques.

Le gouvernement UMP-Nouveau « Centre » a d’ailleurs fait preuve à cet égard d’une pudeur et d’une discrétion inédites. La fanfare de la conférence de presse n’a donc pas eu lieu.

Le secrétariat d’Etat au Commerce Extérieur s’est simplement contenté de publier un communiqué de presse et de mettre en ligne sur son site officiel un court et sobre dossier statistique.

On va très vite comprendre pourquoi.

On y apprend en effet que le déficit se creuse à plus de 5,6 % par rapport au second semestre 2007.

Les exportations, qui semblaient dynamiques au premier trimestre 2008, se sont très vite repliées à partir du mois d’avril. Comme les importations ont augmenté de leur côté de 5% (237 milliards d’euros), il en résulte que la France importe plus qu’elle n’exporte.

Le gouvernement sarkoziste avait espéré que le fort volume des importations soit compensé par le dynamisme des exportations. Il n’en est rien.

La secrétaire d’Etat Anne-Marie Idrac est donc en train de découvrir que l’économie est quelque chose de beaucoup plus compliqué que ce qui est généralement expliqué dans les manuels scolaires ou dans les symposiums de Davos.

Sarkozy, sa nouvelle idole (qu’elle avait finalement préférée à François Bayrou), avait annoncé qu’il allait chercher chaque point de croissance avec les dents. On voit que l’idole était en réalité édentée.

Dans le dossier du secrétariat d’Etat au Commerce Extérieur, on apprend que l’agroalimentaire et l’industrie se portent assez bien à l’export, exception faite du secteur de la construction automobile.

Plus inquiétant encore, on constate que la facture énergétique de la France continue à s’alourdir. Les exportations d’énergie (uranium, produits pétroliers raffinés) ne parviennent pas à compenser le bond des importations dans ce domaine qui sont passées de 17% au second semestre 2007 à 23% pour le premier semestre 2008. Le solde négatif s’établit donc à – 29 milliards d’euros pour l’énergie.

Concrètement cela signifie que les factures des Français et que le coût de la vie vont encore augmenter, alors que les salaires stagnent, que le pouvoir d’achat régresse, que le chômage et la précarité touchent de plus en plus de personnes.

Disons les choses comme elles sont : Nicolas Sarkozy est plus que jamais le Leader Minimo, marquis de La Faillite. Le choc de confiance, que celui-ci promettait dans la foulée de son élection à la présidence de la République, ne s’est pas produit. Il s’est passé exactement le contraire.

Son paquet fiscal n’a pas provoqué les effets dynamisants escomptés.

Sa loi sur la modernisation de l’économie, qui pénalise les petits commerçants et artisans et légalise en réalité le travail au noir (car on peut cumuler désormais une autre activité avec son travail principal et ne pas déclarer jusqu’à 15.000 € de bénéfices), jette le trouble et menace quantité d’entrepreneurs individuels imposés à l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices industriels et commerciaux. Cette « brillante idée » a été notamment défendue par le secrétaire d’Etat au commerce et à l’artisanat, Hervé Novelli, aujourd’hui reconverti dans l’ultralibéralisme hystérique après avoir été dans sa jeunesse un militant néo-fasciste dans toutes les crèmeries d’extrême droite : la Fédération des étudiants nationalistes, Occident, Ordre nouveau, le Front national, le Parti des Forces Nouvelles, et le CNI.

On voit que le petit Sarkozy a toujours su s’entourer de « grands esprits » pour mener de «grandes politiques».

La France, dirigée par un gouvernement et un président aux abois, s’enfonce donc dans la récession.