Ce best seller de la psychologie serait-il le livre de notre temps ?
Le monde bouge vite, il faut apprendre sans cesse. Ce qui demande de "désapprendre", sans cesse. Plus exactement, ceux qui décident bien, suivent, au préalable, un cycle particulièrement rapide de changements d'opinion. Douloureux, voire impossible. Et, ce, d'autant plus, disent les enquêtes, que l'on a un gros QI ou que l'on se croit compétent. Certes.
C'est en tirant le fil du raisonnement que le constat devient inquiétant. Car notre société nous joue de mauvais tours ! "Société de la performance", son principe est de récompenser celui qui réussit. Or, la réussite tient essentiellement au hasard ! Tant que l'on récompense la girouette pour être dans la bonne direction, on ne comprend rien au vent. La société de la performance est une société de la certitude, de la censure, de la parole d'autorité de l"'expert", du prêcheur, du politicien et du procureur.
Par construction, alors qu'elle ne parle que de l'urgence vitale du changement, elle est impropre au changement !
Comment se sauver ? Adopter l'attitude du "scientifique" digne de ce nom. Le scientifique a "toujours tort", et cela l'enchante. Parce qu'erreur signifie découverte, eurêka, c'est un moteur formidablement puissant. Le scientifique recherche la remise en cause, notamment la contradiction. Plus subtilement, en rencontrant l'autre, il l'amène, aussi, à changer. Comment ? En lui montrant que le monde n'est pas blanc ou noir, mais "complexe", ce qui conduit à l'humilité, la mère de la science, et du changement.
Quelles seraient les caractéristiques de la société scientifique ? La "sécurité psychologique", c'est-à-dire, la tolérance, la liberté de pensée, de parole et d'expérimenter. Et ce n'est pas le résultat qui compte, mais la "procédure", d'apprendre à toujours mieux faire.
Au contentement de soi, à la certitude d'avoir raison, à l'enferment sur soi, propres à notre société, celle-ci oppose l'humilité, le doute et la curiosité.
Le livre fournit une illustration involontaire de sa thèse. Quand un noir rencontre un blanc, le premier est le plus haut dans l'échelle de l'évolution. Quand une culture est dysfonctionnelle, c'est une femme qui la fait changer. Quand à la transition climatique, s'il demeure des résistants, c'est que l'on n'a pas utilisé les bonnes méthodes pour les convaincre. Et si le monde était un peu plus complexe que cela ? Think again, Adam Grant ?
Mais surtout Think again, vous et moi. Car nous sommes en danger de paralysie intellectuelle, de mort cérébrale, dirait notre président. Lisons, et relisons, ce livre, qui est plein d'enseignements. Et agissons !
(PS. Très facile à lire en anglais. On me dit que la version française est mal traduite.)