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Nos corps pirogues, de Marie Cosnay (éd. L'ire des marges)

Publié le 12 mai 2022 par Onarretetout

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Un jardin au bord de l’Adour, la Petite Escalère, des sculptures, des ateliers organisés par l’association des Amis de la Petite Escalère. Marie Cosnay y est en résidence en 2017. C’est cette résidence et cet atelier qui sont à l’oeuvre dans ce livre. « Un enfant arrive, et avec lui la question de la protection de l’enfance ». Marie Cosnay est enseignante, son livre commence avec le récit d’Ovide : Latone, exilée, est assoiffée, les paysans l’empêchent de boire à leur source, c’est une déesse, elle les transforme en grenouilles. Le jardin au bord de l’Adour n’est pas loin de la frontière. Des solidarités accompagnent. À  travers les ateliers, s’échangent des propos, se disent des difficultés avec l’administration. Les droits des enfants sont reconnus par des accords internationaux. En France, l’État a reporté sur les Départements l’accueil des « mineurs isolés ». Les droits sont respectés à condition de prouver son statut de mineur. C’est au jour le jour ce que montre le récit : prouver sa date de naissance n’est pas chose facile puisque le document présenté est contesté, ou, s’il est reconnu comme valable (après bien des vicissitudes), il est aussi déclaré non conforme… Il faut encore raconter, toujours raconter, comment faire quand on ne peut pas tout raconter ? Et, quand tout semble enfin conforme, il faut encore trouver une formation, un stage…

Ce sont des paroles que Marie Cosnay rapporte : la question n’est pas d’arriver, c’est de partir. « C’est ça, l’exil, c’est aimer chaque jour et chaque heure ceux que nous laissons là-bas, c’est aimer sa mère, son père, ses frères et soeurs et partir. Parce que nous sommes, si nous restons, des hommes morts. »

Et il y a ceux qui accueillent. Elle n’en fait pas des héros du quotidien. Elle sait que rien n’est simple, qu’il peut y avoir des difficultés, des incompréhensions : « L’autre arrive, je m’y reconnais et plus que ça : je veux sa vie de périls, la mienne est pauvre ». Et elle observe « la fascination pour les récits ».

Les inondations ont rendu le jardin, La Petite Escalère, de plus en plus impraticable. En conséquence, le jardin est fermé depuis la fin de l'année 2020.


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