Jean-Baptiste Rivière ressemble à Lucien Suel, celui de la Station Underground d’Émerveillement Littéraire. Il en a les goûts musicaux et littéraires. Il cultive son jardin. Il fréquente la mort, celle d’un jardinier il y a quelques années, celle de Claire dans ce roman, Rivière. L’auteur regarde le passé, les heures de joie, les heures de peine, prenant la précaution d’écrire que « les personnages de ce récit sont fictifs ». Le deuil, Jean-Baptiste ne peut le partager avec personne. Claire, décédée brutalement avant d’atteindre 50 ans, n’est cependant pas loin. Elle lui parle régulièrement : « Je suis liée. Indissoluble. » Quand il atteint l’âge de la retraite, il quitte la ville pour la campagne, pour être loin de tout. Il s’invente un correspondant sur Twitter (comme Lucien Suel s’est inventé Mauricette Beaussart il y a quelques années), se réfugie dans les livres et le jardin, adopte un chien, Alpha. Peu à peu, il va, sans rien renier, sortir de sa solitude, parler de Claire qui lui dit : « Vis, aime, parle, chante, respire. Je serai là dans la plaine immense comme une graine de pissenlit » ; ses dernières paroles ne se ferment pas par un point.
Nous sommes dans l’émerveillement littéraire. Entre l’Artois et l’Ardèche, avec une excursion à Rome. On croise des poètes, des musiques, où l’amour s’est logé pour longtemps. Jean-Baptiste plante un ginkgo biloba, le Ginkgo Claire, qui survivra.
J’étais à l’arrivée du Tour de France, au Parc des Princes, l’année où Roger Rivière est tombé.
Un chien a partagé ma vie pendant quelques années, son nom : Iota.
Le livre de Lucien Suel a naturellement une place dans ma bibliothèque, comme « tous ces gens qui sont passés dans notre vie ».