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Renaud toujours debout !

Publié le 09 mai 2022 par Sylvainrakotoarison

" C'est épuisant de passer ses jours et ses nuits à repenser à son enfance et à son adolescence. Chaque année qui passe, la nostalgie se rapproche. " (Renaud, entretien avec Didier Varrod, le 22 novembre 2010).
Renaud toujours debout !
Le chanteur Renaud fête son 70 e anniversaire ce mercredi 11 mai 2022, et pour l'occasion, il fait un concert spécial sur la scène du Dôme de Paris, la veille, retransmis à la télévision, sur France 2, où il chante plusieurs titres de son nouvel album "Métèque" sorti le 6 mai 2022.
Renaud fait partie de ces artistes monuments de la chanson française, par sa qualité et par sa quantité, par sa durée aussi : plus de 20 millions de disques vendus, 27 albums sortis, une carrière qui a plus de cinquante ans et 6 Victoires de la Musique (en 1994, 2001, 2003 et 2017), sans compter d'autres grandes récompenses (comme le Grand prix de l'Académie Charles-Cros en 1991, la Grande médaille de la chanson française décernée en 2004 par l'Académie française et le Grand prix de la SACEM en 2018). Des centaines (voire des milliers ?) de concerts partout en France et ailleurs, un initiateur de mode (verlan, tontonmania, argot, jeunes de banlieues, etc.).
Cela fait depuis près de cinq décennies que le chanteur Renaud (Renaud Séchan) envahit les médias, les plateaux de télévision et même, parfois, les salles de cinéma (il a notamment joué Étienne Lantier aux côtés de Miou-Miou, Gérard Depardieu et Jean Carmet dans "Germinal" de Claude Berri sorti le 29 septembre 1993).
Dans les années 1980, Renaud m'agaçait, il m'énervait (il se disait lui-même "le chanteur énervant") avec ses leçons de morale à deux balles, un ton de voyou alors qu'il semblait issu des beaux quartiers, ses soutiens à SOS-Racisme et à toute cette gauche généreuse et dégoulinante de bonne conscience très en vogue à l'époque.
Avec sans doute le sommet lors de son invitation dans l'émission politique phare d'Anne Sinclair, "Sept sur Sept" le 26 septembre 1993, où, prenant le costume d'un spécialiste en géopolitique (il y en a d'autres en ce moment avec l'Ukraine), il a apporté son grain de sel sur la guerre civile en ex-Yougoslavie. Sans complaisance mais avec tendresse, la journaliste vedette l'avait alors présenté comme " un homme à la fois engagé et distant, révolté et naïf, mais toujours poète et émouvant (...), chanteur en colère ou chanteur rêveur (...), un provocateur mais (...) aussi un grand timide (...), ce qui reste d'une éducation protestante ".
En fait, Renaud n'avait pas du tout eu envie d'intervenir à "7 sur 7", mais il devait faire le service après-vente de "Germinal" qui sortait quelques jours plus tard.
Chroniqueur de " Charlie Hebdo", le chanteur-acteur avait alors exprimé son désarroi et ses propres réticences dans le journal satyrique le 22 septembre 1993 : " Vous avez déjà eu sur vos épaules la responsabilité de vous exprimer devant plusieurs millions de téléspectateurs ? Vous savez ce que c'est que cette peur qui vous prend quand le rouge s'allume, quand les projecteurs vous isolent dans leur lumière sans merci, quand une ribambelle de photographes vous mitraillent quelques minutes avant le coup d'envoi, quand, avec la certitude qu'on vous livre au jugement impitoyable ou complaisant de vos contemporains, on vous demande de vous adresser à travers les questions de la dame à des gens qui vous aiment et que vous avez peur de décevoir, à d'autres qui vous détestent et qui espèrent tellement vous voir vous planter... ? (...) L'impossible ambition qui voudrait qu'en quarante minutes, je parle de moi, de mes engagements, de mes convictions, de Germinal et de l'actualité du monde avec intelligence et cohérence ? J'ai bien peur de ne pas être l'homme de communication idéal pour mener à bien cette périlleuse entreprise. ".
Et puis mon énervement s'est petit à petit transmuté en admiration. Ses engagements, aussi naïfs soient-ils, valent bien mieux que le cynisme de bien des bateleurs d'estrades médiatiques.
Ses failles, l'alcool, la dépression, cette irrésistible mélancolie, ses deuils permanents quand ses amis s'en vont inopinément (et ils ont été nombreux, Pierre Desproges, Coluche, Serge Gainsbourg, Patrick Dewaere, Georges Brassens, Frédéric Dard, etc.), sa spontanéité, et même, plus grave, les attaques de la presse poubelle, pourrie jusqu'à la moelle, dont il a été victime (un jour, il y a cinq à dix ans, j'avais vu sur la couverture d'une revue ce titre qui ne m'a pas fait envie de la lire, qui disait en substance : "Renaud, ses derniers jours avant de mourir")...
Et puis ce superbe dimanche midi, très ensoleillé, en mars 2007, je l'ai croisé par hasard à la Pépinière de Nancy (le grand parc du centre-ville), il était accompagné de sa compagne et de leur enfant (moins d'un an, dans la poussette), comme un couple ordinaire profitant calmement du retour des beaux jours, à peine gêné par quelques admirateurs déboussolés qui se demandaient si "c'était bien lui"... (le lendemain d'une émission populaire avec Michel Drucker depuis l'ancienne capitale des ducs de Lorraine).
Renaud toujours debout !
Alors, comme Renaud fait partie du patrimoine national de la France, à défaut encore de faire partie du patrimoine de l'humanité, je propose ici quelques chansons qui ont fait sa réputation, principalement du début des années 1980, mais aussi deux beaucoup plus récentes, l'une pour répondre à tous ses détracteurs, ces journaux de la presse poubelle, pour dire qu'il est "toujours bien vivant", et la dernière issue de son dernier album. Les textes et la composition de la plupart sont de lui, ou parfois en collaboration avec ses amis comme Franck Langolff, Michaël Ohayon et Jean-Pierre Goude, et avec parfois des inspirations de Boris Vian, Hugues Aufray, etc.
Les vidéos présentées sont très fréquentées, parfois par plusieurs millions d'internautes dont des dizaines de milliers ont réagi, exprimé souvent leur émotion, souvenirs, admiration, ce qui confirme la très grande popularité du chanteur Renaud. L'un de ces internautes évoquent l'origine de la chanson "Mistral gagnant" : " En promenant sa fille, Renaud se rend compte que tous ces bonbons ont disparu : il voudrait les lui faire découvrir, on devine qu'il a cherché dans les magasins, mais les commerçants lui expliquent que "ça ne se fait plus"... D'où la fin : "Le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants... et les Mistral Gagnant". Renaud, désabusé, a perdu son rire d'enfant, et il ne retrouvera plus les saveurs de son enfance, mais il veut malgré tout continuer à aimer la vie. C'est une histoire très simple, mais sublime, parfaitement racontée, sur une musique magique qui exhale toute la pureté de l'enfance. S'il n'y avait qu'un disque de chansons pour le monde entier, "Mistral Gagnant" y aurait sûrement sa place. ".
1. "Laisse béton" (1977)
2. "Marche à l'ombre" (1980)
3. "Dans mon HLM" (1980)
4. "Les aventures de Gérard Lambert" (1980)
5. "Viens chez moi, j'habite chez une copine" (1981)
6. "Dès que le vent soufflera" (1983)
7. "Morgane de toi" (1983)
8. "Déserteur" (1983)
9. "Mistral gagnant" (1985)
10. "Fatigué" (1985)
11. "Morts les enfants" (1985)
12. "Triviale poursuite" (1988)
13. "Toujours debout" (2016)
14. "Si tu me payes un verre" (2022)
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (07 mai 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Renaud.
Michel Sardou.
Michel Jonasz.
Patricia Kaas.
Kim Wilde.
Renaud toujours debout !
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220511-renaud.html
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/05/01/39458970.html


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