Dans un premier temps, ses efforts se sont portés sur les transactions en ligne et dans les applications mobiles, naturellement plus propices à la mise en place d'un mécanisme basé sur les API bancaires. Pour en résumer le fonctionnement, l'étape de paiement se traduit alors par une connexion sécurisée au compte courant de l'acheteur, sur lequel une fonction plus ou moins standard (imposée par la réglementation) est invoquée afin d'effectuer un transfert immédiat du montant imputé vers le compte du marchand.
Dans cette description, on perçoit très vite quelques freins à l'adoption du côté des consommateurs. Outre l'inquiétude que peut générer le choix d'une méthode peu répandue à ce jour, le parcours utilisateur s'avère relativement complexe, en tous cas par rapport au recours à la carte, universellement maîtrisé. Il faut en effet sélectionner l'établissement détenteur du compte, procéder à l'identification et l'authentification, désormais obligatoirement à deux facteurs, et, enfin, vérifier et valider l'opération.
Une parade classique, que met aussi en œuvre kevin., consiste à inviter les clients à enregistrer leurs coordonnées de paiement, en toute sécurité, pour de futurs achats en 1 clic (comme de nombreux site l'autorisent avec la carte). Cette option n'est toutefois pertinente que pour les commerces à trafic récurrent. Une autre approche, exclusive celle-ci, vise à, en quelque sorte, détourner les habitudes : la saisie des premiers chiffres du numéro de carte, déclenche la suggestion d'un règlement de compte à compte.
Le premier avantage de ce dispositif est qu'il met en avant la nouvelle possibilité auprès des personnes qui préfèrent la facilité et se précipitent sur l'interface par défaut (certes en introduisant une étape supplémentaire dans leur expérience). Mais, surtout, les chiffres fournis permettent d'identifier la banque émettrice et, par conséquent, de court-circuiter sa recherche, potentiellement pénible quand elle n'est pas parmi les plus populaires. L'ensemble de la procédure se rapproche ainsi de celle qu'on connaît avec la carte.
À l'occasion de sa dernière levée de fonds, kevin. dévoile maintenant sa prochaine cible : le paiement en boutique (physique). Et évoque une promesse similaire, d'intégration transparente pour les commerçants, sur leurs terminaux existants, et d'expérience utilisateur équivalente à celle des transactions par carte (sans contact). Aucun détail n'est fourni à ce stade et il faudra donc patienter pour s'assurer qu'elle est réellement tenue… mais les antécédents de l'entreprise incitent à un optimisme prudent.
Depuis la promulgation de la DSP2, les acteurs qui rêvaient d'en exploiter les opportunités afin de développer un instrument de paiement susceptible de concurrencer les réseaux américains Visa et Mastercard ont dû déchanter (pensons au désastre de l'initiative EPI). Avec kevin., l'espoir est permis car, pour une fois, la simplicité d'usage, enjeu crucial pour l'adoption par les consommateurs (les marchands étant eux appâtés par les coûts réduits sur les transactions), est véritablement placée au cœur de la réflexion.