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C'est abusé !

Publié le 10 août 2008 par Pascal Boutreau

Sans titre Franchement, là c'est abusé. On arrive avec plein d'espoirs de médailles, de Marseillaise, de longs papiers pour vanter les mérites de nos cavaliers du concours complet et hop, au bout d'une journée, nous voilà déjà renvoyés dans nos écuries. Après avoir perdu Jean Teulère avant même que ça ne commence, rebelote samedi avec le forfait de Nicolas Touzaint, dix minutes avant son entrée sur le rectangle de dressage. Comme pour le cheval de Teulère, Galan est blessé à une jambe (oui oui on dit "jambe" et pas "papatte"). Nos deux leaders, débarqués à Hongkong avec l'étiquette de favori accrochée dans le dos, sont out ! C'est quand même ce qui s'appelle être noir de chez noir !

Samedi, nous attendions tranquillement le passage de Nico quand nous avons appris la nouvelle. En un fraction de seconde, nous autres les journalistes passons du mode "routine" au mode "crise". Le temps qui courait paisiblement s'accélère. On essaie d'abord de comprendre, on court partout pour ne pas manquer "le" témoignage capital, on active nos réseaux, on cherche des gens capables de nous donner des explications et dans le même temps on fait fumer le téléphone portable pour alerter (perso, j'appelle aussi  www.lequipe.fr pour qu'ils puissent réagir de suite sur le site). Même si, avec le décalage horaire, on n'a pas eu cette fois la pression de devoir envoyer la copie dans des délais très courts, l'adrénaline est au top.  Dans ces cas-là, les gentils bénévoles ont beau nous dire qu'on ne peut pas rester à tel endroit ou passer par telle porte, on s'en fout, et on fait comme on veut, ou plutôt comme on peut.

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Mais tout ça n'empêche pas d'avoir aussi une pensée pour le sportif qu'on imagine dans un drôle d'état, pour tout son entourage, pour tout son staff, pour tous ses amis restés en France et qui vont apprendre la nouvelle et avoir l'impression que le monde s'écroule. Inutile dans ces minutes d'essayer de trouver les mots pour "réconforter". Ils seraient vains. Pour avoir vécu à plusieurs reprises ce genre de situation avec des sportifs de disciplines très différentes (parfois avec certain(e)s dont j'étais devenu assez proche au fil du temps), si vous êtes sincères, les regards suffisent. Car oui, à notre niveau, ça nous fait chier aussi. Il y a bien sûr le côté pro puisque qu'un tel fiasco aura des conséquences dans le suivi de la discipline.  Et même peut-être immédiate puisqu'il est possible que je quitte Hongkong plus vite que prévu pour remonter sur Pékin. Mais il y a avant tout la dimension humaine pour des mecs qui consentent tout de même pas mal de sacrifices des années durant pour préparer "The big Rendez-vous" et qui en quelques secondes se retrouvent réduits à de simples spectateurs. Qu'il doit être terrible à lire ce "DNS" sur les feuilles de résultats. Ce "did not start" doit hanter quelques nuits... Mais bon, même si c'est facile à dire, encore une fois, tout ça n'est QUE du sport. Ne jamais oublier que ce n'est QUE du sport et que la vie ne doit pas se résumer à ça. 

Vous allez finir par croire que nous avons des "intérêts communs", mais je vous invite une nouvelle fois à aller sur le blog de Céline et de l'équipe d'Equidia. Céline y décrit parfaitement le sentiment vécu hier soir.

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Coup de gueule

Allez un petit coup de gueule olympique (je sais que vous aimez ça) avec un retour sur la grandiose cérémonie d'ouverture que j'ai vue à la télé dans ma chambre d'hôtel de Hongkong (Li Ning, notre ami gymnase, n'est sans doute pas prêt d'oublier son tour de stade suspendu à un filin et l'embrasement de la vasque...trop la classe).

Première chose purement superficielle : le mec qui a choisi la tenue de l'équipe de France mérite la prison ! Qu'est-ce que c'est moche ! Remarquez, ils n'étaient pas très nombreux à la porter cette tenue... Quelle tristesse de voir aussi peu de monde derrière le drapeau fièrement porté par Tony Estanguet (lui, même avec la tenue toute pourrie, il a la classe quand même). Oui, une cérémonie d'ouverture, c'est pénible. Oui, une cérémonie d'ouverture c'est fatiguant. Mais à un moment, ce sont quand même des sportifs de haut niveau et si ceux qui débutent leur compète dans une semaine ne sont pas capables de récupérer de cet "effort", c'est inquiétant... Perso, je suis convaincu que vivre un événement comme une cérémonie de ce type vous donne une énergie supplémentaire et une motivation encore plus grande. La plupart ont visiblement préféré rester cloîtrés dans leur chambre à se mettre une grosse pression. Dommage. Et tant pis pour eux car ce sont des moments uniques. Souvent, ceux qui abordent une grosse compétition avec la notion de plaisir réussissent mieux. On verra ce que ça donnera au moment de compter les médailles.

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De toute façon, depuis quelques années, la tendance générale du sport français est de virer dans l'isolement. Peut-être est-ce le syndrome Jacquet 98, mais le monde sportif de notre joli pays a de plus en plus tendance à se renfermer et à considérer le monde extérieur comme une menace. Le journaliste est devenu l'ennemi, celui dont il faut se méfier, celui qui vous veut du mal (photo de la zone mixte où les cavaliers sont obligés de passer après leur épreuve pour répondre aux méchants journalistes). "Vivons cachés" semble être devenu le mot d'ordre et cela dans de très nombreuses disciplines. Mais à force de vouloir s'enfermer dans sa bulle, le sport français est en train de mourir. Lentement mais sûrement. Alors bien évidemment, il y aura toujours des belles histoires. Pendant ces Jeux, un haltérophile, une joueuse de je ne sais quoi ou même Manaudou, Bernard et compagnie réussiront sans doute à nous enflammer et à masquer au moins partiellement la lente régression française. Mais en profondeur, le mal est bien présent. Le sport de haut niveau perd quelques-unes de ces valeurs comme celles de l'ouverture vers les autres et surtout du partage avec les autres. L'enrichissement ne peut exister lorsque l'on vit dans un monde fermé. Aujourd'hui, le business, les intérêts financiers ont gangrené le sport. Alors oui les sportifs ont la pression. Mais je crois qu'ils se trompent en pensant que c'est en s'enfermant qu'ils la chasseront cette pression. Au contraire, quand tout est fermé autour de vous, rien ne peut s'évacuer.  Il y a évidemment un équilibre à trouver mais cette paranoïa du monde sportif à l'égard de ceux qu'ils estiment (le verbe "mépriser" serait peut-être plus adéquat) ne pas pouvoir comprendre leur petit monde, est en train de l'affaiblir et non de le protéger contrairement à ce qu'il peut penser.

Ces Jeux olympiques pourraient bien mettre en évidence le fait que la France devient petit à petit un pays du Tiers-monde sportif. On ne va bien évidemment pas commencer à jouer les pleureuses, mais la première journée de cette quinzaine a quand même été un gros bide. Trop tôt pour "juger", je suis d'accord. Mais il est évident qu'un jour ou l'autre, les difficultés que rencontre au quotidien la base du monde sportif auront des répercussions sur le haut niveau. Certes, lui aussi semble de plus en plus délaissé par les pouvoirs publics, mais le problème, c'est qu'après des années où il a été pleinement assisté, pouvant se permettre de vivre dans son petit cocon tout moelleux, il ne sait aujourd'hui plus comment se débrouiller "seul" et aller chercher les moyens de son développement. Et si c'était encore une fois en s'ouvrant vers le monde extérieur...  


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