Franchement, là c'est abusé. On arrive avec plein d'espoirs de médailles, de Marseillaise, de longs papiers pour vanter les mérites de nos cavaliers du concours complet et hop, au bout d'une journée, nous voilà déjà renvoyés dans nos écuries. Après avoir perdu Jean Teulère avant même que ça ne commence, rebelote samedi avec le forfait de Nicolas Touzaint, dix minutes avant son entrée sur le rectangle de dressage. Comme pour le cheval de Teulère, Galan est blessé à une jambe (oui oui on dit "jambe" et pas "papatte"). Nos deux leaders, débarqués à Hongkong avec l'étiquette de favori accrochée dans le dos, sont out ! C'est quand même ce qui s'appelle être noir de chez noir !
Samedi, nous attendions tranquillement le passage de Nico quand nous avons appris la nouvelle. En un fraction de seconde, nous autres les journalistes passons du mode "routine" au mode "crise". Le temps qui courait paisiblement s'accélère. On essaie d'abord de comprendre, on court partout pour ne pas manquer "le" témoignage capital, on active nos réseaux, on cherche des gens capables de nous donner des explications et dans le même temps on fait fumer le téléphone portable pour alerter (perso, j'appelle aussi www.lequipe.fr pour qu'ils puissent réagir de suite sur le site). Même si, avec le décalage horaire, on n'a pas eu cette fois la pression de devoir envoyer la copie dans des délais très courts, l'adrénaline est au top. Dans ces cas-là, les gentils bénévoles ont beau nous dire qu'on ne peut pas rester à tel endroit ou passer par telle porte, on s'en fout, et on fait comme on veut, ou plutôt comme on peut.

Vous allez finir par croire que nous avons des "intérêts communs", mais je vous invite une nouvelle fois à aller sur le blog de Céline et de l'équipe d'Equidia. Céline y décrit parfaitement le sentiment vécu hier soir.
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Allez un petit coup de gueule olympique (je sais que vous aimez ça) avec un retour sur la grandiose cérémonie d'ouverture que j'ai vue à la télé dans ma chambre d'hôtel de Hongkong (Li Ning, notre ami gymnase, n'est sans doute pas prêt d'oublier son tour de stade suspendu à un filin et l'embrasement de la vasque...trop la classe).
Première chose purement superficielle : le mec qui a choisi la tenue de l'équipe de France mérite la prison ! Qu'est-ce que c'est moche ! Remarquez, ils n'étaient pas très nombreux à la porter cette tenue... Quelle tristesse de voir aussi peu de monde derrière le drapeau fièrement porté par Tony Estanguet (lui, même avec la tenue toute pourrie, il a la classe quand même). Oui, une cérémonie d'ouverture, c'est pénible. Oui, une cérémonie d'ouverture c'est fatiguant. Mais à un moment, ce sont quand même des sportifs de haut niveau et si ceux qui débutent leur compète dans une semaine ne sont pas capables de récupérer de cet "effort", c'est inquiétant... Perso, je suis convaincu que vivre un événement comme une cérémonie de ce type vous donne une énergie supplémentaire et une motivation encore plus grande. La plupart ont visiblement préféré rester cloîtrés dans leur chambre à se mettre une grosse pression. Dommage. Et tant pis pour eux car ce sont des moments uniques. Souvent, ceux qui abordent une grosse compétition avec la notion de plaisir réussissent mieux. On verra ce que ça donnera au moment de compter les médailles.

Ces Jeux olympiques pourraient bien mettre en évidence le fait que la France devient petit à petit un pays du Tiers-monde sportif. On ne va bien évidemment pas commencer à jouer les pleureuses, mais la première journée de cette quinzaine a quand même été un gros bide. Trop tôt pour "juger", je suis d'accord. Mais il est évident qu'un jour ou l'autre, les difficultés que rencontre au quotidien la base du monde sportif auront des répercussions sur le haut niveau. Certes, lui aussi semble de plus en plus délaissé par les pouvoirs publics, mais le problème, c'est qu'après des années où il a été pleinement assisté, pouvant se permettre de vivre dans son petit cocon tout moelleux, il ne sait aujourd'hui plus comment se débrouiller "seul" et aller chercher les moyens de son développement. Et si c'était encore une fois en s'ouvrant vers le monde extérieur...