Titre : Noir burlesque, T1
Scénariste : Enrico Marini
Dessinateur : Enrico Marini
Parution : Novembre 2021
Marini est un excellent dessinateur. Son trait élégant, parfait pour dessiner des mecs durs et des femmes fatales semblait idéal pour écrire un polar façon roman noir. C’est désormais chose faire avec « Noir burlesque » dont nous découvrons le premier tome de ce qui s’annonce comme un diptyque. Le tout est publié chez Dargaud pour près d’une centaine de pages.
Une intrigue convenue et cliché
Slick a des problèmes. Il a raté un casse et doit de l’argent à Rex, un parrain de la mafia locale. Mais Slick refuse de prendre une nouvelle mission, au risque de finir farci de pruneaux. Est-ce à cause de Caprice, son ex devenue danseuse et fiancée à Rex ?
Tout est construit de façon ultra classique. Un gros dur qui n’hésite pas à tuer. Une femme fatale traîtresse. Un parrain et ses sbires. On ne va pas se mentir : ça ne va pas très loin. À la fin du premier tome, la tentative de relancer l’intrigue tombe un peu à plat car l’intrigue n’a jamais vraiment démarré. Même si dans ce genre, l’ambiance compte presque autant que l’histoire, cela reste insuffisant pour captiver le lecteur. L’envie de lire la suite reste bien faible hélas.
« Noir burlesque », dans son propos et son dessin, rappelle le « Sin City » de Frank Miller. Le choix du noir et blanc avec des touches de rouge ne laisse pas vraiment d’hésitation sur la référence. Or, « Sin City » est plus dur, doté d’une narration forte et de personnages emblématiques. « Noir burlesque » a tout de l’hommage qui peine à trouver sa voie.
Marini est avant tout un dessinateur de génie. Son ouvrage vaut pour son dessin. C’est un véritable plaisir pour les yeux. Les personnages, les décors, tout est magnifique. Le choix du lavis à l’aquarelle est splendide. Il donne texture et volume et on a vraiment l’impression de se retrouver dans les années 50 dans ces films en noir et blanc. L’utilisation du rouge, pour la chevelure de Caprice, mais aussi pour les robes et autres accessoires fonctionne bien. C’est plus un artifice graphique qu’un apport à la narration, mais la beauté des planches parle d’elle-même.
« Noir Burlesque » déçoit. Voir passer 100 pages pour comprendre que l’histoire ne démarrera qu’au tome 2 énerve un peu. L’ouvrage doit être vu comme un hommage avant tout, un hommage où Marini se fait plaisir au dessin. Si vous aimez le trait et l’univers du dessinateur, nul doute que vous y trouverez votre compte.