Fête de la Coquille Saint-Jacques 2022 - Melissa Laveaux sur la grande scène - Saint-Quay-Portrieux sur le Port d’Armor.- le 1 mai 2022

Publié le 04 mai 2022 par Concerts-Review

Fête de la Coquille Saint-Jacques 2022 - Melissa Laveaux sur la grande scène - Saint-Quay-Portrieux sur le Port d'Armor.- le 1 mai 2022

Programme moins copieux que la veille, tu as pointé Melissa Laveaux sur la grande scène, à 14:30.

En 2019, l'autrice-compositrice-interprète, canadienne à l'époque ( née de parents haïtiens immigrés) , française aujourd'hui , était passée par La Passerelle à Saint-Brieuc où elle avait fait grosse impression.

Le line-up sur scène a légèrement évolué , ils sont quatre désormais; Mélissa au chant et à la guitare, Elise Blanchard aux claviers, à la basse et aux backing vocals ( qui a sorti un EP avec son groupe Schaar), Martin Wangermée aux drums et, pour cette tournée, Julien Cavard aux claviers, à la lead guitar, à la flûte et aux choeurs.

Ce dernier jeune homme, très demandé, a notamment participé au spectacle Starmania en 2019.

Ouverture des débats avec 'Fire next time' ,un soul pop track soyeux, présentant un léger soupçon trip hop, les sonorités fluides soutiennent la voix si particulière de la chanteuse, Elise assurant les backings derrière les claviers.

'Fire next time' fait référence à Harriet Tubman ( 1820 (?)- 1913) , l'esclave qui avait réussi à prendre fuite pour se réfugier dans un état ayant aboli l'esclavage, pour ensuite lutter farouchement pour la libération d'autres captifs, ce qui lui a valu le surnom de "Moses of her people" et une reconnaissance nationale, puisqu'en 1990 fut instauré le Harriet Tubman Day ( le 10 mars) in honor of the anti-slavery activist.

Amorce tribale pour ' Ching Shih' qui évoque la femme pirate qui terrorisa les mers de Chine au 19è siècle. Musicalement, pas question de barbarie, l'accompagnement sonore navigue entre indie et art pop soigné, avec toujours une mise en exergue du timbre ensorcelant et légèrement voilé de celle qui désormais vit à Paris.

Oui, l'album traite de grandes figures féminines, non, il ne sera pas question d'Anne de Bretagne, désolé, 'Papessa' est la 2e arcane du Tarot de Marseille, on la considère comme le reflet de notre quête intérieure.

Le morceau, imparable et poppy par ses backing vocals est porté par une basse enivrante et truffé d'arrangements subtils.

Arrière-plan de ' Gee's Bend' : "Depuis le milieu du XIXe siècle, les femmes de Gee's Bend, un hameau reculé de l'Alabama, confectionnent des courtepointes ( patchworks) remarquables par leur simplicité géométrique et leur esthétique moderne."

Phillip March Jones!

Le clip de ' Gee's Bend' montre Bebe Melkor-Kadior, militante afro-féministe, prostituée, actrice et auteure du livre ' Balance ton corps' , ici la musique offre des tonalités caribéennes, mariées à un drumming impétueux, le tout assaisonné de choeurs hantés.

Oublie Moby Dick, ' La Baleine' pourrait être ce que je suis devenue en cauchemar après une nuit agitée, plus sérieusement le titre ( chanté en anglais) est dédié aux asthmatiques et aux cétacés.

Plus sérieusement, Melissa a confié à un journaliste que le titre fait écho à la méditation conçue par Alexis Pauline Gumbs, "Undrowned : black feminist lessons from marine mammals".

une mélodieuse chanson folklorique haïtienne, chantée en créole et décorée d'une flûte insulaire, est extrait de " Radyo Siwèl ", tout comme le chaloupé et coquin 'Tolalito' ( 'Last night I had a dream, you were a bicycle and I rode you all night'. ., on espère que la bicyclette était munie du phare blanc réglementaire, les nuits sont noires sous les tropiques).

Sur la vidéo, on aperçoit la dessinatrice féministe Pénélope Bagieu qui a consacré un ouvrage aux héroïnes oubliées du féminisme, ' Culottées'.

Il n'y a pas que Nicki Minaj à se proclamer "a bad bitch", Melissa Laveaux groove à mort sur ce Half a Wizard, Half a Witch'.

"Storm Helen, Storm Caster" permet à Julien de placer quelques riffs mordants, le chant saccadé et les rythmes convulsifs doivent, peut-être, décrire l'état d'esprit des athlètes Caster Semenya et Helen Stephens ( Fulton Flash) soupçonnées d'être de sexe masculin.

Un bridge baroque et un passage en créole assouplissent quelque peu la tension, mais la violence n'est pas occultée.

Le glorieux '7 sisters' achève un captivant voyage, balançant entre rock, pop, soul et jazz.

Pour le bis, la clique revient vers l'album 'Radyo Siwèl' avec le tourbillonnant et obsédant ' Kouzen', un blue rondo créole.

Superbe concert.!