Label Charrues: Dewaere à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 29 avril 2022
NoPo - Jacques Rolland ( photos)
DEWAERE Vendredi 29 Avril 2022 Bonjour Minuit Saint-Brieuc Label Charrues (Suite et fin)
Rappel :
Le label 'charrues' a bien tracé son sillon depuis 2014 et ce, malgré les 2 dernières mauvaises saisons.
Soirée riche et gratuite (merci aux organisateurs!) où plusieurs centaines de spectateurs, sevrés de prestations live, s'émoustillent gaiement.
L'affiche :
Damien Fléau en première partie
La Battue
Dewaere
...
Dernière partie de soirée, sans avoir pu accéder au bar saturé, heureusement, voici Dewaere, des gars du cru avec le plus australien des cuisiniers costarmoricains (ou inversement) l'impayable Mr Farrington!
Sa participation à Maxwell et le Super Homard commence à faire parler de lui, mais il publie aussi un disque solo et il reste tout aussi apte à faire des chansons de Noël avec son ami Yann Olivier.
Bref! Le grand écart ne lui fait pas peur!
Julien Henry, à la guitare, et Marc Aumont, à la basse (et auparavant au chant, synthé et batterie) constituent le remarquable duo Rafale en 2008 (influence Daft Punk) muté en Menthol (2013). Ils ont pété un plomb et lancé Dewaere!
Fils du batteur des nus, Franck Richard les rejoint récemment à la batterie. Ayant déjà joué avec Rafale, Republik, Yelle, ou Octave Noire et même Dewaere en live, qui plus est, capable de jouer en apnée (!), le cogneur s'intègre naturellement.
Leur second album 'What is pop music anyway?' vient de paraitre.
Dewaere frappe comme un coup de tête ou coupe comme du verre brisé. Il s'agit d'une espèce de métal noisy en mutation, le virus originel venant de trames pops dessinées par Maxwell.
On se souvient de leur prestation volcanique en 2019 à Binic Folk Blues festival, le chanteur s'installant dans une chaise pliante de plage avant de bondir avec rage. Les sauts de cabri de Julien nous restent aussi en mémoire...
Un titre charmeur de MF (non c'est pas motherfucker!) les accueille, spontanément enchainé live par le crooner. Le béret basque, le bonnet (pas blanc) demeure australien breton.
La frappe lourde avance rectiligne et lâche parfois des déflagrations. La basse solidaire, défonce. La guitare balafre les ritournelles diaboliques.
Le géant frontman danse aussi, à sa façon décontractée, sur des morceaux... indansables, agrémentant le spectacle de quelques réparties loufoques.
Ptite blague à la Maxwell : 'Un ro(u)main entre dans un bar et commande 5 bières (en levant 2 doigts en 'V')".
Le chanteur joue l'équilibriste passant du babil enjôleur aux hurlements de folie à la limite de la rupture.
Ses mouvements, en moulinets ou ronds de jambes, s'exécutent avec des membres qui n'en font qu'à leur tête.
Maxwell "... danse un peu chinois, la chaleur dans les mouvements d'épaules, à plat comme un hiéroglyphe inca de l'opéra", Marcia Baila appréciera.
Les titres barrés et bourrins, idéaux pour le pogo, rentrent dedans instantanément. Yaka filer à Budapest en 2'30 chrono de distorsion jouissive pour s'en faire une idée.
Julien se retourne souvent vers son ampli saturé. Les riffs, plein de larsen et de hargne, ravagent l'atmosphère. Parfois dissonants comme l'attache d'une remorque frottant sur 'Get down', ils fouraillent les tripes.
Le guitariste peut s'accrocher à la colonne formée du duo Marc et Franck, en furie continuelle. Malgré les gestes casse-cous, aucune crainte de l'hernie discale!
Les nouveaux titres se posent beaucoup plus volontiers sur une couche poppy, au chant crooné iggypopien (aux intonations Ian McCulloch -Echo & the Bunnymen-, par moments), toutefois minée à la nitroglycérine.
On sent la douce patte de Maxwell susceptible de griffer. 'My Shangri-Laaa' le prouve indéniablement. Souvent, Maxwell minaude tranquillement avant de disjoncter car il a oublié son calmant.
Parfois il alterne, avec classe, grâce et emportement : 'Make it in the morning (shake it in the night!)' (ah, c'est donc ça?) au refrain accrocheur (si si!) sur une séduisante guitare hurleuse.
'Bricks' insiste et enfonce le clou avec un riff bégayant puis dérapant sur une rythmique presque autiste par instants. 'Everybody wants one now', titre incroyablement long (5'), confirme le côté stéréopsychotypé avec des 'yeyeyeyeyeye' répétés.
'Burning desire' (rien à voir avec Lana Del Rey) dérape, brûle et se consu(o)mme instantanément.
Les plages courtes (où l'on ne dore pas au soleil) s'enchainent, le répertoire quasi complet pour un set d'un peu moins d'une heure.
Sur leur terrain, l'équipe donne un concert de malades, aucun carton rouge ni jaune! Le public déchainé, danse, pogote et s'arrose de bière (ça tombe bien, on n'avait plus rien à boire!).
Un forcené tente un stage diving qui finit par atterrir laborieusement.
Maxwell fait la morale aux spectateurs : 'Faut assumer!', il est vrai que le cascadeur, sans casque, a failli s'assommer! Il aura le droit plus tard à un 'Ta gueule!' inattendu...
Les Korgis doivent se retourner dans leur tombe (ah bon, ils sont pas morts?), la version trépidante de Dewaere, reconnue et pourtant méconnaissable, déménage et arrache tout sur son passage.
Etonnamment, on se surprend à chanter en chœurs, mes voisines, devant moi, adorent.
On passe allègrement à des sonorités after punk (ils reprennent aussi The Fall) voir krautrock ('Clink and cluster').
Lemmy nous répétait : 'Si c'est trop fort, c'est que tu es trop vieux'. 'Voilà now you're old' répond un titre allongé (6') et déchirant de finesse pour une fois (bah à la fin, ils craquent un peu quand même!).
L'attitude globale du groupe est incroyable, toujours à fond sans se poser de questions.
Spontanéité, décontraction, humour, énergie sont les mamelles de Dewaere et à la vôtre!
Fiers d'être briochins!