Les trois montres ont leurs aiguilles placées sur le cinq pour celle des heures, le deux pour celle des minutes et un 6 dans la fenêtre de la date.
Le jour et l'heure: le 6 à cinq heures dix. C'est ce qu'indiquent les trois montres, sans pile, identiques, qui ont été trouvées au poignet des cadavres de trois hommes emmurés vivants dans une crypte située en dessous de la cathédrale Saint-Pierre à Genève et qui a été découverte par une équipe d'archéologues le 4 juillet 1995.
Dix ans plus tôt, Sophie Delacroix, qui allait avoir vingt ans, s'était fait agresser par les trois occupants d'une camionnette blanche, alors qu'elle faisait du stop, à l'issue d'une soirée, au milieu de la nuit du 5 au 6 juin 1985, sur la route d'Hermance à Genève. Son corps inanimé avait été retrouvé au matin sur une plage.
Y a-t-il un lien entre les deux affaires? Le lecteur ne tarde pas à le savoir. Ainsi Sophie a-t-elle un jumeau, François. Celui-ci, militaire au Tessin, a été contacté par la police qui lui a appris dans quelles circonstances sa soeur a été tuée, non sans avoir été violée préalablement par trois inconnus, ce qu'il a tu à leurs parents.
Quelque deux ans plus tard, François est contacté par un homme qui a partagé sa cellule à Champ-Dollon avec l'un des trois agresseurs de sa soeur. Il ne lui donnera le nom de son codétenu, qui lui a fait cette confidence, qu'en contre-partie du paiement d'une coquette somme, qu'il prendra sur une somme dont il a hérité.
En possession de cette information, François décide de venger sa soeur et d'apprendre de la bouche du criminel, qui doit bientôt sortir de prison, les noms de ses complices. Alors qu'il échafaude son plan de vengeance, il tombe amoureux d'Estelle, et réciproquement, si bien qu'il mène de concert vengeance et idylle amoureuse.
L'intérêt du roman de Francis Parel se trouve moins dans l'élucidation des deux affaires que dans l'exécution méticuleuse du plan imaginé par François et dans l'enquête fouillée menée par la police pour confondre les auteurs de ces deux ténébreuses affaires. Autrement dit, ce n'est pas le but qui compte, mais le chemin...
Pour la police il n'est pas question de laisser libre un justicier, quelle que soit sa cause, de lui permettre d'être à la fois procureur, juge et bourreau. Encore faut-il prouver que c'est bien le cas. Bref, jusqu'au bout, le lecteur se demande si François a commis une erreur, laquelle pourrait anéantir leur belle vie, à lui et Estelle...
Francis Richard
Le jour et l'heure, Francis Parel, 368 pages, Slatkine