LA BATTUE Vendredi 29 Avril 2022 Bonjour Minuit Saint Brieuc Label Charrues
Le label 'charrues' a bien tracé son sillon depuis 2014 et ce, malgré les 2 dernières mauvaises saisons.
Soirée riche et gratuite (merci aux organisateurs!) où plusieurs centaines de spectateurs, sevrés de prestations live, s'émoustillent gaiement.
L'affiche :
Damien Fléau en première partie
La Battue
Dewaere
Damien Fléau débarque de Saint-Malo avec son album 'Breaking Waves' qui doit beaucoup aux paysages marins.
Le pianiste, en solo pour sa première prestation live, n'oriente que la visière de sa casquette face au public. Immergé, il passe du synthé au piano avec facilité, fabriquant des sons parfois acoustiques et parfois électroniques au gré des vagues.
L'ambiance, changeante et prenante, se promène entre caresses atmosphériques et touches plus dynamiques. Nous n'assistons qu'aux 10 dernières minutes (pour une prestation totale de 30 minutes) mais les retours, autour de nous, s'entendent très positivement.
Vient ' La Battue' que nous connaissons via le net mais surtout à travers leur background.
La fratrie Eleonore et Bertrand James connaissent bien St Brieuc, ayant fait leurs premières chasses à la Citrouille (ancien patronyme de la salle des musiques actuelles) avant de la quitter vers l'Est en carrosse.
note- Un passage à Bonjour Minuit en 2019
Enfants d'un couple anglais, maman choriste de Joe Cocker, Eurythmics, Toto, papa, ingé son de Michael Jackson et Madonna (excusez du peu!) et constructeur, à ses moments perdus de steel pans (espèce de poêle que l'on frappe avec la main en percussions célestes).
Bref, ils sont tombés dans la marmite (ou la poêle) tout petits et continuent leur exploration malgré les tentatives de dissuasion des parents.
Ils suivent des chemins parallèles. Bertrand frappe chez les fascinants allumés Totorro et accompagne d'autres artistes tels que Ladylike Lily.
Ellie varie les plaisirs, au chant et clavier, avec Bumpkin Island (découvert dès 2013 lors d'un concert intimiste au Dandy Rock), Mermonte, MHA et même en solo... que du subtilement beau!
En 2018, ils rencontrent Yurie Hu, chanteuse et claviériste de YachtClub et hop, la chasse bucolique s'ouvre (un chien à casquette -celle qu'il a prêtée à Damien Fléau- figure d'ailleurs sur la 1ère pochette, animal fétiche sur leurs visuels).
La Battue, formée de végétariens sensibles à la cause animale, ne fait donc pas dans la violence mais poursuit plutôt une quête de sérénité.
Les synthés servent de fusils (signification à prendre à son origine latine 'focilis', " pierre qui produit du feu ") et la batterie déclenche et dirige les tirs. Oubliez les guitares tueuses, y'en a pas!
Les doux impacts amènent à l'amour plus qu'à l'amer malgré les embruns.
Après deux 5 titres : 'Search party' en 2020' et 'Get set, Go!' en 2021, voici leur 3è EP 3 titres 'In the Attic' (dont deux anciens morceaux jamais parus et réarrangés).
Un math-électro-synth popoétique (inspirations Grizzly Bear, Ladylike Lily-qui aime la guitare-, Bumpkin Island, certains disent Beach Boys), ça veut rien dire sauf inclassable!
La Battue commence à faire parler d'elle; les bons choix de France Inter se sont déjà portés sur le groupe pour une chronique d'Aline Afanoukoé.
Un tapis vocal accueille l'arrivée des musiciens puis un jingle futuriste au synthé prévient du décollage immédiat.
Les voix live confirment alors que ce sont bien elles qui tapissaient l'intro. 'Ca va Saint-Brieuc?' clame Yurie.
Tout le monde en pantalons et Bertrand, en chaussettes, grimace sur son rythme souvent décalé. Les filles se trémoussent ensemble d'un pied sur l'autre et d'une touche à l'autre. Magique!
Nous aurons droit à 4 nouvelles compositions, 'Caroline' en fait partie.
Cette fois, la sirène d'un bateau annonce le largage des amarres. Les choeurs, sur une légère pluie au clavier, sonnent japonisants.
Avant deux minutes, l'embarcation escalade les vagues de frappes à la batterie, poussée par un vent d'allégresse. Premier single 'Big picture' offre une vue d'ensemble de leur monde onirique.
On sent bien que l'équipe joue quasiment à la maison, les interactions avec le public sont nombreuses.
STO 9 figure sur la set list, un second nouveau morceau.
Le motif rythmique alterne finement frappes sur le cercle, caisse claire et grosse caisse, pourtant Bertrand n'en fait pas des caisses. Les synthés proposent un balancement joyeux parfois pulsé aux cymbales.
Les chants flottent aussi légèrement que le pépiement d'un oiseau. Le titre joue, à nouveau sur la notion de démarrage 'Get, set, Go!' pour un rendez-vous cocasse cette fois (sur le modèle 'La belle et le clochard' dans le premier clip).
Eleonore prône ses conseils à son frère, c'est son tour de chanter. Sa voix souffle, suave et douce et les filles n'hésitent pas à donner de la leur, aérienne, pendant que l'un des synthés produit un son répétitif.
L'autre joue alors une boucle, comme la houle, avec un effet dopant sur la batterie et le ton monte jusqu'à la coupure finale. L'histoire d'une rencontre marine '(If a) sailor, save(s) her(?)'.
2 nouvelles créations suivent, mais, difficile d'en parler, je n'ai pas pu les réécouter.
'Acrasia' mélange 2 voix d'ange sur un rythme marqué, Yurie, en embuscade, hulule. La ritournelle au synthé envoûte sans enluminures.
Au milieu, Bertrand s'interrompt et se lève pour apprécier le son; les filles emmêlent leurs voix qui se répondent dans un long passage d'une grande beauté; Bertrand applaudit à la charley puis il roule les mécaniques.
La vague finale, crescendo, trace un magnifique vague à l'âme 'I need time' (...pour apprendre de mes erreurs).
Surprise, surprise! Yurie (l'animatrice musicale en tournée!) entonne quelques notes de Céline Dion à la flûte (!), instrument récemment pris en main, mélodie reliée à joyeux anniversaire.
Bertrand, chef d'orchestre, nous invite à fêter, en chanson, les 30 ans de sa soeur (Ah, les miens sont un peu loin...).
Bien chaud, le Bertrand explique que les 2 dernières pistes seront enchainées (mais si si, il y en a bien 2!).
Intro vaporeuse enchainée à un leitmotiv, bien accrocheur, au clavier, 'Quicksand' se présente. Les voix célestes modulent et s'élèvent au ciel (en même temps, normal vu qu'elles sont célestes!).
Le synthé varie les plaisirs, appui répétitif sur une touche, montée en puissance, redescente en tourbillon.
Le chant croisé de Yurie et Eléonore file alors sur 'Attacus Atlas' soutenu par la batterie dynamique du frangin, sans fioritures mais tellement bluffante.
Un synthé joue la basse l'autre s'étourdit dans des sinusoïdes un peu folles. La mélodie virevoltante, parfois même explosive nous enivre. Quelle belle conclusion pleine d'imagination!
J'ai lu des références aux sixties, flower power et Beach Boys.
Pour ma part, je trouve le trio extrêmement moderne, à la fois inventif et précis dans ses thèmes oniriques d'une grande fraicheur communicative.
Les musiciens partagent leur plaisir par une belle complicité souriante, contagieuse au niveau du public. A découvrir sans retenue, on en sort heureux!