" L'ouvrier ne pouvait pas tenir le coup, la révolution n'avait fait qu'aggraver ses misères, c'étaient les bourgeois qui s'engraissaient depuis 89, si goulûment, qu'ils ne lui laissaient même pas le fond des plats à torcher. " p 128
Germinal suit la trajectoire de Etienne Lantier qui arrive dans la petite ville de Montsou et se fait embaucher dans les mines. Il découvre un monde âpre qui permet à peine aux familles de survivre, un monde de misère, des hommes et des femmes hantés par la faim, soumis aux familles plus riches, peu enclines à écouter "les classes inférieures". Peu à peu, la révolte gronde et s'organise.
Le roman s'inspire de la grève en 1884 des mineurs d'Anzin où se tient une grève de 12 000 miniers. Zola se documente également dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais : il interroge les mineurs et ingénieurs sur leur vie quotidienne et rencontre en particulier Émile Basly, meneur de la grève. Il dépeint alors la vie harassante des " gueules noires ", l'émergence de la classe ouvrière, la nécessité d'une lutte sociale pour plus de justice sociale. les mineurs étant juste libres de crever de faim.
" Non, sûrement, la vie n'était pas drôle. On travaillait en vraies brutes à un travail qui était la punition des galériens autrefois, on y laissait la peau plus souvent qu'à son tour, tout ça pour ne pas même avoir de la viande sur sa table, le soir. Sans doute on avait sa pâtée quand même, on mangeait, mais si peu, juste de quoi souffrir sans crever, écrasé de dettes, poursuivi comme si l'on volait son pain. Quand arrivait le dimanche, on dormait de fatigue. Les seuls plaisirs, c'était de se soûler ou de faire un enfant à sa femme ; encore la bière vous engraissait trop le ventre, et l'enfant, plus tard, se foutait de vous. Non, non, ça n'avait rien de drôle. "
Les rêves des uns et des autres forment une émulation qui permettra malgré tout, d'avancer, peu à peu, malgré des embûches et tragédies.
" Et il songeait à présent que la violence peut-être ne hâtait pas les choses. Des câbles coupés, des rails arrachés, des lampes cassées, quelle inutile besogne ! Cela valait bien la peine de galoper à trois mille, en une bande dévastatrice ! Vaguement, il devinait que la légalité, un jour, pouvait être plus terrible. Sa raison mûrissait, il avait jeté la gourme de ses rancunes. Oui, la Maheude le disait bien avec son bon sens, ce serait le grand coup : s'enrégimenter tranquillement, se connaître, se réunir en syndicats, lorsque les lois le permettraient ; puis, le matin où l'on se sentirait les coudes, où l'on se trouverait des millions de travailleurs en face de quelques milliers de fainéants, prendre le pouvoir, être les maîtres. Ah ! quel réveil de vérité et de justice ! Le dieu repu et accroupi en crèverait sur l'heure, l'idole monstrueuse, cachée au fond de son tabernacle, dans cet inconnu lointain où les misérables la nourrissaient de leur chair, sans l'avoir jamais vue. "
Et pour finir l'espoir de la renaissance, l'espoir d'un monde nouveau, chanté dans des pages magnifiques et lumineuses.
Zola lui-même dira : " Ce que j'ai voulu, c'est crier aux heureux de ce monde, à ceux qui sont les maîtres : "Prenez garde, regardez sous terre, voyez ces misérables qui travaillent et qui souffrent. Il est peut-être temps encore d'éviter les catastrophes finales. Mais hâtez-vous d'être justes, autrement, voilà le péril : la terre s'ouvrira et les nations s'engloutiront dans un des plus effroyables bouleversements de l'Histoire. "