COVID-19 : La pandémie accélère l’émergence des résistances

Publié le 01 mai 2022 par Santelog @santelog

Est-ce le résultat d’une concentration extrême des infections à l’hôpital, mais la pandémie de COVID-19 a entraîné un effet collatéral et néfaste supplémentaire, une hausse significative du taux de patients hospitalisés infectés par un agent résistant aux antibiotiques. Ainsi, cette étude américaine suggère que la pandémie de COVID-19 a pu accélérer la résistance aux antimicrobiens (RAM). Ces nouvelles données, présentées lors du Congrès de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (ECCMID 2022) et publiées dans le Lancet, soulignent l'importance de surveiller de près l'impact du COVID-19 ou de futures épidémies, sur les taux de résistance aux antimicrobiens.

L’auteur principal, le Dr Karri Bauer, du Laboratoire pharmaceutique MSD/ Merck & Co., Inc, et le Dr Vikas Gupta, de la Biotech Becton Dickinson (BD) et leurs équipes révèlent également que cette hausse des infections résistantes aux médicaments est constatée chez l’ensemble des patients hospitalisés au cours de pandémie, qu’ils aient alors été positifs ou négatifs au COVID. Ainsi, les infections nosocomiales qui représentent une préoccupation majeure depuis maintenant plusieurs décennies, présentent des taux de résistance aux antimicrobiens nettement plus élevés depuis la pandémie.

Le COVID, un facteur de RAM ?

Cette large analyse de la résistance aux antimicrobiens menée dans 271 hôpitaux américains révèle ainsi que :

  • les personnes hospitalisées pendant la pandémie, COVID-19 positives et négatives, ont présenté des taux plus élevés d'infections bactériennes résistantes aux antibiotiques par rapport aux patients hospitalisés avant la pandémie ;
  • sur la base de 1.789.458 patients admis à l'hôpital pendant la période prépandémique et 3.729.208 pendant la pandémie, le nombre de patients admis à l'hôpital avec au moins une infection RAM atteint 129.410 pendant la pandémie vs 63.263 avant la pandémie ;
  • le taux de RAM atteint 4,92 pour 100 admissions pendant vs 4,11 avant ;
  • concernant les infections nosocomiales, le taux de RAM atteint 0,86 pour 100 admissions pendant vs 0,77 avant la pandémie, ce taux atteignant 2,19 pour 100 admissions chez les patients atteints de COVID-19 ;
  • concernant les infections d'origine communautaire, le taux de RAM de 2,61 pour 100 admissions pendant la pandémie est légèrement inférieur à celui constaté avant, soit 2,76. Cette légère baisse est probablement liée aux confinements.

Quelles explications ? La pandémie de COVID-19 a posé de nombreux défis pour l'utilisation et la gestion appropriées des antibiotiques :

  • a favorisé des infections secondaires dont certaines résistantes aux antimicrobiens,
  • a très probablement induit une augmentation de l'utilisation d'antibiotiques y compris pour le traitement de certains patients COVID,  
  • a perturbé les protocoles prévention et de contrôle des infections dans des systèmes de santé débordés.

Les auteurs appellent donc à suivre cet indicateur, à mener une évaluation supplémentaire de l'impact de la pandémie sur la RAM et à analyser au mieux les retours d’expérience pour mettre en œuvre des mesures permettant de limiter la propagation des infections nosocomiales en cas de nouvelle tension sur l’hôpital.

Sources:

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Équipe de rédaction SantélogMai 1, 2022Rédaction Santé log