Plus dure sera l'ouverture...

Publié le 03 juillet 2007 par Nico2312
Puisque tout, ou presque, le contenu de son discours de politique générale avait été défloré la veille par l’Elysée, François Fillon se devait de trouver un gimmick face aux députés. Et encore une fois c’est le président de la République qui le lui a fourni grâce à un mot magique : "l'ouverture".
Le moins que l’on puisse dire c’est que le Premier ministre de s’est pas privé de l’utiliser. Ainsi selon lui, "l'ouverture" prônée par Nicolas Sarkozy est "plus qu'une affaire gouvernementale. C'est un nouvel état d'esprit. C'est une autre façon de penser la démocratie". Mieux, il voit en "ce gouvernement d'ouverture, au sein duquel émergent de nouveaux visages qui incarnent la diversité française, qui associe des personnalités aux sensibilités différentes, l'amorce d'une mutation politique". Ne renonçant devant aucune forme de lyrisme, François Fillon va même jusqu’à affirmer que "l'ouverture fournit une opportunité de se détacher des postures idéologiques et des réflexes claniques. De rassembler la France en enjambant les clivages". Le Premier ministre s'est également permis de critiquer implicitement tous ses prédécesseurs (quoi de plus normal quand on sait la haine qu’il voue notamment à Dominique de Villepin) en assurant aux députés, qu'il leur "devait la vérité parce qu'elle est au coeur de la rupture".
A propos de vérité, s’il ne peut pour le moment pas compter sur l’opposition pour lui répondre, tant le PS est empêtré dans sa guéguerre de succession et les envies de certains de regoûter au parfum sucré du pouvoir en succombant justement à l’ouverture sarkozienne (Hubert Védrine si tu nous entend…), François Fillon s’est fait rappeler ses quatre vérités par… un député UMP, Lionnel Luca. Lors d’une réunion du groupe UMP, ce dernier a fort opportunément expliqué au Premier ministre qu’"il ne faut pas oublier de parler aux électeurs de droite", sous-entendant ainsi qu’il ne faut pas non plus oublier de remercier les élus de droite par un petit maroquin de temps à autre, avant de les offrir à des adversaires politiques (même si certains semblent avoir troqué leurs dents d’opposant pour une langue bien rappeuse de courtisan…). Et Lionnel Luca de conclure son intervention, sous les applaudissements d’une partie des députés UMP par une superbe démonstration de lucidité : "comme s’il n'y a pas que des cons chez nous!"
Toujours prêt à donner le coup de pied de l’âne à François Fillon, qui n’a rien trouver de mieux à répondre qu’une paraphrase du général de Gaulle : "gouverner avec une fraction est une faute impardonnable" (comme rupture on a connu mieux…), le président du groupe UMP, Jean-François Copé ne s’est pas privé de préciser que "les réunions de groupe, c'est fait pour se dire les choses car ce qu'a évoqué Lionnel Luca, c'est ce que pensent un certain nombre de nos collègues".
Définitivement, avec une telle majorité, François Fillon n’a pas besoin d’opposition…