Ces nouvelles preuves, apportées par une équipe de biologistes de l’Université de l'Alberta, par l’intermédiaire d’une approche métabolique, suggèrent que le cancer n'est pas aussi « purement » génétique qu'on le pensait et comporte également des composante environnementale et métabolique majeures. Ce nouveau paradigme, plus holistique, décrit la maladie comme beaucoup plus évitable, plus facile à comprendre et finalement plus traitable. En d’autres termes, une grande partie de ses facteurs déterminants pourraient être évités, notamment par l’adoption d’un mode de vie sain.
Il s’agit d’une revue de la littérature portant sur le développement du cancer, menée par l’équipe du Dr David Wishart de l’Université de l'Alberta. L’analyse des preuves existantes issues de la recherche génétique, environnementale et métabolique offre une nouvelle vue d'ensemble qui va aider le public à mieux prévenir la maladie et les scientifiques et les médecins à mieux comprendre et traiter la maladie.
La génétique n’est qu’une petite pièce du puzzle
Si on sait que la génétique n’est pas la seule composante du risque de cancer, ici, l’équipe canadienne, avec cette approche holistique, prend en compte, à leur juste mesure, les facteurs environnementaux et métaboliques.
Les scientifiques reviennent sur les grandes théories de la recherche sur les facteurs ou causes documentées durant ces dernières décennies :
Le cancer, une maladie majoritairement « génétique » ;
- Le cancer, une maladie majoritairement environnementale, l'exposome reflétant nos différentes expositions à ces facteurs, tout au long de la vie ;
- Le cancer, en tant que maladie métabolique, le métabolome, ou l’ensemble des sous-produits chimiques du processus du métabolisme apportant une vision des anomalies métaboliques.
L’approche métabolique n'a pas fait l'objet de beaucoup de recherches jusqu'à présent et elle suscite ces dernières années, un intérêt croissant des scientifiques, dont cette équipe de l’Alberta. La vision d’ensemble ou holistique est censée combiner ces 3 approches différentes. Ainsi, le génome, l'exposome et le métabolome fonctionnent ensemble dans une boucle de rétroaction au cours du développement et de la propagation du cancer. L’analyse des données révèle que :
- les cancers héréditaires ne représentent que 5 à 10 % de tous les cancers ;
- 90 à 95 % restants apparaissent initiés par des facteurs de l'exposome, qui à leur tour déclenchent des mutations génétiques.
- « Cela suggère donc que le cancer n'est pas inévitable ».
- Le métabolome est essentiel au processus, car ces cellules cancéreuses génétiquement mutées sont soutenues par le métabolome spécifique du cancer. Le cancer a bien une composante génétique, mais souvent la mutation elle-même ne suffit pas : au fur et à mesure que le cancer se développe et se propage dans le corps, il crée son propre environnement et introduit certains métabolites.
«Le cancer devient vite une maladie qui s’auto-alimente,
le cancer devient alors un « trouble métabolique » ».
Adopter une une perspective « multiomique » : cette analyse de la littérature appelle ainsi à une perspective « multiomique », dans laquelle le génome, l'exposome et le métabolome sont considérés simultanément lors de l’étude, l’évaluation, le traitement et le suivi clinique des cancers.
Aujourd’hui, la plupart des équipes cliniques se concentrent uniquement sur la perspective génétique en cherchant à traiter des mutations particulières. Le problème est qu'environ 1.000 gènes peuvent devenir cancérigènes lorsqu'ils subissent une mutation, et il faut généralement au moins 2 mutations différentes dans ces cellules pour que le cancer se développe. Cela signifie qu'il existe un million de paires de mutations potentielles qui ne peuvent être toutes ciblées par de nouveaux traitements.
La perspective métabolique n’inclut « que » 4 principaux types métaboliques dont l’identification chez le patient atteint de cancer peut immédiatement guider les médecins dans le choix thérapeutique.
Ainsi, cette analyse de la littérature est en faveur d’une perspective « globale », aussi bien au niveau de la recherche que de la prise en charge clinique des cancers. Une compréhension plus approfondie du métabolome et de son rôle au cours de la progression des cancers apparait aujourd’hui essentielle pour prévenir et traiter la maladie.
« D’autant que déjà en termes de prévention, la modification de notre métabolisme par des ajustements de mode de vie peut faire une énorme différence dans l'incidence du cancer ».
Source: Metabolites Feb, 2022 DOI: 10.3390/metabo12020154 Metabolomics and the Multi-Omics View of Cancer
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