Les dix mille portes de January par Alix E. Harrow (Masse Critique Babelio)

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été choisie lors d’une opération Masse Critique Babelio et je suis contente d’avoir été sélectionnée une nouvelle fois. Je remercie donc Babelio de nous permettre de découvrir des romans et Hachette pour l’envoi des Dix mille portes de January.

Pitch de départ :

Un voyage aux confins des mondes, une aventure fantastique, entre Terremer et À la Croisée des mondes.
Selon January Ruddy, il n’y a qu’une façon de s’échapper de sa propre histoire : c’est de se faufiler dans celle de quelqu’un d’autre…grâce à une des Dix Milles Portes…
Pénétrez, vous aussi, dans le monde magique de l’Ecrit… où certaines paroles tracées ont le pouvoir de modifier le réel, alors que le Mal qui ferme les Portes une à une est sur vos talons…
Attention, la magie vient toujours avec un prix…

Détails techniques :

Auteure : Alix E. Harrow

Editeur : Hachette – Le Rayon Imaginaire

Pages : 480 pages

Date de sortie : 13 octobre 2021

Mon avis :

Je ne sais que penser de cette lecture, j’ai passé un très bon moment de lecture et pour autant, je ne me suis pas sentie transportée.
Je vais commencer par le positif : la plume. Quelle superbe écriture vraiment ! Je me suis délectée de chaque mot, de chaque phrase. Ce fut un réel plaisir que d’avoir une telle qualité littéraire et rédactionnelle. On sent l’important travail de recherche de l’auteure, on sent son imagination débordante. Cette façon de personnifier les lettres de certains mots : le P de porte, le S de seuil, le F de famille et d’autres, vraiment en amoureuse des mots et de l’orthographe, j’ai adoré. C’était original et ingénieux. Je crois que l’écriture et la narration sont les deux plus grandes qualités de ce roman.

En effet, l’histoire en elle-même est lente, très lente, malgré tout, la qualité de la plume nous fait tourner les pages. Compte tenu des près de 500 pages, le challenge était de taille pour ne pas rebuter le lecteur, et il est réussi.

L’histoire, les thèmes abordés (le racisme, la condition de la femme entre autres) la référence mythologie (puisque c’est la mode du moment) au dieu Janus (dieu du passage et des portes) sont très intéressants et bien traités. Le sujet des portes entre les mondes, les univers, les peuples, les cités est bien exploité et de façon complète. J’ai trouvé dommage que tous les moments forts soient concentrés dans le dernier tiers du roman.

January, le personnage principal, nous raconte sa vie. Nous avons une sorte de biographie inversée et romancée. Nous partons de ses sept ans jusqu’à ses dix-neuf. Nous traversons douze années de sa vie. Or, les portes et les endroits où elles mènent ne viennent vraiment qu’à la moitié du récit. Je n’ai pas réussi à adhérer totalement au personnage de January. C’est une jeune fille à laquelle on peut s’attacher car elle est touchante, bienveillante et sensible. Son enfance est dure et solitaire. Lorsqu’elle prend la décision de s’affirmer, de s’opposer à cette soumission forcée que lui impose Monsieur Locke, l’homme auquel son père l’a confiée pendant qu’il effectue des missions pour lui, on attend d’elle un peu plus d’aplomb. Or, j’ai trouvé son attitude trop pleurnicharde. Elle se dit téméraire mais manque cruellement de courage. Elle se décourage trop vite à mon sens et n’est pas assez active. Ce n’est là qu’un jugement tout personnel.

De même, January a une capacité unique et hors norme qui pourrait donner une autre dimension à cette histoire et qui pour le coup aurait pu ouvrir encore plus de portes, encore plus de possibilités. Or, cette capacité n’est que peu utilisée et ne l’est que sur la fin. De même, ce don qu’elle a n’est pas assez expliqué, il reste des zones d’ombre.

Mon ressenti reste positif cependant car j’ai été vraiment charmée par cette plume, ce style, cette magie dans l’écriture, cette manière unique de tourner les phrases et la poésie qui s’en dégageait. Je pense que c’est un roman qui devrait être lu à voix haute pour savourer la rondeur de certains mots, et pour profiter pleinement du voyage auquel nous invite l’auteur.

PS : la couverture était très jolie. Dommage qu’elle se soit désagrégée en paillettes sur mes doigts pendant ma lecture…

Lucie